L’espionnage est un travail à plein temps et je suis oh combien consciente de son importance pour la meute. Néanmoins, il arrive un moment où une autre activité devient essentielle : La chasse. Je ne suis pas chasseuse, mon travail n’est pas d’apporter des vivres à la meute pour nourrir les petits, les anciens… Mon travail se résume à me nourrir moi-même et c’est déjà pas mal. Je rapporte ce que je peux rapporter quand je suis assez prêt de la meute mais, souvent, je me contente d’attraper un lapin et de le manger. Point final.

En même temps, quand on passe le plus clair de son temps en terrain neutre, on ne va pas rentrer à la meute rapporter un morceau de gibier pour ensuite passer des heures à faire partir l’odeur de sa famille. Pour un espion, ce serait idiot.

Néanmoins, aucun jour ne se ressemble et il m’arrive d’avoir l’occasion de rapporter du gibier chez les Akatsuki.

En pause, en vacances, en repos, tant de mots qui expliquent ce que je suis en train de vivre actuellement. Mon père m’a presque obligé à m’arrêter quelques jours à la tanière avant de repartir en terrain neutre. Soit, profitons-en pour chasser un peu. D’habitude je chasse pour me nourrir mais dans ces moments-là c’est plus un passe-temps. Un moyen pour moi de ne pas perdre la main et, occasionnellement, d’aider un peu la meute même dans une période où je ne suis pas sensée le faire.

Après un certain temps de marche, je ne trouve toujours aucun animal. A croire que je leur fais peur. Ce qui est sans doute vrai. En plus de ça, avec ma fourrure blanche, je suis comme un phare dans cette forêt. Les animaux s’enfuient à mon passage et, au fond, ils ont bien raison. Ce n’est pas grave. Je n’ai pas particulièrement faim de toute façon. Peut-être devrais-je prendre l’apparence d’Ikhaïl la prochaine fois ?

Le lendemain de ma chasse bredouille, je décide de tenter une petite expérience. Je vais essayer de prendre l’apparence de mon frère jumeau, beaucoup plus discret, physiquement, que moi.

Je me concentre sur mon pouvoir mais ne ressent pas la sensation habituelle. Mon poil change légèrement de couleur mais sans plus. Je dois être fatiguée. Bon ce n’est pas grave, reprenons la bonne vieille méthode.

Je me promène un peu dans les bois de notre territoire avant d’entendre un son familier. Un lapin. Leurs petits bonds sont facilement reconnaissables quand on a l’habitude. Encore plus quand ils sautent dans de beaux tas de feuilles.

Utilisant mon odorat, je repère rapidement l’animal et me mets en position, me faisant la plus petite possible. Du moins, aussi petite que mon gabarit le permet.

Dès que je considère que je suis prête, je saute sur l’animal qui m’esquive avec une rapidité déconcertante. Je le poursuit un peu avant qu’il n’aille se planquer dans un trou qui doit être son terrier. Décidément, je ne suis pas très douée aujourd’hui. Papa doit avoir raison. J’ai besoin de sommeil…

Dans quelques heures, je pars pour le territoire neutre. Je ne sais pas encore combien de temps exactement va durer cette mission mais, ce qui est sûr, c’est que je vais devoir passer par l’étape « vagabondage ». Pour ça, il faut que je perde l’odeur des membres de la meute. Quelques jours parmi eux a suffit pour que mon odeur change totalement. Mais bon, c’est toujours le cas, rien de nouveau sous le soleil.

Pour retrouver mon odeur de vagabonds, ce n’est pas forcément très compliqué. Il suffit de marcher dans les bois pendant plusieurs heures. De préférence dans des endroits où ne se baladent pas trop les membres de la meute.

Peut-être que je pourrais attraper un petit animal au passage. C’est toujours plus intéressant de marcher tout en chassant.

Après quelques heures, je n’ai rencontré aucune proie intéressante. Tant pis, je chasserai plus tard. Je n’ai pas particulièrement faim de toute façon.

Ces temps-ci, je n'ai pas eu beaucoup de chance avec la chasse. Bien sûr, je réussi à me nourrir dès que je suis sur le territoire neutre mais quand je suis assez proche de la meute pour pouvoir rapporter du gibier, les animaux me glissent entre les pattes. Pourtant la zone est giboyeuse...

