Les larmes coulaient le long de ses joues. Les perles gelaient dès que ses yeux les crachaient, glissant sur le sol comme de minuscules gemmes blanchâtres. Elles reposaient finalement sur la poudreuse, traçant un chemin qui semblait dériver vers le Sud.
- S'il vous plaît, j'ai besoin d'aide !
Shyvana avançait péniblement dans les plaines glacées. Le sol était irrégulier, les crevasses et les fissures menaçant sans arrêt de la happer. Elle ne voyait pas grand-chose non plus à cause du givre installé sur ses cils. Ses pleurs accéléraient d'ailleurs le processus. Son champ de vision se réduisait à un champ ridicule, flou, recouvert de filaments blêmes. Son souffle saccadé formait des nuages de buée.
- Allez, Estesy. Debout ! Debouuut.
Ses sanglots redoublèrent. Elle traînait son jumeau depuis deux heures déjà. Ses muscles souffraient de l'exercice ; son corps n'était pas conçu pour tirer un mâle de corpulence similaire mais de poids supérieur au sien. Ses mâchoires lui faisaient mal, ses pattes menaçaient de céder. Elle marchait cependant avec obstination. Elle se forçait à rapprocher le corps de son jumeau vers la frontière Yuubae. Par chance, ces quatre mois n'avaient pas suffi à effacer ses repères des environs. Elle arrivait à se déplacer sans trop se disperser, sans trop rallonger son itinéraire. Quand, enfin, l'odeur de la meute la submergea, Shyvana sut qu'ils avaient dépassé le point de non-retour. Elle soupira de soulagement. Bientôt, une sentinelle les remarquerait. Elle pourrait demander de l'aide.
La Marcheuse laissa son jumeau reposer dans la poudreuse fraîche. Leurs sangs formaient des traces sombres sur le blanc pur. Elle était blessée à l'antérieur, de larges bandes de poils ayant été arrachés ; lui, une blessure à l'épaule qui pissait abondamment. Il s'était cogné la tête en tombant sur une pierre, aussi. Quelques gouttes d'eau rouge marquaient la zone d'impact.
Une ombre avança sur le sol gelé. Shyvana — qui reconnut une sentinelle en plissant les yeux — l'appela d'une voix rauque. La louve de meute se dépêcha de les rejoindre. Sa posture était raide jusqu'à ce qu'elle reconnaisse l'ancienne guerrière. Une expression épouvantée apparut sur son visage en apercevant leurs blessures. Ses lèvres s'écartèrent pour former des mots mais Shyvana la devança.
- Tu pourrais trouver un guérisseur ? Il a besoin de soins...
La sentinelle hocha vivement la tête avant de faire demi-tour pour s'enfoncer dans le cœur du Nord. Les minutes semblèrent durer des heures. Les pleurs coulaient sur sa peau sans discontinuer. La culpabilité rongeait ses entrailles. Tout était de sa faute.
Shyvana
Impera
Guérisseuse
Feux Follets : 196
Mar 17 Déc - 18:33
Je baillais à m'en décrocher la mâchoire tandis que je rangeais mes racines dans leur petit coin. Un coup d'oeil vers Irisviel et je lui lançais un petit regard entendu pour lui permettre une pause qu'il s'empressa de faire en quittant ma tanière. Je me sentais vieille tout à coup alors que je n'avais même pas encore trois années à mon actif. Soupirant, j'allais voir Korsa, une guerrière qui toussait de plus en plus. C'était bien la première à m'inquiéter autant alors que le froid ne remontait pas. Seule dans ma tanière à m'occuper de Yuubae m'angoissait un peu et même le fait d'avoir un apprenti qui apprenait vite et bien ne calmait pas mes nerfs. Couchée, elle grognait doucement en râlant d'être inutile à attendre ici. Sa remarque fut coupée par deux quintes de toux sèche. Je lui avais donné une petite préparation de thym et de lavande séché de cette été pour qu'elle respire mieux mais je ne voyait pour l'instant aucune amélioration. Pourtant le fait que Korsa puisse encore râler me rassurait un peu. J'ouvrais mon esprit aussi facilement maintenant que je souriais intérieurement tandis qu'une petite gerbe d'eau du ruisseau filait vers moi et se déposé dans une petite boule de mousse sèche à côté du museau de la guerrière.
