Je baillais à m'en décrocher la mâchoire. L'aube s'installait et je me surprenais encore à voir combien j'avais bien dormis cette nuit-là. J'en savais la principale cause et c'était avec un sourire rayonnant que je m'étirais pour bien commencer la journée. Je fis d'abord un tour vers mes patients. Il y avait une entorse pendant une chasse, deux toux sévères, et c'était tout. Le premier dormait toujours et je me m'étais déjà dans un coin de ma tête qu'il pourrait bientôt rejoindre la grande tanière. Les toux étaient plus grave. La morsure de l'hiver, glaciale et dangereuse avait fait des dégâts mais je me réjouissais qu'il n'y ai pas eu d'épidémie. Je m'approchais de la première femelle pour écouter sa respiration sifflante. Serrant les dents, celle-ci ouvrit les yeux.

- Je vais chercher ce qu'il faut chuchotais-je doucement.

Je partais vers mes remèdes pour préparé une petite concoction de thym mélangé à du miel. Ce remède était de ce qu'il y avait de plus efficace. Je l'espérais tout du moins. Je déposé deux petites préparations sur des écorces plates puis je l'ai déposé devant mes deux patientes. Je souriais bienveillantes et une fois mon remède avalé, je leur disais de se reposer encore un peu avant qu'elle puissent faire un petit tour dans ma tanière histoire de se dégourdir les pattes. Un chasseur amena deux lapins des neiges pour mes patients et je le remercia gentiment de ce geste. Une fois mon travail accomplis, je pris le temps de faire une bonne toilette. Impera toujours présentable, ça ça ne changeait pas, puis j'allais chercher un morceaux de viande. Je déjeunât seule dans un coin, mais j'en avais l'habitude. J'avais tout de même le sentiment que des regards se tournaient plus souvent vers moi depuis que la meute avait appris la nouvelle. Certes, nous n'y étions pour rien dans toute cette histoire, mais les rumeurs étant ce qu'elles étaient, la meute avait bien vite comprit que Nehëmah et moi étions plus que des loups appartenant à une même meute.
Ce qui me changeait la vie, c'est que plus aucun mâles n'osait venir me parler. J'entendais pourtant des murmures surtout venant des autres femelles qui ne comprenait pas comment tout ceci s'était goupillé. "Nehëmah, le loup le plus étrange de la meute et notre guérisseuse. Ensemble ? Y a de quoi se poser des question..." ou en core "Encore un mâle prit au piège dans les filets d'Impera". Je ne trouvais pas ses remarques méchantes, j'y voyais personnellement quelques jalousies mal tournée, et peut-être que la Impera d'avant aurait mal prit ces chuchotements. Mais la louve que j'étais devenus s'en fichais royalement.
Oui, j'étais devenue plus forte, je le sentais. J'avais pris cette confiance en moi et je ne m'en séparerai plus jamais. Mes entraînements avec Lunaire et Apollo m'aidaient déjà à me sentir plus puissante, et le fait de savoir que j'avais quelqu'un avec qui partager ma vie me rendait vivante. Oui c'était le mot. Oh, il y en avait bien un avec qui le message avait du mal à passer. Bien sûrs qu'il s'agissait de mon ancien "ami" Saké. Je ne sais pas si c'était de la haine que je voyait dans son regard lorsqu'il me regardait ou si c'était maintenant du dégoût. Je n'aurait pu le dire.

La journée passa tranquillement. Nehëmah était partit, je le savais hélas, en mission et je ne l'avais pas vu depuis deux jours maintenant. Après tout, il valait mieux qu'il en soit ainsi. Ne pas trop se voir pour savourer tout les instant passer en sa compagnie. La fin de journée se passa dans les terres du centre. Je cherchais dans les montagnes escarpés des jeunes plants de genévrier. Plantes robustes et trouvable dans des endroits montagnards, froid et sec. Utile pour l'énergie et la fluidité du sang. Poison à trop grosse dose. Cela faisait un petit moment que je repoussais la journée de cette récolte. Elle était loin, pas facile et assez fatigante, mais j'avais bien fait. Le vent du nord ébouriffante mon pelage m'aérer l'esprit et la vue était tout de même à cette endroit spectaculaire. On pouvait dire que si on tournait sur soi-même à quelques endroits, on pouvait voir tout le pays.