Aujourd'hui, je compte passer ma journée à chasser. Je chasserai tellement que Ikhaïl me demandera pourquoi je n'arrête pas de faire des aller-retour entre le bois et la tanière ! Le garde-manger va se remplir où je ne m'appelle plus Lumen !

En plein dans mes rêves de grandeur, j'entends à peine un petit bruissement de feuillage sur ma droite. Une tâche rousse saute de branche en branche comme si je n'était pas là. C'est qu'il me nargue cet écureuil ! Pourtant, tu devrais faire attention. La Lumen qui rentrait bredouille de la chasse n'est plus.

J'attends sagement que l'écureuil se rapproche suffisamment de moi et, d'un bond, l'attrape dans ma mâchoire et lui brise la nuque. Voilà qui est fait. Il n'y a plus qu'à rentrer à la meute le déposer et retourner chercher une proie un peu plus conséquente.

Après être allée voir Tomoe je décide d’aller me balader dans les bois, prêt de sa tanière. Je n’ai pas envie de rentrer tout de suite.

La tanière de notre guérisseuse est entourée par une jolie étendue d’eau et j’ai bien envie de m’en approcher. Il fait beau et le soleil se reflète joliment sur la surface d’azur. Avec un peu de chance je vais pouvoir pêcher quelques poissons.

Une fois prêt de l’eau, je me laisse aller à la contenplation de la surface liquide et des poissons qui nagent paisiblement en dessous. Je donne quelques coups de patte mais n’attrape rien. Je fini par abandonner et me relever. Cette journée est trop belle pour s’énerver à cause de poissons.

J’ai l’impression que ces temps-ci sont troublés. J’aimerai croire que ce n’est que moi mais je vois bien que mon père est aussi inquiet. Entre l’histoire avec Xilven, l’exclusion d’Habis et ce que m’a rapporté Shimera, j’ai l’impression que les Akatsuki sont de moins en moins solidaires et ça m’inquiète.

A cause de ça, je suis bien heureuse de passer du temps en dehors de la tanière, là où tous ces problèmes sont loin de moi. Je suis heureuse et ça m’effraie. Je ne devrais pas être heureuse d’être loin de chez moi.

Mes « pauses chasse » se font de plus en plus nombreuses. Elles me permettent de ne pas rester dans la tanière quand je suis dans le territoire de la meute. Aujourd’hui, je suis bien décidée à rester aussi longtemps que possible pour ramener du gibier. Autant que je peux en porter.

À peine deux heures plus tard, c’est chargée de deux lièvres que j’arrive à la meute. Je les dépose dans le garde-manger et ressors aussitôt. Je ne suis pas encore assez fatiguée pour me reposer. Et si j’allais trouver Shimera ?

– Tu te rends compte que je suis un chasseur médiocre n’est-ce-pas ?

Je ris à la remarque de mon frère.

– Parce que je suis sensée être douée moi ? Je passe plus de temps à me balader en forêt qu’à ramener du gibier.

C’est on ne peut plus vrai. Je suis loin d’être une excellente chasseuse mais, étonnement, j’aime bien sortir chasser. Ça me détend. Quand je suis dans le territoire de la meute, je n’ai pas besoin d’être quelqu’un d’autre et ça me fait plaisir.

– D’ailleurs, personne ne compte sur nous pour ramener quelque chose, Ikhaïl. Tu n’as pas de pression à avoir.
– Bizarrement, je ne sais pas si ce que tu dis me fait plaisir ou non.

Il est vrai que les derniers enfants des alphas ne sont pas connus pour leur talent en chasse. Voilà pourquoi Ikhaïl est guérisseur et que je suis espionne. Je dois cependant savoir chasser pour me nourrir en terrain neutre.

Une heure plus tard, c’est bredouille que nous revenons à la meute. On s’est cependant bien amusé à se balader dans le bois des damnés.

- Lumen. Lumen. Lumen !

J'ai beau essayé de faire semblant de ne pas entendre les appels de mon frère, il semble déterminé et me réveiller.

J'ouvre donc les yeux et croise le regard violet d'Ikhaïl.

