Le vent souffle, il s'engouffre dans la tanière d'un couple de loups Hikari. Les feuilles mortes s'envolent dans un ballet envoûtant. Cependant, elles semblent passer inaperçues toutes ces jolies demoiselles, car dans cette tanière, un miracle s'est accompli durant la nuit: deux louveteaux ont vu le jour aux côtés d'une mère d'un blanc immaculé. Le père regarde avec amour les deux boules de poils, il vient ensuite poser un coup de langue affectif à sa compagne.

Deux mois sont passés, deux longs mois durant lesquels les parents ont eu la plus grande difficulté à surveiller les petits, ceux-ci se montrant particulièrement actif dés qu'il s'agissait de sortir de la tanière. Une boule blanche semblable à la mère en tous points semble plus timide que l'autre, plus chétive. La bicolore quant à elle, est plus du genre à partir à l'aventure, mais elle semble veiller inlassablement sur sa plus jeune sœur.

Huit s'écoulent, les deux femelles ont bien grandi, elles ont partagé d'innombrables aventures, elles ont été présenté à l'Alpha Hikari, ont été accepté. Avec le temps, Khaelys s'est révélée une des meilleures apprenties pour le rang de guérisseur. Elle s'entraînait sans répit, demandant sans arrêt à son mentor, de lui répéter ce qu'elle devait retenir et très vite, les efforts payèrent, car elle termina première sur toutes les épreuves que lui imposaient son apprentissage. Sa sœur, quant à elle, devint une formidable espionne, marchant toujours dans l'ombre de sa sœur.
C'est alors qu'elle le vît, quand son regard croisa le sien pour la première fois, elle ne sût dire s'il l'avait réellement remarqué, car elle détourna la tête un instant plus tard. La puissance qu'il dégageait l'avait transpercé, mais sa voix se tût, son esprit préféra se convaincre en silence.

Environ six mois s'écoulèrent encore, la demoiselle avait alors un an et six mois. Il se retrouva sous ses pattes, afin qu'elle l'aide à guérir de ses blessures, un sourire se dessina sur sa gueule alors que ses yeux riaient d'eux-mêmes. Elle avait passé des mois à le regarder en silence, quand celui-ci passait non loin de sa tanière, elle espérait silencieusement qu'il vienne la rejoindre un jour, mais quand elle le voyait, il n'était jamais seul. Alors elle avait abandonné. Mais sitôt que son regard croisa réellement son propre regard, pour la première fois, elle comprit: elle ne le laisserait plus jamais partir.

Jamais.

Un an et demi s'écoule, la belle a alors trois ans. Cela fait maintenant un peu plus d'une année qu'elle s'est enfin retrouvée auprès de celui qu'elle avait aimé depuis le premier jour. Il était venu, un jour, tentant de lui parler comme aucun loup ne l'avait fait auparavant et quand il lui proposa de faire un tour... Elle le suivit aussitôt. Son regard avait alors à nouveau croisé le sien et cette alchimie qu'elle avait ressenti était revenue, comme perdue sur une route déserte, attendant le bon moment pour retrouver son chemin. Et ce chemin, c'était le sien.
Plusieurs fois l'on essaya de les séparer mais aucun ne réussit un tel exploit. Une fois réunis, leurs esprits ne formaient plus qu'un contre l'adversité, alors, envers et contre tous, ils n'abandonneraient jamais leur rêve commun. Le couple peut surprendre, mais le destin a décidé de leur sort, peu importe ce que l'on pense, elle combattrait tous ceux qui s'opposeraient aux idéaux de son compagnon.

Il y a de cela six mois, le plus beau des cadeaux avaient décidé de s'offrir aux deux Hikari: la première portée du couple allait enfin arriver. Plus le ventre grossissait et plus l'attente était longue. Il ne restait que quelques semaines et l'heureux événement allait arriver, ils ne tenaient plus en place.

Puis, ce jour maudit arriva, nous ne parlons pas de celui de la naissance... Mais bien de celui de la prise de pouvoir des Akatsuki, car lors d'une chasse en solitaire qu'elle avait tenu à faire, Khaelys tomba face à deux mercenaires appartenant à la nouvelle meute. Elle se défendit, comme elle le put. Mais plus l'on battait la femelle, moins elle pouvait résister, car la gestation la fatiguait grandement. Elle hurla à son amour que la douleur était trop grande. C'est ainsi qu'on la laissa pour morte, baignant dans son propre sang.

Quand elle ouvrit les yeux, quelques jours plus tard, elle vit d'abord flou pendant plusieurs heures, respira avec difficulté car les douleurs lui coupaient le souffle. Elle ne bougea pas, elle en était incapable et elle le savait très bien. Quand elle sentit une odeur qu'elle connaissait autour d'elle, elle se contenta d'attendre, car elle savait avec qui elle était: ce n'était pas un ennemi, du moins le pensait-elle.
Quelques minutes passèrent encore, une bonne dizaine semble-t-il, elle entendit du bruit et elle tourna la tête dans la direction en question, cela lui arracha un grognement de douleur et elle referma les yeux par réflexe. Le guérisseur s'enquit de son état, lui fit ouvrir les yeux et observa. Le monde semblait comme altéré, le côté droit était flou, mais le gauche semblait bien plus sombre, comme si la lumière s'était éteinte. Mais ce qui l'inquiéta bien plus que ses yeux ou encore que la douleur à son postérieur, ce fut l'absence de poids dans son ventre.

C'est à ce moment qu'elle se releva, malgré la douleur déchirante dans sa patte arrière et les mots réprobateurs du guérisseur, elle devait savoir ! Quand elle comprit, les larmes coulèrent rapidement sur son museau pour allées s'écraser au sol: elle les avait perdu. Elle ferma alors les yeux, se sentant plus seule que jamais dans ce monde sans pitié.

Il revint vers elle peu de temps après, cherchant à la retrouver, mais ce fut peine perdue pendant un certain temps, peut-être un mois, on ne saurait dire. Son compagnon lui parlait de ses projets, de tout ce qu'il voulait entreprendre, de cette louve qui était malade et qui...

Elle avait perdu la vie. Laissant son enfant seule.

Khaelys lui dit de lui emmener voir la petite. Ce qu'il fit, malgré les boiteries de sa compagne qu'il ne pouvait pas réellement aider. Quand son unique œil valide croisa le regard de la petite qui ne demandait qu'à être aimée, elle ne put s'empêcher de s'approcher d'elle et de lui lécher le front. Elle se mit à pleurer, laissant une eau salée sur le pelage du louveteau.

« - Dis, pourquoi tu pleures ?
- C'est parce que maman est heureuse. »

La vie lui souriait enfin, alors elle lui rendrait ce sourire.