Je finissais mon travail et il était bientôt l'heure de rentrer. J'avais eu du mal à dénicher ce que je cherchais mais mes efforts avaient fini par payer. Je profitais de ses derniers instant de calme que j'appréciais dans mon métier pour admirer le paysage. Les montagnes de Yuubae étaient bien visible. Je restais assise là, en paix.

Je n'avais rien entendue. Perdu dans mes pensées, j'étais complètement inconsciente ! Mais peu importait, une odeur, un front derrière mes omoplates et une voix. Il en faut peu pour faire affoler son coeur. Je tournais ma tête et mon regard perdu s'illumina soudain. Je me relevais et comme un louveteau, je lui sautais dessus. Oui, j'avais réellement changer, je me sentais si libre lorsque j'étais en sa compagnie. Était-ce si mal ?
On s'écrasait lourdement sur le sol et je m'étalais sur lui de tout mon poids. Je l'avais dit, comme un louveteau...

- Je ne savais pas que tu rentrais bientôt, murmurai-je en lui léchant la joue avant de me décaler pour qu'il respire. Je suis heureuse de te voir Nehëmah, si je m'attendais à ça...

Mes yeux dorées brillaient et je ne me lassais plus de ses deux émeraudes. Il était fou de se dire que j'avais si longtemps lutter avant d'accepter la vérité. A quand remonter cette scène ?
Je me raclais la gorge avant de poser ma tête sur son flanc pour l'empêcher de se relever.

- J'avais besoin de genévrier déclarai-je pour répondre à ses paroles. Et j'aime bien cet endroit. Tu vas bien ? terminai-je en faisant bien sûr allusion à sa mission.

Qu'il est bon de se sentir aimée par quelqu'un. On a tout de suite l'impression que le monde nous appartient. On ne subit plus ses caprices mais on chante avec lui.
Je lève le museau pour l'observer. C'est un beau mâle. Fort, discret, et très solitaire. C'était peut-être aussi ça aussi qui m'avait convaincu. Au fond, Nehëmah et moi étions très proche. Nous avions tout les deux perdus les êtres les plus chères à nos cœurs, nous nous étions enfermés derrière des murailles puissantes, et nous nous sommes aidés pour passer au-dessus.

- C'est pareil pour moi. Je sens... je sens que quelque chose a changé en moi.

Je me redressais pour me coucher contre lui. Je tournais mon regard vers les montagnes au loin.

- Je sais pas comment l'expliquer... comme si la véritable Impera venait de surgir en moi. Et... enfin, je suis en paix maintenant. Grâce à toi. J'espère que tu ne l'as détestera pas... rigolais-je légèrement gêné avec une pointe d'angoisse.

- Bien sûrs il me reste quelques rancœurs. Mais je ne sais même pas pourquoi je te dis ça dis-je en ébrouant ma tête. J'arrête de me tracasser !

Je souriais vers l'espion. Ce bel et mystérieux phénomène. Il était difficile de se remémorer comment cette histoire avait commencé.
Je devenais soudain sérieuse, mon sourire s'effançant peu à peu pour laisser place à la réflexion qui était la mienne. Toujours cette angoisse, on ne pouvait pas changer du jour au lendemain...

- Comment vois-tu notre avenir Nehëmah ? Crois-tu que tout ceci déclarais-je en montrant le paysage pour finir sur lui, peux bien finir ?

Nous avions tout les deux soufferts, les Akatsuki étaient puissant, et la nature plus puissante encore. Je faisait allusion à la mort de notre meute d'enfance, au tremblement de terre... et à nous deux.

L'affection qu'il me portait apaisé un peu de mon tracas.
Encore trop tracassée Impera... Encore et toujours...
J'écoutais ses paroles rassurante. Moi toujours bavarde, qui pourrait dire les choses en deux mots mais qui compliquait tout, lui qui pouvait rassurer quelqu'un avec seulement quelques mots bien choisit.

- J'entend cette promesse alors. Tu as raison, mieux vaut être deux... enfin... mieux vaut ne pas être seul dans ce monde.

