Thème n°4 - Aurore Étoilée - feat Lunaire
 
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Lunaire
Bêta
Lunaire
Feux Follets : 544
Dim 12 Jan - 23:06
C’est l’heure, Lunaire.
C’est l’heure.

Ouais.
Ouais… Elle devait partir. Partir pour mieux revenir. Revenir après avoir coupé des têtes, volé des souffles, arraché des cœurs. Peut-être. S’ils étaient réellement des ennemis, s’ils en avaient après leurs peaux, Lunaire y laisserait sûrement la sienne. Elle le savait.

Ouais.
Ouais… La chose n’en était pas plus facile à digérer pour autant. Elle n’avait même pas pu dire « au revoir » à ses proches. Elle avait préféré garder le secret sur sa mission, de peur que ses parents s’en mêlent. Elle ne supporterait pas qu’ils pleurent ou qu’ils s’énervent. Ou qu’ils l’accusent de prendre ses responsabilités trop à cœur. Parce qu’ils auraient eu raison. Parce qu’elle y serait allée quand même. Parce qu’ils se seraient laissés, là, fâchés. Et que, peut-être, ils n’auraient pas eu l’occasion de se réconcilier.

Ouais.
Ouais… La chose était mieux telle qu’elle avait été préparée. Un départ en pleine nuit pour arriver vers l’aube au camp présumé du groupe « ennemi », sans prévenir qui que ce soit. Seule Henael était au courant. Elles prenaient des précautions pour limiter les dégâts. Elles ne pouvaient pas se permettre qu’une guerre explose au milieu de l’hiver. Yuubae en souffrirait trop.

Ouais.
Ouais… Du moins, la chose aurait été parfaite si sa bouche n’avait pas développé une volonté propre dès qu’il était question d’un mâle en particulier. Son plan rôdé, Lunaire avait eu envie de le voir une « dernière fois » — au cas où. Elle n’avait pas réussi à lâcher un seul sourire, un seul mot. Elle l’avait seulement regardé dans le blanc des yeux, comme une imbécile. Puis, Lunaire avait avoué. Elle avait glissé dans un murmure qu’on l’envoyait sur les traces du groupe de vagabonds repéré au bord de leurs frontières. Finalement, la Bêta lui avait proposé de l’accompagner. « Au moins pour la route » que ses mâchoires avaient laissé échapper. Comme s’il s’agissait d’une promenade de santé.

Ouais.
Ouais… Heureusement, Lunaire avait réussi à passer sous silence l’essentiel. Dieu merci. Pas sûre qu’elle serait sur le point de se mettre en route, sinon. Elle soupira en maugréant. Il faisait froid, même pour un hiver rigoureux. Ils pourraient couper par la Mer Gelée pour gagner du temps. Les vagabonds qui l’intéressaient vivaient encore plus au Nord, là où personne n’allait jamais. Du moins, en théorie. Eux ne semblaient pas vraiment concernés par toutes ces conneries d’hypothermie, de proies presque inexistantes, de végétation quasiment nulle...

Ouais.
Ouais… Lunaire se lançait à la poursuite de putains de fantômes. Elle ne remarqua pas immédiatement le Veilleur quand il arriva. Ses yeux erraient seulement sur la banquise. Elle sursauta légèrement en sentant enfin sa présence, proche. Même son odeur avait envahi son espace, portée par les vents glacés.

- Salut. On y va ?

Au fond de son cœur, la Bêta espérait qu’il dirait « non », qu’il proposerait de rentrer au camp ensemble. Qu’il suggérerait de simplement bosser comme ils le faisaient d’habitude. Ou qu’il lui parle de Diamantis, qu’il lui ordonne de passer plus souvent pour remplir un peu mieux son rôle. Ouais. Mais il ne le ferait sans doute pas. Non, pourquoi ? Il ne savait pas.

Elle s’ébroua pour se donner du courage, puis posa la première patte sur la surface lisse de l’océan piégé par le froid. Une fine couche de poudreuse la recouvrait, assurant des prises relativement stables. Il ne manquerait plus qu’ils se cassent la gueule. Elle adressa une œillade en coin au mâle. Saleté de cœur qui n’arrivait pas à se taire. Ses battements irréguliers et trop rapides commençaient déjà à la saouler.

- La môme va bien ? Je n’ai pas eu l’occasion de lui dire au revoir. Elle jouait avec les autres. Je n’ai pas voulu la déranger.

