Cela me faisait un petit entrainement, ce n’est pas parce que j’étais le meilleur que je pouvais me reposer sur mes lauriers, je me devais de toujours m’améliorer car à trop être sûr de sa force plus la chute sera brutal surtout si on ne s’entraînait pas. Et pour s’entrainer quoi de mieux que d’aller dans le froid et les hauteurs où m’oxygène se faisait de plus en plus rare?

Pendant un long moment lors de mon ascension la neige et le vent me fouettait le visage mais j’essayais de ne pas y prêter attention, après tout cela aurait été trop calme et facile si la nature n’avait pas été contre moi. Plus j’avançais, plus la neige se calmait et au loin, je vis une silhouette qui avait l’air de s’être arrêté et était tourné vers moi. Je devais avouer que je m’en fichais pas mal et continuais mon ascension à mon aise. Une fois arrivé au niveau du loup, je continuai de marcher en le dépassant en lui jetant à peine un regard.  

Je regardais le loup au pelage blanc avec un regard désintéressé. Que venait-il faire dans un endroit pareil ? Je n’avais aucune intention de m’intéresser à lui-même si j’étais curieux. C’était rare de croiser des congénères dans les alentours et les raisons pour s’aventurer ici, je n’en voyais pas beaucoup.

« Qu’es-tu venu faire ici ? »

Le ton employé n’était pas spécialement enjoué ou agressif, juste neutre et sec… bref ma voix habituelle.  Je n’avais que faire des formules de politesse qui ne servait à rien à part à bien se faire voir. Pourquoi dire bonjour et demander comment le loup allait ? De toute façon, je ne voulais pas risquer qu’il commence à me parler de sa misérable vie.

J’aurai pu m’en aller s’en rien dire, laisser cet individu à ses occupations et l’oublier rapidement sans m’en préoccuper mais je ne pouvais pas laisser passer l’affront qu’il venait de me faire en ne répondant pas à ma question. Il me dépassait et quand je vis qu’il n’avait pas l’intention de répondre à ma question, je sentais la rage monter en moi mais je ne voulais pas vraiment d’un combat, il ne valait pas la peine que je dépense mon énergie ici et puis l’air pauvre en oxygène n’aurait pas aidé non plus.  

Un air énervé apparu sur mon visage pendant que je fixais le loup et j’émis un léger grognement de frustration, je relevai la tête pour me montrer le plus imposant possible :
« Je t’ai posé une question je crois ! Tu aurais perdu ta langue ? »

Avec un ton légèrement sarcastique sur la deuxième partie de sa phrase, je m’approchai assez proche de lui pour bien montrer ce que j’attendais de lui et que je n’allais pas passer ca et continuer mon chemin simplement.

Voyant qu’il ne me répondait toujours pas, je restreignis mes grognements de mécontentement, je n’allais pas m’exposer devant lui comme un gamin qui faisait une crise de nerf. J’allais essayer de garder mon calme ; je pris plusieurs grandes inspirations et le regarda alors qu’il m’ignorait complètement.

S’il croit qu’il va gagner en gardant le silence il se trompe lourdement, j’obtiendrai ce que je veux, j’obtiens toujours ce que je veux ! Alors pendant qu’il continua sa route, je me mis à la suivre, je n’étais pas discret volontairement, quoi qu’il ait décidé de faire j’allais ruiner ses plans, que ce soit de s’entraîner, de chasser ou juste de se promener je n’allais pas le laisser apprécier le moment. Je ponctuais souvent les longs moments de silence par des petites réflexions du genre  « hey ! Tu en aurais pas marre par hasard de garder le silence comme ça ? » ou encore « On t’a jamais appris à répondre quand quelqu’un te posais une questions ? »

Au cas où il en aurait marre, je m’amusais presque comme un gosse qui ennuyait ses parents même si j’essayais de me dire que j’étais complètement dans mes droits. Bref je me demandais qui allait avoir le plus de patience … Qui allait tenir le plus longtemps ? Lui ou moi ?

