Je tournais en rond depuis au moins une heure. Je ne savais pas quoi faire. Oui, je m'ennuyais. Aller m'entraîner ? Non, j'ai passé la journée à faire ça, j'en ai marre. Dormir ? Pour quoi faire ? Je n'ai pas sommeil. Me balader ? Je sais pas... Oh ! Oui, je viens d'avoir une illumination, j'avoue. Et si j'allais chasser. J'ai envie de courir derrière des proies et sentir l'excitation et l'adrénaline dans mes veines. Je me dirige donc vers la sortie de la tanière pour aller vers la forêt. Enfin, pour le moment. Je n'ai pas encore choisi mon terrain de jeu.
C'est alors que je vois ma meilleure amie au loin. Ça me donne une idée.
« Eh Lum ! Ça te dit une petite chasse ? J'ai envie de choper des proies, tu veux venir avec moi ? »
J'attendis la réponse de la princesse Aka. Je savais bien que Lumen n'aimait pas trop chasser, parce qu'elle dit qu'elle n'est pas douée. Mais je suis convaincue du contraire. Je l'ai vu à l'oeuvre. Il faut juste de la persévérance. J'espère qu'elle sera d'accord, ça nous permettra de passer du temps ensemble et de nous amuser un peu. C'est toujours drôle les chasses à plusieurs.
Les flocons s'accumulent doucement pour former la poudreuse. Céphée, les yeux levés vers le ciel, cherche à y lire l'heure à laquelle son seul amour va rentrer. Kraken n'est pas revenu depuis quelques semaines, déjà ; le moment des retrouvailles se rapproche. Oh, oui. Il n'a même jamais été aussi près. Elle ne peut plus respirer, Cepheid. Elle a hâte. Ils vont pouvoir repasser un peu de temps ensemble. Qui sait ! Peut-être que Kraken a enfin mis la patte sur sa sœur. Ils pourraient, dès lors, reformer une vraie famille...
Elle soupire. Les secondes s'écoulent affreusement lentement ; il n'y a bien que ses responsabilités qui parviennent à calmer ses ardeurs. Malheureusement, Céphée est en congé. Elle a cru — innocemment — que sa journée serait consacrée à ses enfants mais... Mais, comme les choses ne se passent jamais comme prévu, ils sont tous les trois occupés à leurs tâches respectives. Son fils, Shaïn, est débordé par l'afflux des malades. Les blessés aussi se succèdent devant sa tanière de travail. Shaïl aide ses aînés à former les prochains guerriers, et Shaula se démène pour sécuriser les frontières. L'accouchement de Mahina a demandé à ce que les autres sentinelles se partagent un peu ses horaires pour qu'elle n'ait pas à quitter ses petits.
Seule, donc, Céphée crève d'ennui ou d'impatience. Ou des deux, en fait. Aussi, lorsque les bribes d'une conversation parvient jusqu'à ses oreilles, la mère de famille balance les yeux vers la paire de femelles. L'une des deux est la jolie Lumen, la princesse. Cepheid ne pense pas lui avoir déjà parlé réellement. Même chose pour sa camarade. Shimera, de souvenir. Une guerrière. Elle se glisse vers elle, un sourire timide peint sur les lèvres. Son cœur bat fort.
- Excusez-moi ? (Elle hésite un peu.) Je n'ai pas pu m'empêcher de vous entendre et je... Hem. Je me demandais si je pouvais vous accompagner ? J'aimerais me rendre utile mais je n'ai pas croisé de groupe de chasse depuis ce matin.
Elle se pince les lèvres, priant pour que les jeunes louves ne soient pas ennuyées par sa demande. Elle n'aime pas s'inviter, normalement, mais ne voit pas réellement comment se faire de nouvelles relations autrement.
Cepheid
Lumen
Espionne
Feux Follets : 26
Jeu 9 Avr - 13:50
Ft. Shimera & Cepheid
Et 1, et 2, et 3... chasseuses
Comment la vie peut-elle être si cruelle ? Comment avons-nous pu en arriver là ? Qui a décidé que ma famille devrait vivre une telle tragédie ? En dehors d’Ikhaïl, Laliona est sans doute celui parmi mes frères et sœurs dont j’étais le plus proche. Quant à papa… Papa… J’ai plus d’un an maintenant mais je me sens encore si jeune, si petite. J’ai encore besoin de lui, de ses conseils, de sa chaleur…
Au fond de la tanière, je secoue vigoureusement la tête. Je ne dois pas penser à ça. Pas encore. Ça fait une semaine qu’ils ont disparu. Une semaine que leurs corps ont été retrouvés. Une semaine que je pleure en continue. Je ne peux pas me permettre de continuer ainsi. Je dois continuer à vivre comme d’habitude. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire.
Alors que je sors de la tanière principale, je décide d’aller à celle de mon frère jumeau. Peut-être que je pourrai un peu l’aider dans son travail ? Ça me changera les idées. Certains disent qu’Ikhaïl est sans cœur parce qu’il passe tout son temps à s’occuper des malades, ranger sa tanière, faire l’inventaire, encore ranger sa tanière. Personne ne l’a vu pleurer. Mais moi, je sais pourquoi il fait ça. C’est simple. Plus tu travailles, plus tu es occupé, moins tu penses. Et moi, j’ai beaucoup trop de temps pour penser depuis que Maman m’a obligé à rester dans le territoire de la meute « Par mesure de sécurité ».
Mais ce n’est pas sur le jeune guérisseur que j’ai fini par tomber mais sur Shimera. Comment fait-elle pour elle heureuse comme ça ? Comment fait-elle pour me sourire alors qu’elle sait très bien ce que ça fait de perdre des membres de sa famille. Après tout, elle a perdu ses deux parents.
– Tu sais, je n’ai pas trop la tête à ça en ce moment…
Mais je n’ai pas le temps de finir ma phrase qu’une louve, plus âgée, vient dans notre direction et demande si elle peu se joindre à nous. Il va être plus délicat de refuser maintenant…
Enfin, peut-être que ça me changera les idées. Chasser devrait même me faire du bien. Et puis, je n’ai jamais parlé à la sentinelle mais il parait que Cepheid est du genre douce et calme. C’est exactement ce dont j’ai besoin. Me rendant bien compte que la mère de famille n’y ait pour rien dans mes états d’âmes, je fais de mon mieux pour lui sourire.
– Évidemment que tu peux venir. Shim, on te suit !
J’ai l’impression d’avoir mis toute mon énergie dans cette exclamation. Espérons qu’il m’en restera un peu pour chasser.
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Je tournais en rond depuis au moins une heure. Je ne savais pas quoi faire. Oui, je m'ennuyais. Aller m'entraîner ? Non, j'ai passé la journée à faire ça, j'en ai marre. Dormir ? Pour quoi faire ? Je n'ai pas sommeil. Me balader ? Je sais pas... Oh ! Oui, je viens d'avoir une illumination, j'avoue. Et si j'allais chasser. J'ai envie de courir derrière des proies et sentir l'excitation et l'adrénaline dans mes veines. Je me dirige donc vers la sortie de la tanière pour aller vers la forêt. Enfin, pour le moment. Je n'ai pas encore choisi mon terrain de jeu.
