- Oui bien sûr !
- Impera ?
- Oui ?
- Tu peux m'aider Impera ?
- Je suis là, qu'est ce qui t'arrives ?
- Merci, comment fais-tu pour être toujours resplendissante comme ça ?
- Hihi !

Hihi...

J'adore ma meute. Je les aimes, ils sont tout pour moi. Il m'aide à ne penser à rien d'autres. Il m'aide à oublier le tremblement de terre. La disparition de Karagane. Les os brisés de ma mère. Sans eux, il n'y aurait plus de Impera.
Comment je fais pour être si resplendissante ? L'éducation. La manière de. Le secret, quelque part. Yuubae a assez de problèmes comme ça pour avoir en plus une guérisseuse bougonne. Il faut savoir faire la part des choses, tout simplement. Oh, mais oh grand jamais je ne répéterai cela à quelqu'un ! Je suis une belle et adorable louve.

Mais de temps en temps, tout devient difficile. Je sors la nuit pour être seule. Cela fais du bien, et puis... chacun a ses secrets.

- C'est la troisième fois en six jours Saké dis-je en rigolant tout en lui retirant une épine de sa patte avant. Fais attention la prochaine fois.

- Oui oui...

Le mâle me dévorait des yeux. Je le regardais en souriant, tel était mon devoir. Il fallait dire que la scène était comique.

- Va ! Et fait attention !

Il parut très déçu de ne pas pouvoir rester dans la tanière pour "récupérer". Lorsqu'il s'en alla, j'effaça mon sourire. Irysviel était parti s'amuser un peu avec les autres Zêtas. Le soleil sombrait maintenant derrière la montagne. Il faisait bien sombre dans la tanière. Une nouvelle journée était passén rien de grave à l'horizon, et je pouvais respirer. Après avoir rangé mes plantes et fait l'inventaire pour préparer la mauvaise saison au mieux, je pris le temps de m'asseoir au bord de l'eau.
Ma mère était en face de moi. Elle me souriait. Soudain, son corps se plia en deux dans une position à faire peur, puis ma soeur apparut à côté de moi, le regard en sang. "Je t'avais dit que le monde changerai..."Du sang...

Je me redressa d'un coup. J'avais du m'assoupir sans m'en rendre compte, mon corps était toujours au bord de la rivière mais ma nuque me faisait mal, je n'avais pas du avoir une bonne position. J'haletai. La tête me tournait. J'avais envie d'hurler. Je sortie en trombe de la tanière des Yuubae, personne n'avait besoin de moi pour l'instant. Je dévala la pente rocheuse en courant. Je m'éloignais des cascades. Les larmes coulaient sur mes joues poilus. J'accélérais. J'allais maintenant bien vite pour une guérisseuse qui ne courait pas souvent. Lorsque mon corps m'emmena à la Plage Rocheuse, je soupira de soulagement. Le soleil était encore présent de ce côté-ci. Il était chaleureux et l'immensité d'eau était magnifique à regarder. Je fonçais sur la plage en sanglotant, mes membres tremblaient. Je n'avais même pas regarder aux alentours. Je n'avais pas vu le mâle aussi présent dans ce lieu. Mes pattes s'arrêtèrent dans l'eau au goût étrange. Je me calmais. Voilà bien longtemps que je n'avais pas perdu ainsi mon sang-froid. Heureusement que personne ne me voyait dans cet état...

Reniflant bruyamment, je me mis à regarder les vagues douces lécher mes pattes. Je commençais maintenant à en faire danser en petits tourbillons autour de moi pour penser à autre chose. Il fallait se calmer et retourner voir la meute. Mes tourbillons cessèrent soudain et je relevais la tête enfin vers le canidé un peu plus loin sur la plage. Mon regard se transforma en un effroi sincère. Écarquillant les yeux tout en reniflant bruyamment, voilà que quelqu'un avait découvert ma face caché. Mon monde s'écroulait autour de moi. Il s'agissait d'un mâle en plus ! Comment j'avais pu être si peu prévoyante ?! C'était trop tard maintenant.
Toussotant légèrement je passa une patte sur mon museau pour faire style de me rincer. Lui l'avait bien vu. C'était Nehëma. Elle venait enfin de le reconnaître. L'espion au regard et à l'attitude étrange. Il fallait improviser maintenant ! Essayer de remettre mon masque.

- Oh bonjour Nehëma !

Un sourire s'étala sur mon museau. Sourire... c'était plus une petite grimace tellement ma voix n'avait pas du tout était crédible. Au lieu de joyeuse, elle n'avait été que croassante.

Il ne semble pas me juger. M'as t'il vu perdre tout ce qui fait de moi la guérisseuse des Yuubae ? Je déglutit. Sourit stupidement. La babine inférieur encore tremblante. Je le salue en baissant la tête plus proche de lui maintenant. J'angoisse un peu, mais il y a encore un espoir. Mais je suis si naïve, quand les premiers mots de l'espion vole dans la brise. Je serre alors ma mâchoire pour ne rien dire, même si mon cœur fait une embarder de tristesse.