- Ne te prive pas de boire Korsa, c'est très important.
Je lui jetais un dernier coup d'oeil avant d'aller voir une jeune petite louve qui s'était tordu une griffe. Le fait que la situation n'était pas facile car ces parties là saignaient beaucoup et aux yeux de la petite elle était persuadée qu'elle allait mourir dans la soirée. Et que c'était compliqué de lui expliquait qu'il y avait bien pire dans la vie que ce petit problème... Je n'eu pas le temps de finir ma tirade rassurante qu'on déboula dans ma tanière le souffle court. Hérissant mes poils instinctivement, je me retournais devant une sentinelle dont je l'avoue, j'avais complètement oublié son nom étant une ancienne Hikari et qu'elle n'avait jamais eu de problème de santé à la bonne heure. - Impera ! On a un problème, c'est Shyvana et son frère, ils ont besoin d'un guérisseur et vite !
Malgré l'urgence j'eu un moment d'attente... assez long le temps que je comprenne le qui, le quoi et le comment. Si mes souvenirs étaient bon, Shyvana avait quitté Yuubae avec sa mère pour des problèmes dont je n'avais que trop peu connaissance. Pourquoi avaient-ils besoin de moi ? Ils n'étaient plus de la meute... Choquée par mes propres pensées j'étais vraiment en train de devenir une louve aigrie en ce qui concernait des loups en dehors de Yuubae ! La colère monta bien vite devant mon attitude et je me dirigeais à grand pas vers ma réserve. Des loups que je connaissais étaient dans un état grave et moi... je réfléchissais vraiment si c'était mon problème !? Honte à moi.
Une fois la gueule pleine d'un tout je suivais la sentinelle dehors en jetant un regard vers Irisviel qui rigolait avec un autre apprenti pour qu'il comprenne qu'il devait garder ma tanière. Nous courions vers la frontière et en effet, deux loups proches de celle-ci dont l'un en piteuse état nous attendaient. Je jetais un regard inquisiteur vers Shyvana qui semblait bouleversée. Je me concentrais sur son frère. La neige autour contrastait avec le sang qui rougissait le blanc poudreux. Estesy était inconscient et je vérifiais d'abord sa respiration pour voir s'il n'y avait aucune modification à ce sujet. Son épaule déchirait se vidait d'un sang foncé.
- Il me faut des toiles d'araignées, beaucoup.
J'avais parlais d'une voix sèche et ordonnée à la sentinelle. J'allais l'embauchée et c'est d'un pas rapide qu'elle détala. Je commençais à mettre le peu de toile que j'avais emmené sur l'épaule du mâle alors que je mâchais déjà des feuilles de basilic sèches dans ma gueule pour en former une pâte désinfectante. Je jetais des petits regards vers Shyvana pour prendre en compte ses propres blessures. Mais qu'est-ce qui avait bien put leurs arriver !?
Je rejetais le suc et commençais à en étaler sur les blessures moins importantes. Il ne fallait surtout pas que tout ceci s'infecte. La sentinelle revînt avec une bonne quantité de toile et après un regard de remerciement je lui demandais de tenir fortement les toiles sur l'épaules du mâle pour stopper l'hémorragie. La louve ne broncha pas que je l'exploite ainsi que j'en étais bien rassurée intérieurement, d'autres, surtout femelles, se seraient permises des réflexions... Je venais voir en Shyvana pour lui renifler une patte ensanglanté. Le sang s'était tant accumulé qu'il formé une croûte peu ragoutante. - Assis-toi, je vais devoir arracher le sang sécher pour nettoyer la plaie.