- Que puis-je faire pour toi Ik ?

Mon frère semble alors seulement comprendre que j'aurais préféré rester couché.

- Euh, je suis désolé de te déranger mais j'aurai besoin de ton aide pour un patient... Il n'arrive à pas à se lever et...
- Et tu n'arrive pas à le porter.

Ikhaïl baisse la tête et sors de la tanière. Je le suis en soupirant. Mon frère est un bon guérisseur mais niveau force physique, on repassera. Mais bon, je ne vais pas abandonner le patient, ni mon jumeau d'ailleurs.

Allez, au travail Lumen.

A la base, j'avais prévu d'aller me balader un peu en forêt et peut être ramener quelques petites proies mais les petits de la meute ne l'ont pas vu de cet oeil là.

- Princesse Lumen ! Princesse Lumen ! Qu'est ce que vous faites ?

La chasse sera pour un autre jour on dirai. Mais bon, ce n'est pas grave. Ils sont tellement adorables, comment résister.

- Je me balade. Et vous mes petits ?

Ils ne répondent pas mais semblent tout heureux. C'est mignon, je ne pensais pas faire autant d'effet aux plus jeunes de la meute.

J'ai donc continué ma balade tout en parlant avec les louveteaux. Je ne suis pas souvent à la tanière, autant en profiter.

L’hiver est proche, le froid se fait sentir. Tout le monde est débordé à la tanière. Pourquoi ne suis-je pas en territoire neutre alors ? Parce que je suis toujours de repos. Le mauvais temps demande à ce que plus de loups soient présents et les espions ont donc choisi de se relayer en territoire neutre.

Mon travail du jour : Occuper les louveteaux pendant l’absence de leurs parents.

Pour cela rien de plus simple : Leur proposer un jeu. J’ai choisi celui que je préférai étant petite : Le cache-cache.

Évidemment, dans la partie, je ne suis pas celle qui se cache mais chercher ces petites boules de fourrure m’amuse tout autant qu’eux.

Après plusieurs heures de jeu, leurs parents et nourrices rentrent finalement de la chasse, de leurs patrouilles… Je dis alors au revoir à mes compagnons du jour qui courent vers leurs parents pour leur raconter leur journée. Je ne me souviens pas que j’avais autant d’énergie étant petite.

La chasse au lièvre : Épisode 1

« Lumen est bien mignonne mais heureusement qu’on ne compte pas sur elle pour chasser. »
« Notre princesse est une excellente espionne, ça rattrape le manque de gibier qu’elle rapporte. »
« Franchement, heureusement qu’elle ne voulait pas devenir chasseuse, elle aurait vite déchanté la pauvre. »

Je ne vais pas vous le cacher, tout ce qu’on dit sur moi est vrai : Je suis nulle en chasse. Je rapporte un petit truc de temps en temps mais mon faible nombre de proies sert surtout à me nourrir quand je suis en terrain neutre. Pas étonnant qu’Ikhaïl veulent m’ausculter à chaque fois que je rentre. Il veut vérifier que je ne suis pas en sous-nutrition.

Mais aujourd’hui, ça ne se passera pas comme ça. Je jure que je ramènerai du gibier. On ne me regardera pas avec pitié. Pas encore.

La chasse au lièvre : Épisode 2

C’est ainsi que j’ai quitté la tanière ce matin en direction du terrier de lapin le plus proche. Je ne compte pas me surestimer et essayer de chasser une proie en dehors de ma portée. Je n’en suis pas non plus à essayer d’attraper des insectes comme les louveteaux. Peu importe le temps que ça va me prendre, je rentrerai à la tanière avec un lapin dans la gueule.

Quelques petites minutes de marche plus tard, j’aperçois le trou. Ce qui est bien avec les lapins, c’est qu’ils déplacent rarement leur terrier. Ils font beaucoup de petits ce qui nous permet de connaître les terriers de la zone.

Je marche doucement, faisant le moins de bruit possible et me poste à côté du terrier, attendant patiemment qu’un lapin sorte de là.

Ma patience est finalement récompensée quand une petite boule de poils grises sort du trou en sautant. Immédiatement, je saute vers l’avant et claque des dents. Et voilà, rappelez-vous de ça, la princesse sait chasser.