- Je ne vois pas de...

Nehëma m'observait. Ce loup avait toujours eu ce regard étrange, absent. Je l'écoutais tandis que mes membres se remettaient à trembler légèrement. Comment avait-il su ? Il y a différentes choses qui font pleurer quelqu'un. Comment savait-il que je pensais à ma famille.
Une petite voix dans ma tête paniqua à l'idée de ne pas connaître beaucoup le pouvoir de ce mâle. Il ne lisait tout de même pas dans les pensées, si ??
Ses dernières paroles se tournèrent en une question étrange. Je ne répondis rien pendant plusieurs minutes. Je fermais les yeux, écoutais les vagues. Lorsque je l'ai ré ouvrit, mon regard se porta vers le ciel orangé, loin d'ici.
Je lui jette enfin un coup d'oeil. Nehëma. En y réfléchissant... l'espion était bien l'un des derniers Kuragari avec moi. Si on ignorait cette histoire de bannissement dont je n'avais pas pris part. Une petite bouffée d’énergie m'enveloppa alors qu'un souvenir heureux me revenait. Il est vrai que lorsque nous étions petites avec ma soeur, on aimait bien se moquer de tout les autres zêtas. On était de véritable petites pestes avec les autres jeunes. Mais il n'y avait que Nehëma tout juste un peu plus grand que nous avec qui on osait rien dire. Ma soeur disait qu'il lui faisait peur, qu'il avait un regard effrayant. En repensant à se souvenir assez...étrange, un fin sourire enfin sincère s'installa sur moi. Il est vrai que le mâle n'avait jamais été très bavard, et en réalité, je ne m'étais jamais retrouvée seule avec lui. C'était bizarre. Deux anciens Kuragari, qui n'avaient pas connu les mêmes douleurs mais qui en avaient connus assurément.

- C'est comme si...elles étaient là, ma sœur, ma mère. En réalité... dis-je alors que ma voix recommencer à vaciller, j'ai encore et toujours peur qu'un nouveau malheur nous tombes sur la tête. Je vois tout les soirs la terre trembler, comme si on ne pouvait faire confiance à personne.

Je m'arrêta effrayais par ma phrase. Mais ça va pas ?! Je commençais a parler, comme si j'avais oublié tout de mon masque ! Et qui était Nehëma ? Je ne le connaissais pas si bien que ça, et voilà que je racontais ma vie comme si de rien n'étais. Mais étrangement, cela faisait du bien de parler de ça. Je n'en avais jamais parler auparavant. Personne ne pouvait l'écouter, et puis... Nehëma n'était pas du genre a raconter la vie des autres. Un sentiment très particulier s'insinua dans mon sang. L'idée qu'e je m'étais révélée inconsciemment à un espion des Yuubae. J'avais envie de me frapper, et de me détendre à la fois.
J'étais maintenant plus calme, ces simples phrases m'avaient fait un bien fou. Une légère honte arriva dans ma tête et mes oreilles chauffèrent légèrement. Je souriais maintenant vers le regard émeraude du loup. Je n'avais pas remarquer la force qu'émanait son corps gris. C'était très impressionnant. Remarquant maintenant que je le jaugeais du regard, je détournais vite les yeux vers le soleil couchant.

- Excuse-moi. Je me suis légèrement laissée aller. Mais bon...

Un sourire de plus en plus radieux s'étendait en moi. Essayant tant bien que mal de repousser la honte, la tristesse, la timidité, l'angoisse, le passé...

- C'est la vie. Que fais-tu ici jeune espion ?

Il paraissait... si normal. En fait, je ne connaissais rien de lui. Il n'était peut-être qu'un loup timide après tout, qui ne parlais pas à grand monde sauf à lui-même. Bon, c'est vrai que je l'avais déjà aperçu de temps en temps marmonner des mots, grogner tout seul, s'énerver quelques fois, mais à ce moment précis, alors que le ciel devenait rouge sang, Nehëmah, ancien de sa meute, ne l'a jugeait pas, il était simplement à l'écoute et répondais brièvement mais avec intérêt.
Je le comprenais. Moi-même, à ce moment, j'avais chercher le calme avant de retourner au travail. Ma mère serait sûrement furieuse d'avoir manquer de tact et de force, mais cela faisait du bien d'enlever son masque. Et tant pis si Nehëmah l'avait vu.

Tu veux qu’on parle de tes cauchemars ?

La question me surpris un peu. S'intéressais t'il vraiment à ça ou me taquinait-il ?

- Hum... je ne sais pas si, c'est une bonne idée.

Comment parler de choses auquel on ne parlait jamais habituellement ?