J'ajoutais que cela n'allait pas être agréable. Une fois la plaie réouverte, j'étalais les dernières toiles d'araignées puis après quelques coups de langues j'ajoutais ma petite pâte. Je continuais à m'occuper de ses autres blessures tout en surveillant Estesy qui n'avait pas repris connaissance. Enfin, j'osais reprendre la parole.
- Mais qu'est-ce qui vous ait arrivé enfin ?!
Je gardais ma délicatesse pour ma tanière, le feu de l'action m'enlever tout mes filtres.
Impera
Shyvana
Marcheuse
Feux Follets : 211
Mar 17 Déc - 19:41
Shyvana n'arrivait pas à le quitter des yeux. Son frère était couché là, noyé dans son propre sang. Ses paupières closes le faisaient paraître mort. Ses côtes se soulevaient à peine au rythme de ses respirations calmes ; il vivait, oui. Son pouls serein aurait dû l'apaiser mais la jeune femelle ne savait pas comment se rassurer. Les larmes coulaient, coulaient. Elle n'avait aucun contrôle sur son canal lacrymal qui vomissait des litres d'eau claire. Elle demeurait seulement là, prostrée. Elle se recroquevilla un peu, gelée. Son corps semblait piégé dans un étau de glace. Elle ne se rappelait plus réellement la scène, seulement du sang qui avait éclaboussé les environs. Il y en avait eu partout, comme s'il avait reçu un coup en pleine artère. Le fait qu'il soit encore là, dans ce monde, disait cependant le contraire. Il n'aurait pas tenu jusqu'à Yuubae.
Elle lécha doucement les paupières du mâle, un peu gênée par ces caresses. Elle n'avait jamais aimé le toucher, ni même le voir. Le cœur pincé, Shyvana poussa un soupir déprimé. Son visage exprimait essentiellement les remords, de même qu'une souffrance sourde. Elle ne remarqua pas immédiatement les deux femelles, trop focalisée sur Estesy. Elle leva finalement les yeux à cause des ordres aboyés. Elle pensa d'abord qu'on s'adressait à elle, puis aperçut la sentinelle. La femelle lui accorda un sourire réconfortant avant de disparaître pour répondre aux demandes de la guérisseuse. Impera. Shyvana l'avait croisé à quelques reprises au camp mais ne s'était jamais beaucoup intéressée à elle.
Elle eut toutes les peines du monde à ne pas se hérisser en voyant la femelle s'occuper de son jumeau. Elle savait que son agressivité était irrationnelle mais ne pouvait rien y faire. Ses sentiments étaient là, prégnants, méchants, bêtes. C'était précisément pour les museler que la jeune femelle avait préféré disparaître de sa vie. Sans succès, évidemment. Oui, parce qu'il l'avait suivie.
La gorge nouée, Shyvana se concentra sur la guérisseuse lorsque celle-là voulut s'occuper de ses plaies. La Marcheuse réprima un mouvement de recul difficile à contrôler, puis se laissa faire. Ses muscles raides donnaient néanmoins une idée de son état d'anxiété. Elle ne supportait pas d'être touchée par des inconnus — même s'ils ne l'étaient pas tout à fait.
- Merci, que la Shin'Kan murmura dans un souffle d'air.
Impera arracha la croûte formée pendant le voyage. Elle avait perdu un peu de sang, ce qui lui donnait une impression d'engourdissement généralisé. Elle claquait des dents, les mâchoires douloureuses. Elle ne lâcha pas un seul jappement durant le processus. Les pleurs, qui avaient cessé pendant les soins, recommencèrent à couler face à sa question. Shyvana n'avait aucune envie d'avouer. Mais il le fallait ; Impera les avait aidé.
- I-il faut qu'il rentre à Yuubae. Il ne p-peut pas rester avec nous.
Ses sanglots redoublèrent.
- O-on essayait seulement de revenir pour voir Ezizh, notre frère. M-mais on s'est disputé en chemin... Encore. O-on s'est battus e-e-et... Il y avait du sang partout. I-il me faisait mal...
Le visage inondé, l'expression dévastée, Shyvana se frotta vivement les joues contre sa patte antérieure valide. Elle tremblait violemment.
