La soif d'aventure, voilà ce qui poussait chaque jour Aïshala à se balader, à visiter et à découvrir des terres et des lieux qui lui étaient encore inconnus, et qui étaient peut-être encore inconnu de tous ! Elle aimait se dire qu'elle visitait des territoires qu'un loup n'avait peut-être jamais foulé, et qu'elle y découvrirait un havre de paix, remplis de points d'eaux et de proies faciles, où elle pourrait écouler le restant de sa vie sous les rayons frais du soleil. Elle avait presque trouvé ce coin parfait, sur les terres de l'ouest, mais ce n'était pas encore suffisant.

Aujourd'hui, elle était plutôt dans le centre du territoire. Au loin, elle avait l'impression de distinguer une grotte dans le flan de la montagne. Curieuse, elle se décida à aller visiter, si bien sûr la chose était possible. S'enfonçant dans la noirceur des lieux, elle prit soin d'avancer à petits pas pour ne pas glisser sur le sol froid et humide de la caverne qui descendait raide vers les profondeurs du monde. Allait-elle atteindre le centre de la terre en continuant de descendre ainsi ? Que se passerait-il si elle perdait pied, combien de temps glisserait-elle dans cette noirceur avant de toucher le fond ?

Elle eut bientôt la réponse à toute ses questions. Au creux de ses oreilles, le doux bruit de l'eau venait lui chuchoter de descendre encore plus pour soulager sa soif. Plus elle avançait, plus le bruit était fort, jusqu'à ce qu'elle débouche dans une caverne à haut plafond, parcourut par un long filet d'eau dont le bruit résonnait aussi fort qu'une rivière dans cet espace confiné. Elle aurait apprécié profiter d'avantage du paysage, mais un grondement sinistre se fit entendre dans la caverne. Son regard se posa une silhouette dont elle n'avait pas repéré l'existence en arrivant, et pourtant ce n'aurait pas du être compliqué.

Devant ses yeux se dressait une louve entièrement blanche, qui la toisait en lui grondant dessus. Le plus étrange n'était pas cette soudaine agressivité injustifiée mais le serpent qui était enroulé autour d'elle et qui semblait la fixer avec la même animosité. Aïshala arqua un sourcil, regardant tour à tour le serpent et la louve avec un air mi - surprit, mi - dégouté.

- Euh, t'inquiète pas, commença-t-elle sur un ton un peu dégouté, j'ai pas l'intention de faire un plan à trois avec toi et ton serpent, c'est beaucoup trop chelou pour moi.

Suite à ça, elle s'avança à petit pas vers le filet d'eau, passant de la louve blanche sans la quitter des yeux pour autant. Elle adoptait un comportement agressif, il était donc fortement déconseillé de lui tourner le dos. La gardant toujours à l'œil, la louve noire baissa la tête pour venir laper l'eau glacial qui coulait dans la montagne. Cette fraîcheur apaisait la chaleur de son corps et la sensation d'avoir la langue sèche. Après avoir bu quelques lampées, elle redressa la tête, fixant toujours l'inconnue de son regard ambré qui jugeait autant le serpent que l'étrangère.

- Et sinon, t'es qui ? Demanda-t-elle sur un ton bourru, sa mère ne lui ayant pas inculqué la moindre notion de politesse.

Après avoir posé sa question, Aishala rabaissa sa tête pour venir récupérer encore quelques gorgées de cette eau si pure. Le fait qu'elle sorte tous droit de la montagne, qu'elle n'ai peut être encore jamais vu la surface de la terre, lui donnait un goût de minéraux très agréable et très frais, qui était souvent camouflé dans les rivières par le goût de terres ou de boue. En revanche, elle ne voyait dans l'eau aucun poisson, ce qui malheureusement était aussi fondamentale que le fait de boire.

La louve blanche lâcha un rire qui fit hausser un sourcil à la louve noire. Visiblement, cette lupine avait mal digéré sa question, comme si cela devait être une évidence, comme si tous le monde devait la connaître. Alors, Aishala la regarda avec attention, essayant de se souvenir de si elle l'avait déjà rencontré, si elle lui rappelait quelqu'un...

Mhm... Non. Pour elle, ce n'était personne en particulier. Puis, lorsque la louve blanche prit la parole dans l'intention de la remettre à sa place, Aishala comprit à quel genre de loup elle avait affaire... Une louve stupide.