Je faisais allusion a ses autres. J'avais plusieurs questions sur eux et aussi étrange que cela puisse paraître, je me demandais s'ils m'appréciaient tous. C'était délicat, et j'avais peur des réactions que cela pouvait engendrer. On était si bien, rien que tout les deux à ce moment précis.
Je voulais pourtant construire quelque chose avec Nehëmah, encore une fois je venais peut-être tout gâché mais peu importait, je voulais savoir avant... avant je ne savais pas encore quoi.
Je me retirais doucement de ses léchouilles pour me mettre en face de lui en prenant la posture de quelqu'un qui attend des réponses.

- J'aimerai bien que tu me présentes... enfin, que je rencontre tes voix. On t'ils des noms ? Je ne sais même pas qui ils sont. Enfin je sais juste que y en a un qui veut me manger...

Je plissais les yeux soucieuse mais j'avais dit ça avec un sourire en coin. Je connaissais bien l'espion maintenant. Je ne voulais surtout pas qu'il se renferme sur lui même devant ce sujet délicat.

- Je comprendrai si tu ne veux pas.

Il semble hésiter. Je sais très bien que j'ai touché un point sensible, mais je pense avoir le droit de savoir. J'écoute son soupir sentant la nervosité m'attaquer. Puis Nehëmah commence à s'expliquer. Je l'écoutais attentivement, au fond de moi, je sentais comme une flamme s'embraser tant j'étais heureuse qu'il m'explique enfin. Il aurait put refuser après tout, nous n'avions jamais réellement parlé de notre passé respectif ni de nos sombres pensées. A travers ces paroles, je me rendais également compte que j'étais tombé amoureuse d'un loup courageux. Et j'en étais fière.
Son petit rire me fit pencher la tête sur le côté. Le sourire en coin je l'écoutais me parler de Diablo. Le plus puissant donc... Sûrement le plus cruel donc. Je mettais comme des notes dans un coin de ma tête sans interrompre mon espion. Le voir autant parler était une première. Il fallait se l'avouer, Nehëmah n'était pas bavard pourtant il prenait soin de m'expliquer tout ; comme explique un père à chasser à son petit.
Je sentais mes oreilles chauffés, quelle idée j'inventais encore ?...
Plus il me parler de Diablo plus je commencer à cerner le premier personnage. Je n'oublierai pas la fois ou Diablo m'avait regardé comme une vulgaire proie. Et même si Nehëmah ne le comprenait peut-être pas, il me faudrait du temps pour apporter ma confiance à celui-là.
Le mâle me raconta ensuite un peu de son histoire. Au fil de ses paroles, j'avais à nouveau envie de me blottir contre lui pour aspirer un peu de la souffrance qu'il avait du vivre. Je me morfondais seule sur mon histoire alors que d'autres avaient vécus des choses aussi atroces. Je revoyais encore les autres femelles chuchoter sur Nehëmah quand nous étions petits. Le loup bizarre qui ne parle à personne. Qu'est ce que je disais alors avec ma sœur à l'époque ? Je baissais les yeux un instant.

Mon museau se redressa soudain quand sa voix s'était stopper pour laisser place à la même voix mais avec des mots différents. Je plissais les yeux devant Diablo. Cela ne pouvait être que lui, non ? Il fallait se l'avouer, s'était étrange psychologiquement de se dire que l'être que l'on aime partage le corps avec d'autres individus. Je l'avais accepter, je ne le jugeais pas. Diablo continua avec ses propres explications. Il me tournait autour et j'avais un peu plus de mal à le voir comme un gentil camarade. Lorsqu'il s’assoie, les paroles qui sont prononcé par la gueule de Nehëmah me font comprendre qu'il s'agit d'un autre. J'hochais la tête un peu perturbée, devant ces paroles effectivement sérieuse.
J'ouvrais la gueule pour lui répondre que je savais très bien dans coin je m'engageais mais le fait qu'il se rapproche de moi me laissais pantoise et je fermais ma gueule. Comparée à Diablo, lui semblait si proche de Nehëmah que je sentais mon cœur s'emballer malgré moi.
Puis, se fut comme si on m'arrachait un poids de mon estomac quand, une de ses voix me rassura.

Le silence s'installe dans la montagne.