- J-je voulais juste qu'il me lâche. Je n'avais pas l'intention de lui faire du mal. I-il va se réveiller ?
Shyvana
Impera
Guérisseuse
Feux Follets : 196
Ven 3 Jan - 17:33
Shyvana me remercia à demi-mot tandis que je terminais mon travail sur son corps ensanglanté. Rien n'était parfait, c'était un travail de débutant avec peu de choses sous la patte. Qu'aurait dit ma mère s'il y avait eu une possibilité qu'elle soit auprès de moi ? Elle aurait grondé en me lançant des petits arguments douloureux. Qu'est-ce qu'elle me manquait... La louve commençait à sangloter tout en essayant de sortir deux mots entre chaque hoquets. L'histoire incompréhensible était difficile à suivre et la peste qui sommeillait au fond de moi s'exaspérait devant cette ancienne Yuubae. Je ne savais pas pourquoi je ressentais si peu de compassion devant Shyvana. Lorsqu'elle avoua soudain la cause de tant de sang, je m'arrêtais de travailler pour la dévisager longuement. Il me semblait comprendre cet sensation de colère qui s'enflammait lorsque je croisais son regard. Sa famille avait quitté Yuubae, et je leur en voulaient pour cela. Qui était un loup pour quitter sa meute pour en rejoindre une autre ? Et puis il y avait aussi sa voix, son odeur. J'étais tout simplement jalouse de la beauté qu'émanait Shyvana. Jeune louve prometteuse dans ce qu'elle entreprenait à Yuubae, qu'elle m’horripilait. La voir dans cette état ne me procurer pourtant aucune satisfaction, il me semblait juste me trouver dans une scène plus que culotté.
- Il va se réveiller oui, mais comment veux-tu que je prenne cette décision toute seule demandais-je d'une voix grave. Vous avez quitté cette meute je te rappelle, vous n'avez personne pour s'occuper de vous ?
Je plissais les yeux et revenais voir le mâle. La sentinelle n'avait pas failli à sa tâche et le sang semblait s'être encroûté. Je ne pouvais pas le déplacer tout de suite. Il faudrait attendre un moment. - Mais je ne peux pas le laisser ainsi soupirais-je enfin.
Voilà ce que la vie donnait lorsqu'une dispute éclaté ? Un frère et une soeur pouvaient sans même sans rendre compte, la mort ? Je demandais à la sentinelle de se dégager alors que les yeux du loup s'ouvraient et se fermaient doucement. Je m'adressais avec des mots doux pendant son réveil et je lui offrais de l'eau. Je l'obligeais plutôt à boire. Je demandais à la sentinelle d'aller chercher un de ses camarades pour être à plusieurs lorsqu'il faudrait le ramener au camp et je m'installais confortablement pour surveiller le blessé. Je lui donnais quelques graines de pavots pour qu'il ne retombe pas dans le coma mais plutôt dans un sommeil sans rêve et je tournais enfin mon regard vers Shyvana.
- Que vas-tu faire ?
Impera
Shyvana
Marcheuse
Feux Follets : 211
Jeu 9 Jan - 19:52
Allez, reviens. Reviens-moi ou je vais me sentir seule.
Ouais, seule. Peu à peu, au fil des jours passés à ses côtés, la Marcheuse réalisait que ce sentiment d’isolement l’avait déboussolé depuis son départ. Elle était partie courant Août. Elle s’était retrouvée là, face au ciel, sans réellement savoir en qui puiser les forces pour avancer. Pour oublier. Elle avait regardé la lune en se demandant si sa lumière s’était affadie ou s’il s’agissait plutôt de son cœur qui devenait imperméable à la beauté des choses.
Puis, Estesy avait commencé à leur rendre des visites de « courtoisie » ; et l’organe palpitant laissé pour mort par son père avait à nouveau cherché le tempo. Boum-boum. Il s'était remis à chanter. Il avait récupéré un semblant d’énergie — de courage, aussi — pour alimenter son corps en oxygène. Il lui avait semblé mourir à chaque fois que le mâle rentrait « chez lui », puis renaître quand il leur revenait de ces contrées où le vent soufflait en permanence. D’abord, Shyvana lui en avait voulu pour ces va-et-vient incessants. Aujourd’hui, Shyvana le haïssait d’avoir décidé de vivre à ses côtés.