« Tu es si ignorante pour ne pas reconnaître un canidé provenant de la meute Yuubae. »

Aishala marqua une pause, la jugeant des pieds à la tête, attendant de voir si elle était sérieuse ou si elle tentait une blague pour détendre l'atmosphère. Mais devant son sérieux, elle ne pu que pouffer d'un rire mal à l'aise, se redressant pour se placer face à elle, la tête et le corps aussi droit que le sien.

- Tu es idiote comme ça tous les jours ou tu fais semblant pour te donner un genre ? Je ne t'ai pas demandé d'où tu venais je te t'ai demandé qui tu étais, répéta-t-elle en levant les yeux au ciel. Tu sais, un prénom, genre Mangue, Zuzu, Paco, tu vois le truc ou faut encore des exemples ?

Suite à cela, elle leva à nouveau les yeux au ciel et dévisagea le serpent qui traînait avec elle. Lui, elle ne l'aimait pas, il était vraiment chelou, comme elle d'ailleurs. Qui se baladait avec un serpent ? Était ce son pouvoir ? Parler aux reptiles ? C'était plutôt cool, mais bien sûr, le sien était meilleur.

Visiblement, l'inconnue ne sembla pas bien prendre sa remarque, si bien qu'elle entendait un faible grondement venant de sa part résonnait dans la caverne. Elle n'avait peut être pas grondé fort, mais ici, dans ce lieu vide et confiné, leurs paroles et les sons qu'elles produisaient résonnaient et faisaient échos dans cette grotte sombre et froide. Pendant un instant, Aishala cru que la louve allait tentait de l'attaquer, elle le cru si fort que ses muscles se tendirent, prêts à se reculer d'un bon pour esquiver ses crocs acérés, mais l'attaque ne vont pas. Avait-elle rêvé ?

- Comment connais-tu mon frère Shlava ? Pourquoi as-tu son odeur sur ton pelage ? Où est-il ?!

Aishala plissa les yeux, ses sourcils se fronçant par la même occasion sous le coup de la surprise. Elle était la sœur de Shlava ? En la regardant de plus prêt, elle trouvait en effet une certaine ressemblance entre elle et le gentil guérisseur qu'elle avait rencontré lors d'une partie de chasse. Cependant, la ressemblance s'arrêter au physique, car en effet, elle se souvenait que le jeune mal était d'un tempérament très doux, très gentil et facile à vivre. Cette louve la semblait acerbe et très désagréable.

- Alors comme ça Shlava est ton frère ? Elle fit la moue, la regardant droit dans les yeux avec un air presque de pitié. J'imagine que c'est lui qui a volonté toute la bonté à la naissance.

Elle marqua une pause pour se remémorer le jour où elle l'avait rencontré. Elle lui avait proposé de partager une chasse avec lui, ne se sentant pas capable d'attraper une biche à elle toute seule, d'autant qu'elle n'aurait jamais pu tout manger, alors autant la partager avec quelqu'un. Cependant, la chasse avait échoué car il n'était qu'un guérisseur, et ils ne se connaissaient pas encore assez pour réussir à se comprendre de loin lors d'une chasse. Malgré tout, elle l'avait trouvé bien sympathique, et ne l'avait pas assommé de remarques acerbes comme elle le faisait si souvent avec les étrangers.

- En effet je le connais, j'ai déjà eus l'occasion de le rencontrer et de lui parler, un jeune homme fort agréable, vous êtes sur que vous êtes de la même famille ?

Elle étira brièvement ses lèvres dans un sourire moqueur. Si elle avait épargné Shlava de ses remarques car il s'était montré gentil avec elle, elle n'allait pas épargner sa sœur qui n'avait dès la première seconde pas du tout attiser la sympathie de la louve noire.

- Je ne sais pas où il est, et pour être honnête, je ne sais pas si j'ai très envie que tu le saches. Si c'est ton frère, tu devrais le savoir, toi.

La louve blanche semblait très déterminé à obtenir d'elle toutes les informations qu'elle pouvait offrir sur son frère, et s'il y avait bien une chose qu'elle pouvait en conclure, c'est que ses informations étaient précieuses. Mais pourquoi ? Cette louve était-elle à la recherche de son frère chérie, sa tendre moitié dont elle avait été séparé par la prise de pouvoir des Akatsuki, ou était-elle une sœur éprise de revanche d'enfance, ou même jalouse, qui lui voulait du mal ?