Nehëmah semblait se réveiller d'un rêve étrange. Si il pouvait savoir comment mon esprit était à ce moment là. Tout se chambouler, s'entortiller, j'avais eu réponses à tellement de questions en l'espace de quelques minutes que j'en avais le vertige. Je ne savais même plus où j'étais pendant quelques secondes. Trois. Diablo, Dagon,et... il me manquait le nom du troisième. Comment décrire tout les sentiments qui venaient frapper ma petite tête ? Son pouvoir ; les trois s'étaient montrés à moi. Sans colère, sans haine, avec seulement des explications, de la curiosité et des réponses. Ils m'acceptaient, et de le savoir, c'était peut-être stupide... mais cela me faisait un bien fou.
Reprenant peu à peu mes esprits, je sentais une énergie nouvelle jaillir dans mes veines. S'il avait fallut chasser une horde de cervidés, j'étais persuadée que j'aurais pu courir aussi vite que la foudre.

Pourquoi baissait-il les yeux ? J'avalais ma salive qui s'était accumulée pendant tout ce dénouement puis je m'approchais de lui. Il réagissait comme lors de nos premiers face à face. Gêné, peureux de ce que je pouvais penser. Et je le comprenais. Sauf que ce qu'il ne savait pas encore c'était que toute la gêne qui était nés entre nous, toutes ces complications et ses chemins sinueux s'étaient extirper de mon corps. J'avais tout maintenant.
Je baissais ma tête pour lui relever le museau pour le forcer à me regarder.

- Merci.

Je me reculais d'un pas.

- Ils ont terminé ce que tu avais commencé. Je lui souriais gentiment. Nehëmah, jamais je n'aurai honte de ce que tu es. Je t'ai choisis et je ne sais pas si tu te rends compte du bonheur que tu viens de me donner.

Je fermais les yeux. Je ne savais pas si c'était le bon moment mais comme Nehëmah m'avait enfin dit tout ce dont j'avais besoin, il était temps peut-être pour moi aussi...

- Tu viens de m'expliquer un de tes plus grands secrets. Je veux mettre avec toi au tapis mon passé si tu es d'accord alors à moi de te dire ce qui m'empoisonne. Tu t'en fiche peut-être après tout...

Je baissais les yeux et je réalisais que mes membres tremblaient légèrement. Mais j'étais persuadée qu'une fois que je l'aurai raconté à la personne que j'aime, je pourrai dire une bonne fois pour toute, adieu à mes cauchemars. J'inspirai donc.

- Quand j'étais petite, j'étais très proche de ma sœur Karagane. Je ne sais pas si tu t'en souviens. De vrai petites pestes qu'on était ricanais-je gauchement. Comme tu le sais, j'arrive à maîtriser un peu l'eau, et ma sœur, elle s'était la glace. On était si proche...

Je me perdais un instant dans mes souvenirs, et pour une fois, aucune larmes venaient s'ajouter à mon récit. Ce que j'avais toujours cru impossible.

- Ma sœur a suivit la voix de mon père, espion comme toi. Moi, c'était la guérison. Mon père est mort lors d'une mission. Un accident je pense... et puis il y a eu le tremblement de terre. Un arbre est tombé sur ma mère mais elle n'est pas morte... je... j'ai essayé de la sauver pendant plusieurs jours mais elle a finit par partir... et... je n'ai pas revu Karagane depuis le tremblement de terre.

Je soupirais.

- Je me persuade depuis que je suis a Yuubae qu'elle a survécu, toutes ces nuits de souffrance j'espère au fond de moi qu'elle a fait sa vie dans la forêt, ailleurs. Mais il est temps que j'assume la réalité. Elle est partie elle aussi.


Je reniflais bruyamment puis regardait Nehëmah.

- Voilà, tu connais la légende d'Impera maintenant, ricanais-je à nouveau. C'est si stupide.

Je m'approchais à nouveau de lui pour placer ma tête contre son coup. Si j'avais su en me réveillant ce matin qu'il se passerait autant de choses, j'aurais sûrement rien avalé de la journée. Ma tête était libre à présent, non, je ne pleurerai pas. Pas de tout ça.

- Tu connais tout de moi. Sauf ma connaissance en plantes plaisantais-je pour finir.