Au fond, la Marcheuse n’était pas sûre de savoir ce qu’ils devaient faire. Elle essayait, vraiment, de comprendre comment ils pouvaient se pardonner. Elle espérait qu’ils arriveraient à se réparer avant de se retrouver avec des blessures incurables. Pourtant, leur survie côte à côte semblait compromise.
Elle laissa ses yeux sombres ramper sur ce corps adoré mais rejeté si fort ; même abîmé, Estesy demeurait parfait. L’idéal pour beaucoup de femelles. Déjà môme il faisait tourner les têtes sur son passage. Elle se demanda néanmoins s’il garderait des cicatrices de leur bagarre. Probablement. Loin de la dégoûter, l’idée la ravissait. Aucune de ces louves n’avait eu le cran de marquer sa peau. Aucune de ces sirènes n’avait eu l’audace de refermer les mâchoires sur lui pour le tatouer définitivement.
Elle papillonna des cils à mesure que les paroles de la guérisseuse crevaient ses tympans. L’air brûla dans ses poumons, la faisant suffoquer à l’intérieur. Son visage se referma soudainement, ne laissant rien de la sensibilité qui l’avait hanté pendant une petite heure. Elle redevenait la guerrière, celle qui ne renonçait pas. Qui ne perdait jamais. Elle accompagna la femelle pour s’asseoir possessivement aux côtés de son frère. Elle voulait veiller sur lui. Dieu seul savait si Impera n’avait pas un coup de cœur pour lui.
Ses lèvres demeurèrent scellées durant de longues minutes. La Marcheuse observait seulement ses faits, ses mouvements. Elle réprima un élan de violence en voyant la Yuubae se pencher pour parler à son jumeau. Elle murmurait, si bien que Shyvana ne pouvait pas suivre ses propos. Elle chercha du réconfort dans ces deux, là, qui s’ouvraient doucement. Lui aussi posait ses billes sur sa peau. Elle en était troublée, puis ravagée par la jalousie lorsqu’il accordait un peu d’attention à la guérisseuse. Il sombra de nouveau dans le sommeil. Shyvana s’accrocha au peu de bonté qui lui restait pour ne pas bondir, simplement pour l’obliger à vomir l’horreur qu’il venait de prendre sans broncher.
Quand Impera s’adressa à nouveau à elle, les yeux de la Marcheuse brillaient d’une douleur viscérale. Elle semblait en proie à des démons dont on ne se débarrassait jamais vraiment. Elle s’exhorta néanmoins au calme. Encore une fois. Ils avaient convenu de ne jamais évoquer avec qui que ce soit ce qu’il s’était passé entre eux. Shyvana savait n’avoir aucun droit sur lui. Elle vissa lentement ses orbes couleur d’océan sur la Yuubae.
- Je vais vous aider à le ramener au camp. Je resterai jusqu’à ce qu’il se réveille mais pas plus. Je ne veux pas être là quand il retrouvera pleinement ses esprits. J’irai voir Ezizh, comme convenu. Il saura raisonner Estesy, le convaincre de revenir là où est sa place.
Elle haussa les épaules avec une fausse nonchalance. Ses yeux rendus presque noirs par ses pupilles dilatées trahissaient son désarroi, malheureusement. La Marcheuse n’avait jamais su cacher ses sentiments ; par chance pour elle, Shyvana n’en ressentait pas souvent. Elle s’efforça de soutenir le regard de sa congénère. Pour une raison ou pour une autre, la brutalité de ses questions la dérangeait.
