Cepheid laissa échapper un petit rire nasal. Ses mômes avaient ce don, là, de ne jamais réellement grandir. Ils jouaient seulement aux loups matures devant les autres mais, une fois protégés par les murs de leur petite tanière personnelle, ils redevenaient ces enfants un peu idiots. Ces garnements trop crédules. Shaula lui donna un coup de museau dans l'épaule pour la punir.
- Trop nulle la blague... - Je sais. Qu'est-ce qu'il y a ? - Tu crois que les vagabonds vont revenir ?
Décontenancée, Céphée lança une œillade à sa fille — ou, plutôt, à sa petite sœur — dans la pénombre. Elle se demandait parfois si ses petits se souvenaient des premiers mois durant lesquels ils avaient aussi été des « vagabonds » sans foi ni lois. Probablement pas. Sinon, Shaula n'aurait pas si peur à l'idée qu'ils passent à nouveau les frontières. Elle chercha ses mots sans les trouver. Elle ne pouvait pas promettre qu'ils ne refouteraient jamais les pieds dans le coin, les rumeurs voulaient que certains n'aient pas froid aux yeux.
- Tu n'as rien à craindre. Les sentinelles veillent sur vous. Je veille sur vous. D'accord ?
Shaula hocha doucement la tête dans l'obscurité, puis se rallongea auprès de Shaïl qui dormait sans aucune préoccupation. Cepheid s'accorda quelques minutes pour écouter les respirations ralenties des trois enfants. Une fois sûre que la dernière s'était rendormie, la mère se redressa le plus silencieusement possible. Elle n'avait plus sommeil. En réalité, l'anxiété de Shaula n'avait pas manqué de l'atteindre. Céphée aussi s'inquiétait de l'intrusion récente. Des rumeurs couraient sur le sujet mais personne ne savait réellement comment les choses s'étaient déroulées.
La sentinelle avait espéré qu'on la prenne, un jour, pour lui expliquer. Pour lui dire de qui ou de quoi se méfier. Pour lui donner de nouvelles indications sur les fronts les plus sensibles, sur lesquels ils devaient s'attarder dorénavant... Elle nageait en eaux troubles, en somme. Décidée à soulager ses bébés de leurs peurs secrètes, Céphée se laissa guider par ses habitudes vers les frontières Akatsuki. Elle marcha un moment, observant le silence de la nuit. Il faudrait plusieurs heures encore avant que le jour ne se lève. Le soleil devenait paresseux à ces périodes de l'année.
Arrivée à proximité du lieu où la « scène » se serait déroulée — le long de la rivière —, Cepheid libéra son pouvoir. Elle lui donna la permission de sonder les environs, de lui créer une image peu nette des alentours. Elle remarqua cependant qu'une ombre faisait rebondir ses ondes sans que celles-ci parviennent à en décrire la forme. Une cible en mouvement. Son cœur s'emballa. Un nouveau solitaire venu causer des problèmes ? La sentinelle s'habilla de son manteau de discrétion pour avancer vers l'animal. Elle marchait prudemment dans la poudreuse fraîche. Enfin, le corps du concerné apparut. Céphée parvenait à retenir son soupir de soulagement en reconnaissant une femelle de sa meute. Pour ne pas surprendre la sentinelle — qui n'était pas forcément en service, après tout —, la mère de famille griffa délicatement la neige en se redressant. Elle adopta une posture neutre, adoucie d'un sourire doux.
- Mahina, bonjour. (Cepheid parlait bas pour ne pas surprendre la future mère.) Mon pouvoir a détecté une source de vie. Je suis contente que ce soit vous et pas un autre vagabond.
Céphée émergea des broussailles pour de bon, puis adressa un signe de tête à sa congénère.
Cepheid
Mahina
Sentinelle
Feux Follets : 93
Lun 27 Jan - 18:45
ft. Cepheid
Les grandes marées. Discuter de l'avenir. ~
Ô Mahina. Toi qui as toujours préféré ne pas convoiter ce que tu ne pouvais atteindre, tu étais de ceux qui attendent tranquillement que l'orage se réveille pour enfin montrer de quoi tu étais capable. Opportuniste ? Ce n'est pas ce que tu es et tu ne le seras jamais. Tu es sincère, obstinée, fidèle mais surtout, tu ne plies jamais face à ce en quoi tu ne crois pas.
Elle tourne la tête en direction du ciel qui avait revêtu son plus beau manteau. Son regard scruta rapidement les étoiles et leur luminosité: elle en déduit que la nuit était bien avancée et que bientôt, le soleil prendrait le pas sur sa dame lune. Parfois trop absorbée par la mission qu'incluait son rôle de Sentinelle, elle en oubliait depuis combien de temps elle surveillait les frontières. Elle secoua la tête pour jurer contre son manque de professionnalisme dans certaines situations qu'elle avait vécu il y a un certain temps.
Elle avait rapidement atteint la Rivière de sang, elle aimait particulièrement cet endroit qui lui rappelait la couleur de ses yeux, du sang ou encore de la lune rouge qu'elle vénérait avec tant de dévotion. Elle regarda tout d'abord les arbres qui l'entouraient, puis une fois qu'elle fut rassurée sur le calme quasi-total de la nuit, elle se déraidit quelque peu.
Sa truffe se trémousse doucement, elle reconnait une odeur qui lui est familière. Elle s'avance la belle blanche, elle fait quelques pas et quand elle entend la voix qui confirme ce qu'elle pensait, ses muscles se détendent et elle s'avance instinctivement jusqu'à elle.
« Bonjour Cepheid. Je suis heureuse de voir que tu es si impliquée en tant que Sentinelle. »
Elle était sincère, savoir que d'autres loups de sa meute étaient plus impliqués que Kamira la rendait réellement heureuse, elle détestait les incapables et les tirs au flanc.