- C'est comme je l'ai dit. La terre qui tremble, ma mère qui meurt et la disparition de ma sœur. C'est surtout ça... nous étions si proche... Relevant la tête je regarde le bout de ses oreilles. Elle était espionne comme toi. Karagane. Elle n'est jamais revenue d'une mission, je garde espoir qu'elle est en vie et qu'elle se porte bien.

Plus je parlais, plus j'avais envie de parler. De vider mon sac. Je m'en fichais de parler à ce mâle, maintenant je voulais simplement tout extérioriser pour vivre mieux.

- Et toi ? Fenrir était ton frère ?

Nous nous écoutions tour à tour. D'extérieur, la scène aurait put être agréable a regarder. Dans le soleil couchant presque crépusculaire. A l'évocation de son frère, je me mordis la langue. Il n'avait pas du tout aimé. Cette détente qui s'était installé entre nous fut remplacé pendant un instant par une brise glaciale. Une petite colère monta en moi. Il n'avait pas envie d'en parler ! Croyait'il que j'avais envie de parler de ma sœur ? Ou de ma mère ? J'avais lâcher trop vite mon masque, étais-je à ce point si naïve ? Mais je l'avais blessé, j'avais appuyé un point douloureux, peut être même pire que ce que j'imaginais.

- Je comprend.

Je pouvais au moins comprendre. Le passé nous embrasait tout deux. Des noms qui avaient disparut de nôtre langage refaisait surface. Wistala, Karagane, Fenrir... c'était si douloureux. Regardant le ciel, une vague de peur arriva dans mon esprit.

- Cela fait bien trop longtemps que je suis partie !

Le temps était passé si vite, je manquais à mes devoirs. Nehëmah et moi avions plongés dans l'obscurité de notre passé. Je me relevais après avoir remarquer que nous étions bien proche. Je ne savais pas que le loup ressentais la même douleur que moi. Que je n'étais pas seule. Nos corps se teintés de noir avec la nuit approchante.

- Je suis heureuse de...

Je ne savais pas quoi dire. J'étais réellement heureuse. Je me sentais mieux. J'avais rencontré un loup qui ressentais les mêmes choses que moi.

- Veux-tu rentrer ?

Je ne savais pas pourquoi je posais la question. Au fond de moi, j'avais envie de continuer  à parler avec lui, d'un autre côté, le travail et l'absence était de chose contradictoire pour un guérisseur.

Nehëmah n'ajouta rien mais me suivit tout de même. Quittant la lueur pourpre et sombre pour laisser place à l'autre côté de la montagne, plongé déjà dans l'obscurité. Je n'osais rien dire alors que nous marchions tout deux. Lui non plus. Pour ma part, je réfléchissais à tout ce qui venait de ce passer. C'était bien étrange cette histoire. Nehëmah connaissait maintenant ce secret que j'essayais depuis toujours de cacher. Il était trop tard maintenant pour faire marche arrière. Heureusement, il ne semblait pas plus accusateur que ça. En fait, il n'avait rien dit et pour ça, je lui en étais bien reconnaissante.

Arrivés à la tanière, la plupart des loups se préparés pour dormir. Certains mangeaient encore tandis que d'autres discutaient tranquillement. J'avais replacé mon sourire gentille et je marchais aussi divinement que possible en souhaitant la bonne nuit aux autres. Nehëmah me suivait. Je n'étais pas du tout à l'aise de jouer ce jeu alors qu'un loup entre tous savait maintenant la vérité. Il ne disait rien.
L'odeur de ma tanière me donna à nouveau le sens des responsabilités. Irysviel me salua, et je fus soulagée qu'aucun incident ne se soit produit en mon absence. Tout était bien qui finissait pas trop mal. L'espion m'avait gentiment raccompagné et lorsque je me retournais pour le remercier, celui-ci se mit à s'excuser. Ces paroles me donnèrent l'effet d'une claque sur mon visage. Nehëmah semblait si triste tout à coup. Si tendu. Je ne savais pas quoi dire, d'autant plus que même s'il ne le faisait pas savoir, mon apprenti nous écoutés sans doute.

- Ne t'ex...

- Je…je dois y aller…

Le loup semblait légèrement paniquer maintenant. Que se passait-il ?
Je fis un pas en avant avant de m'arrêter. Je sentais que quelques choses de grave était en train de se passer. Au plus profond de moi, je sentais quelque chose d'étrange naître. Un seul regard dans ses yeux émeraudes, et j'avais l'impression maintenant que lui seul savait qui j'étais. Avant j'avais ma mère et ma soeur pour ça. Maintenant...
J'hochais la tête avec ce sentiment étrange dans mes entrailles. Je ne savais pas quoi lui répondre, il semblait si apeuré tout à coup.
Lorsque  le mâle s'en alla, je portais mon regard vers mes pattes. Nehëmah m'avait aidé. Il avait découvert mon secret. Alors que je relevais la tête vers l'entrée de la petite tanière, je me promis une chose, je découvrirai  le sien. Essayant d'oublier les fourmillements dans mes membres, je me mis à sourire doucement.