Aïshala savait facilement repéré lorsqu'une information était précieuse, car elle pouvait y gagner, marchander les informations. C'est ce qu'elle faisait depuis toujours d'ailleurs, elle n'avait jamais eut aucun scrupule à balancer contre une proie, comme elle était né solitaire et avait vécu en grande partie ainsi, elle ne connaissait que l'égoïsme. Mais aujourd'hui, sans trop savoir pourquoi, elle n'avait pas envie de donner à cette personne les informations qu'elle demandait. Elle ne savait pas trop dire pourquoi, si c'était pour son manque d'amabilité, sous si c'était une forme de solidarité envers le membre de son groupe, mais elle ne voulait pas le balancer, elle voulait plutôt le protéger, et l'aider si nécessaire.

« Tu caches un traître, tu ne connais rien de notre famille, tu ne sais rien de lui et de ce qu’il nous a fait, alors garde tes beaux discours, car tu ne sais rien de nous. »

Aïshala pouffa de rire, ne pouvant retenir son hilarité qui résonna en écho dans la caverne, couvrant le son des paroles de l'inconnue.

- Moi je cache un traitre ? Ou ça, dans mes poils ? Lâcha-t-elle dans un rire moqueur. Ah non je te jure, t'es très drôle, ça existe comme rang Bouffon ou Comique dans les meutes ? Si oui, je suis prête à parier que c'est ton rang !

Elle continua de rire de bon cœur, se fichant pas mal que la louve le prenne mal ou non. Elle était ridicule à tenter de l'intimider ainsi, si elle voulait obtenir des informations, ce n'était pas comme ça qu'elle allait y arriver, surtout que pour la première fois, Aïshala n'était pas d'humeur à lâcher facilement ce qu'elle savait sur le jeune guérisseur.

- T'as p't-être raison, je sais rien de votre passé, ni ce qu'il a fait pour être un traitre à tes yeux. Moi ce que je sais, c'est ce qu'il est devenue, et l'image qu'il m'a montré. Faut pas rester dans le passé ma cocotte, faut évoluer, sinon t'avances pas.

C'était pourtant logique, pourquoi tout le monde avait besoin de ce souvenir de si, de venger ça, de rappeler cela, et patati, et patata. Avancer, toujours avancer. C'était pourtant pas compliqué, non ?

Après avoir donné de la voix pour défendre le guérisseur de son groupe contre sa sœur malveillante, Aïshala dévia son regard des prunelles froides de la louve pour les planter sur cet espèce de serpent adoptif qui s'enroulait autour d'elle comme il le ferait autour d'une proie. Elle avait déjà vu un serpent chasser, tout du moins un serpent qui s'enroule autour de sa victime pour tuer. Elle avait observé cette impressionnante et insoupçonnée technique de chasse pendant un long moment, jusqu'à ce que le reptile eut avalé entièrement le gros rongeur et qu'elle en distingue la silhouette à travers le corps élastique du serpent. Elle trouvait ces créatures fascinantes, et peut-être même, attirantes et envoutantes, mais celui-ci ne lui inspirait qu'une chose : le dégout.

Ce serpent semblait munie d'une étrange intelligence, comme s'il ne faisait qu'un avec la louve qu'il entourait. Elle ne savait pas si les serpents pouvaient être domestiqués, ou s'ils étaient assez intelligents pour parler le même langage que les loups et devenir leur amis. En tout cas elle, elle ne parlait pas le serpent. Après un moment à analyser son familier, elle reporta son attention sur la sœur de Shlava qui semblait être en plein dilemme intérieur, et vu la manière dont elle se tendait et se détendait en la toisant sans la quitter des yeux un instant, la louve noire se douta qu'elle devait murement réfléchir à la manière de la tuer. Pour autant, Aïshala n'avait pas peur. Elle était prête à se battre, et elle était prête à danser avec son adversaire, jouer de ses muscles, de ses sauts, de sa souplesse, de sa force. Elle était prête à la faire tourner en bourrique, elle était prête à rire aux éclats de sa stupidité et de son innocence pour la rendre encore plus enragée qu'elle ne semblait déjà l'être.

Oui, elle était prête à danser, mais pas son adversaire. Dans une danse, il faut être deux, et si l'étrangère ne voulait pas danser avec elle, alors Aïshala ne pourrait pas danser du tout. Son regard devint lourd, Aïshala pouvait presque sentir la froideur de ses émotions lui faire frissonner l'échine. Elle ne savait pas précisément Shlava a fait, mais en tout cas, cette louve semblait très rancunière envers lui.