« Comment vas-tu ? J'aimerais te poser une question, si tu veux bien. »
Elle n'allait pas tarder à avoir ses petits et tout un tas de questions se bousculaient dans sa tête, même si elle n'en parlait jamais, elle voulait des réponses et son angoisse grandissait au fur et à mesure que les jours passaient lentement. Les événements des jours précédents n'avaient pas arrangés son état.
Mahina
Cepheid
Sentinelle
Feux Follets : 153
Mar 11 Fév - 15:07
Si Céphée n'a jamais eu à se plaindre de personne au sein du groupe Akatsuki, Mahina occupe une place assez spéciale dans son cœur. Déjà parce que c'est une femelle sentinelle, mais surtout parce que c'est une future mère. Elles ont, par ailleurs, plus ou moins le même âge. C'est sûrement pour cela que sa timidité naturelle s'effondre en présence de la belle louve blanche.
Mahina lui rend son sourire en se rapprochant, ce qui a pour effet de réchauffer son cœur qui piaffe d'impatience en l'absence de son âme-sœur. Cepheid esquisse quelques pas vers la princesse aussi, puis lui adresse une brève révérence pleine de déférence. Si Céphée n'a pas connu les codes des meutes durant son enfance, elle n'a eu aucun mal à s'y conformer à son arrivée. La survie de ses enfants en dépendaient, après tout.
- C'est bien normal. Nous sommes le premier rempart entre les envahisseurs et le camp. Pour le bien de tous, il vaut mieux que nous soyons assidus ! En particulier lorsque la meute attend un heureux événement.
Le sourire de Céphée croît un peu plus. Elle est sincèrement heureuse à l'idée que des bébés arrivent bientôt. Son instinct maternel ne s'est jamais tari, même pas après que les siens soient devenus grands. Elle espère seulement que les choses se passeront bien pour la jeune mère. Elle sait que les accouchements en plein hiver sont dangereux ; après tout, ses petits sont nés à la même période. Kraken a dû faire beaucoup de sacrifices pour la nourrir suffisamment ; dans le cas contraire, les jumeaux n'auraient pas eu assez de lait pour passer la saison.
Mahina reprend la parole. Ses questions surprennent Céphée qui lui propose — d'un mouvement du museau — de s'asseoir ensemble au bord de l'eau. Rester debout avec un ventre rond n'est pas nécessairement ce qu'il y a de plus confortable. Les bébés doivent commencer à peser lourd à ce moment de la grossesse. D'un seul regard, la sentinelle peut dire que sa collègue est proche de son terme.
- Je vais bien, merci. Asseyons-nous, les petits se sentiront mieux s'ils reposent sur autre chose que le vide. (Elle se prend aux mots elle-même et se laisse aller sur le sol couvert de poudreuse.) - Et toi, comment vas-tu ? Je t'en prie, pour les questions. Tu peux me demander ce que tu veux. Ça restera entre nous, bien entendu.
Elle couve la mère en devenir d'un regard patient, puis attend les fameuses interrogations.
Cepheid
Mahina
Sentinelle
Feux Follets : 93
Lun 6 Avr - 14:49
ft. Cepheid
Les grandes marées. Discuter de l'avenir. ~
Ô Mahina. Toi qui aimes plus que tu ne veux le montrer à chaque fois que l'on te demande. Toi qui sais maîtriser chaque parcelle de ton corps pour ainsi ne jamais montrer quoique ce soit sans le vouloir. Tu préfères qu'ils pensent que tu es froide, sans cœur et discrète pour qu'ils ne se doutent jamais de celle que tu es réellement. Tu ne veux pas devenir un monstre à leurs yeux impurs.
Elle avait acquiescé quand Cepheid avait répondu que vous étiez ceux qui devaient être les premiers à protéger le camp et les autres loups en cas d'intrusion ou d'attaque et Mahina était entièrement d'accord, elle n'aurait pu trouver mieux à dire. Un nouveau sourire s'étira sur sa face blanche quand sa douce amie lui parla de sa mise-bas prochaine, même si celle-ci était une source de questionnement constant, elle était heureuse d'avoir eu la chance de pouvoir donner la vie. Même si pour le moment elle savait que rien n'était gagné d'avance.
« Je dirais que ça va. »
D'instinct elle avait jeté un regard à son ventre anormalement arrondi, elle n'en avait visiblement pas l'habitude et ses inquiétudes ne faisaient que grandir à mesure que le temps s'écoulait. La blanche aimait savoir qu'elle pouvait compter sur au moins un autre loup dans la meute, si seulement elle savait ce qu'elle préparait dans le plus grand secret... Comment pourrait-elle la qualifier alors qu'elle-même voulait remplacer sa mère sur le trône...
Son regard se reporta vers son amie et quand celle-ci lui proposa de s'asseoir elle se rendit vraiment compte qu'elle n'était pas invincible. La fatigue la gagnait plus rapidement que d'ordinaire et elle détestait cela: avoir l'habitude de pouvoir aller et venir à sa guise pendant plus de 3 ans et de devoir se traîner pour en faire la moitié la rendait encore plus anxieuse.
« Est-ce que... Tu penses que je les mérite... ? »
Sa question lui avait échappé, or maintenant qu'elle était sortie elle savait que ce n'était pas qu'une idée sotte qui lui était sortie de la gueule sans prévenir, mais bien une idée profonde qu'elle ressassait depuis quelques temps.
« J'aimerais être une bonne mère, mais j'ai peur de ne pas y arriver... »
Sa tête s'était tournée vers le courant de la rivière de sang, préférant s'y perdre plutôt que de croiser un regard qui pourrait la juger.
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