 

Je n’avais plus la force de parler, ma gorge était sèche et je commençais à douter de l’utilité de tout ceci, si j’avais continué sans lui parler j’aurai peut-être passé une bonne journée mais évidemment ma fierté avait été atteinte et ce congénère avait été irrespectueux. Valait-il vraiment la peine que je le suive jusqu’au bout du monde ? Je n’avais pas que ça à faire non plus. Je plissais les sourcils, j’avais arrêté de parler et je réfléchissais tandis que le suivait toujours en descendant la montagne mais plus machinalement que vraiment en faisant attention.

Au bout d’un moment, je commençais à fatiguer, j’essayais de ne rien laisser paraître mais cela avait quand même duré une petite trotte et je commençais à haleter à cause de cette fameuse marche dans les montagnes. Je dû me stopper à un moment dans ma descende pour reprendre mon souffle, mais mon regard ne quittait pas regarda le loup s’éloigner peu à peu tandis qu’il s’était stoppé pour reprendre son souffle. Je le regardai se coucher sur le sol enneigé, je le suivis presque par habitude et m’assis à côté de lui sans rien dire, je n’allais sans doute plus rester longtemps, j’allais bientôt retourner « chez moi » … enfin dans un endroit quelconque où de toute façon personne ne m’attendais.

Quand il me regarda dans les yeux, j’eu un étrange ressenti presque comme s’il voulait que ses prochains mots soient bien ancrés dans mon crâne. Lui maintenant si silencieux se permit de me faire la leçon, d’un certain coté je devais bien avouer avoir agi un peu en enfant mais ma fierté m’empêcha de l’avouer au mâle en face de moi. Je ne voulus rien dire, il me dit le suivre et je préférai m’exécuter sans rien dire. J’avais un peu la rage au ventre, il faut avouer que je n’avais pas l’habitude de me faire reprendre par les autres mais la fatigue me dissuada d’attaquer l’adulte en face de moi. Il semblait porter bien des cicatrices de combats ce qui était assez impressionnants à mes yeux.

Nous trouvâmes bientôt une petite grotte pour se protéger des intempéries, je le laissai entrer en premier et une fois dans la grotte, je me secouai pour faire tomber toute la neige de trouvant sur mon dos. Après un moment assez long, j’osai briser le silence « Bon, … on fait quoi maintenant ? » le silence était pesant et je me sentais étrangement mal à l’aise avec le loup au pelage blanc proche de moi.

J’émis un long soupir même si je ne comprenais pas moi-même ce que je ressentais actuellement. J’oscillais entre l’énervement et le désespoir. Me voilà coincer dans une grotte avec un mâle que je n’appréciais vraiment pas et qui, lui non plus, ne pouvait pas me supporter. Je regardai à l’extérieur et voyais la tempête s’accentuer sous mes yeux comme si elle me décourageait de sortir dehors. Je ne pouvais rien faire actuellement. Je me couchai sur le sol, regardant le mâle au pelage blanc. Je me demande à quoi il était en train de penser actuellement.

Je n’étais pas sûr que dormir soit une bonne idée avec ce froid ambiant mais je commençais vraiment à m’ennuyer et je ne voulais pas vraiment parler et l’autre loup ne semblait pas vouloir faire causette non plus donc je posai ma tête sur mes pattes avant et entrepris de dormir un peu en espérant qu’à mon réveil, la tempête aura disparu.

Je ne pensais pas que j’allais m’endormir, je fermai juste les yeux et ne pensais à rien, je voulais juste me réchauffer un peu et juste reprendre mon souffle et des forces. Mais il faut croire que j’ai dû m’assoupir à un moment, le noir complet, un repos sans rêve. Ce qui me réveilla, fut un coup de patte de ce cher mâle que j’adorais tant. Je grognai légèrement et montrai les crocs pour montrer mon mécontentement mais il ne regarda pas dans ma direction, je me contentai juste de le suivre, j’allais enfin pouvoir en finir avec cette maudite journée.

Je le suivis sans dire de commentaires, j’évitais les pièges de mère nature qu’il m’indiquait et même si je failli plusieurs fois glisser et tomber, je me retrouvai en sécurité en bas de la montagne. « Tsss » fut le seul son qui sortit de ma bouche pour répondre à sa phrase. Je ne me fis pas prié et partit en trottinant rapidement pour aller me reposer dans un endroit plus calme et seul. On pouvait dire que j’étais vraiment mal tombé aujourd’hui. Je ne jetai pas un seul coup d’œil en arrière alors que je m’enfonçai dans les broussailles.