« Que dire a un loup qui a laisser sa famille mourir sans tenter de la sauver. »

Aïshala fit semblant de réfléchir, même si elle savait déjà parfaitement quoi répondre à cette étrangère dont elle ne connaissait d'ailleurs toujours pas le nom. Pas grave, elle demanderait directement à Shlava.

- Euh, techniquement si tu es encore en vie, il n'a pas laisser mourir sa famille, ou du moins pas entièrement. Donc tu devrais t'estimer heureuse que certains en ait réchappé, surtout que c'est toi qui est en vie. Il serait peut-être temps d'arrêter de se plaindre sans arrêt comme un louveteau qui fait une crise et de profiter de ce que la vie t'as offert après ça.

Elle marqua une pause puis, se rendant compte que ces mots étaient peut-être un peu trop compliqués et pompeux pour une louve de si basse intelligence, elle se permit de rectifier ses propos.

- En d'autres termes, au lieu de te plaindre sur ce que la vie t'as pris, contente toi plutôt de profiter de ce qu'elle t'as laissé.

Visiblement, la louve blanche ne semblait pas atteinte par les conseils qu'elle donnait. Elle avait tord, Aïshala n'était pas du genre a offrir ses connaissances et ses conseils à n'importe qui, ses bonnes intentions ne devaient pas être prise à la légère. Pour être tout à fait honnête, elle ne su pas vraiment pourquoi la conversation dégénéra à ce moment exact. Elle l'avait provoqué durant de longues minutes de conversation sans lui faire faire le moindre pas menaçant, et là, alors qu'elle tentait enfin de faire une bonne action pour sauver son âme en détresse, l'inconnue dérailla et commença à danser, une danse que la louve n'aimait pas, une danse qui n'avait rien de loyal ni de magnifique.

Alors que l'inconnue la contournait pour rejoindre la sortie, visiblement lassé de l'entendre parler, elle pivota d'un seul coup et lui saisit la gorge entre ses crocs. Aïshala n'eut pas le temps de s'écarter, elle ne s'était pas attendue à ce que la louve blanche attaque si soudainement alors que la conversation semblait close. Elle pouvait sentir les crocs de l'étrangère pénétrait dans la chair de son cou. Par chance, les poils épais qui protégeait sa gorge empêcher son adversaire de la faire trop souffrir, et instinctivement, elle posa ses deux pattes avants sur le torse de l'étrangère pour la repousser et lui faire lâcher prise. Elle aurait pu déclencher son pouvoir et littéralement l'électrocuter sur place jusqu'à ce qu'elle n'ait même plus la force de pleurer, mais à cause des mille et une pensée qui affluaient à cet instant précis, l'idée de lui effleura même pas l'esprit.

Soudainement, elle sentit l'énergie de son corps se vider, comme si elle venait de parcourir des centaines de mètres dans une course folle et que ses muscles étaient incapable de la porter un mètre de plus. Elle ne comprenait pas comment cela était possible, son serpent l'aurait-il mordu ? Lui avait-il injecté un poison paralysant ? L'étrangère daigna enfin la lâcher, se détournant par la suite sans dire le moindre mot. Aïshala reprit une grande inspiration et se redressa sur ses pattes tremblantes. Elle avait peut-être l'impression d'avoir courus un marathon, mais il n'était pas question de se montrer faible. Regardant d'un mauvais œil la silhouette blanche s'éloignait dans les profondeurs de la caverne, elle laissa les échos des lieux porter ses grondements menaçants jusqu'à ses oreilles pour lui faire comprendre qu'elle n'était pas vaincue. Elle l'entendit vaguement murmurer quelque chose, mais ses grognements de rage l'empêchèrent d'entendre clairement ce qu'elle venait de formuler.

Lorsqu'elle fut certaine que la louve blanche n'était plus dans les parages, elle suivit sa piste jusqu'à sortir de la caverne, puis observa la position du soleil. Une chose était sûr, cette louve en voulait à Shlava, et il faisait partit de son groupe à présent, il était comme un ami, comme une famille, et elle se devait de l'avertir pour le protéger du danger qui pesait au dessus de lui comme l'épée de Damoclès. Alors, se guidant grâce à la position du soleil, elle partit vers l'endroit où elle avait croisé Shlava pour la première fois, espérant qu'elle pourrait retrouver sa piste là-bas.