- Ma mère m’a emmené loin d’ici pour que je ne respire plus le même air que lui. Ce n’est pas sans raison. Elle n’aurait pas laissé sa maison derrière elle s’il y avait une autre solution. Il a décidé de nous rejoindre sans chercher à comprendre à quoi ils nous exposaient tous. Ma mère est âgée. Elle va bientôt mourir. Elle le sait, son don le lui a révélé au cours d’une vision. Elle espérait seulement me placer sous la tutelle de ma sœur aînée avant que ce jour n’arrive. Voilà pourquoi je suis partie. On s’est toujours battus. On a toujours été trop loin. C’est comme ça. On ne sait pas vivre ensemble autrement.
D’une œillade chargée de larmes amères, la Marcheuse la mettait au défi de la juger encore. Qu’elle essaye seulement, Shyvana lui ferait ravaler chacun de ses mots dans le sang.
Shyvana
Impera
Guérisseuse
Feux Follets : 196
Sam 11 Jan - 22:25
Le regard que me lança la louve me fut comme une pique dans tout mon corps. Encore plus méfiante maintenant, je ne savais pas ce qu'elle pensée, il était même impossible de sonder son esprit. Impossible. Sauf qu'il n'y avait rien de bienveillant dans ce regard. Ça, je le comprenais sans problème. Ce regard ne me plus pas du tout mais je n'ajoutais rien tandis qu'elle commençait à parler. J'hochais la tête le regard imperceptible, tout en surveillant à nouveau le mâle au sol. Je m'assurais que sa respiration restait constante tout en écoutant la suite des explications de la louve. Plus elle parlait, plus je me détendais, et même, je m'attristais presque de la situation. La colère restait toujours présente en moi, mais ce n'étais rien à la douleur que ressortait des mots de Shyvana. J'étais presque étonnée qu'elle me parle de tout ça et sa voix chevrotante me rappelait que trop bien des douleurs que j'avais moi-même connue. C'est vrai que cette histoire ne pouvait pas bien se terminer. J'apprenais enfin donc, pourquoi Shyvana avait quitté Yuubae. Ce n'était peut-être pas un secret mais je n'avais jamais connu la cause de ces départs. Je relevais le regard à nouveau vers elle lorsqu'elle eut fini et ce qu'elle me jeta ne fut à nouveau que peu agréable mais je pouvais comprendre sa douleur, et je n'étais pas stupide pour ajouter quoique ce soit à ce sujet.
- Ton frère va devoir beaucoup se reposer avant de reprendre la totalité de ses aptitudes. Il est parti pour plusieurs lunes de rééducation. Mon apprenti va pouvoir s'entraîner sur un patient à long terme, il sera ravi.
J'ajoutais ces dernier mots rapidement avant qu'elle ne prenne cette phrase comme une attaque personnel. Je fronçais le museau en m'apercevant que cette réplique pour détendre l'atmosphère ne pouvait être prise positivement seulement par un autre guérisseur. - Enfin, bref, je suis sûr qu'il reste une place à Yuubae pour lui, mais s'il veut revenir auprès de toi et de ta famille, on ne pourra rien faire.
Des bruissements derrière nous se firent entendre et la sentinelle apparue à nouveau avec une autre louve. Celle-ci regarda la scène comme si elle n'en croyait pas ses yeux mais elle n'ajouta rien à la situation. J'allais chercher des toiles d'araignées pendant un temps et quand j'en eu assez je disposais un lourd bandage sur la longue balafre du loup. Je ne voulais surtout pas qu'une goutte de sang tombe durant tout le trajet. Une fois se dure travail fait, je regardais les deux sentinelles.
- Personne ne s'appuie sur les toiles. La plus forte prend le bassin et une autre s'occupe des épaules.
Je me tournais vers la Shin'Kan. - Ne te fatigues pas trop Shyvana, tu as des blessures et des ecchymoses un peu partout, je ne veux pas que tu t'épuises et que tu attrapes un virus par ce froid. On tournera pour que sa tête ne tombe pas vers l'avant. Si tu es d'accord ?
Je souriais légèrement pour calmer toute la lourdeur des événements. Shyvana n'était pas mon ennemi, je devais me rentrer ça dans le crâne.