Voilà. Parler de choses anodines pour oublier.
Lunaire
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Apollo
Veilleur
Apollo
Feux Follets : 34
Mar 14 Jan - 20:09

ft. Lunaire

Ad Honorem
Cette histoire a commencé lors d’une journée où je pensais sincèrement que rien ne pourrait venir obscurcir le ciel. Je m’étais levé tôt pour pouvoir remplir les fonctions de Veilleur et répartir les patrouilles du jour. Une fois la patrouille du matin partie, je suis allé faire le tour de la tanière, histoire de vérifier que tout allait pour le mieux. Rien à signaler.

J’ai même eu le temps de passer voir la petite Dia qui m’a littéralement sauté dessus.

Bref, une journée somme toute normale. Jusqu’à ce qu’un petit élément perturbateur amène quelques nuages d’orage dans mon beau ciel d’été.

Habituellement, quand Lunaire et moi sommes face à face, soit nous parlons boulot, soit on se dispute pour des broutilles, soit on se lance des piques agrémentées de défis idiots qu’on va tous les deux se dépêcher de relever. Cette fois-ci, ce ne fut pas le cas. Vraiment, vraiment pas.

C’est elle qui est venue me voir alors, au début, j’ai attendu qu’elle commence à parler, qu’elle engage la conversation. Mais rien. Elle n’a fait que me regarder sans prononcer le moindre mot. Alors je me suis assis et j’ai attendu, angoissé. C’est loin d’être son genre de se laisser submerger par les émotions au point de ne pas savoir quoi dire.

Quand finalement elle m’a expliqué ce qu’il lui arrivait, mon angoisse s’est transformée en crainte puis en peur. Si elle ne m’avait pas proposé de l’accompagner, je lui aurais moi-même demandé si je pouvais l’aider dans sa mission. Pourquoi ? Parce que son regard en disait long. Dans ses yeux j’ai pu lire qu’elle savait pertinemment que cette mission serait peut-être la dernière et ça, c’était impossible, inacceptable, inconcevable. Pour être sûr qu’elle mette toutes les chances de son côté pour survivre, il n’y avait qu’une solution, il fallait que je l’accompagne. Je ne la laisserais pas mourir pour la meute. Non, pas elle.

C’est tard dans la nuit que je me réveille, repensant à cette conversation qui n’en était pas vraiment une. Sur conseil de Lunaire, je n’ai prévenu personne. Henael se chargera des sentinelles en mon absence. Artémis dort encore quand je m’échappe de la tanière, me faisant aussi discret que mon gabarit me le permet. Avant de quitter le camp, je lance un regard vers la pouponnière, espérant que les nourrices n’auront pas de problème avec Dia pendant notre absence. Nous. Lunaire et moi.

Quand j’arrive à la mer gelée, Lunaire est déjà là. Elle a l’air pensive, ailleurs. Si bien qu’elle ne me remarque que lorsque j’arrive à côté d’elle.

– On y va.

Mon ton est sérieux au possible. Même si je voulais essayer de détendre l’atmosphère, je ne saurais pas quoi dire. Lunaire m’a proposé de l’accompagner « Au moins pour la route » mais ce n’est pas mon intention. J’irai jusqu’au bout. Je la suivrai jusqu’à ce qu’elle remette les pattes dans la tanière, saine et sauve et elle le sait. Ou, du moins, j’espère qu’elle le sait.

Étonnement, c’est Lunaire qui essaye de détendre l’atmosphère en engageant la conversation, alors que nous avançons sur la mer gelée. Je souris, me déridant un peu tout en pensant au louveteau.

– Je ne suis pas allé la voir non plus. Elle aurait fait une crise en apprenant qu’on partait tous les deux. Sans parler des nourrices qui espèrent toujours secrètement que l’un d’entre nous reste à la tanière pour les aider en cas de réticence de sa part.


La petite s’habitue aux Yuubae au fur et à mesure mais elle a toujours beaucoup de mal à se nourrir sans la présence de Lunaire ou de la mienne.

– Mais je l’ai vu hier et elle avait l’air en forme. Sacrément en forme quand elle m’a sauté dessus pour me dire bonjour.

Chose qui surprend toujours les nourrices puisque Lunaire et moi sommes les seuls adultes à recevoir ce genre d’attention. La petite a énormément de mal à faire confiance depuis qu’elle s’est retrouvée toute seule dans la forêt.

Je souris toujours alors que les crissements de la neige se font entendre sous nos pattes. J’aimerai pouvoir continuer à parler de sujets aussi anodins mais il est temps d’aborder les sujets qui fâchent. Pas que je le veuille, mais c’est nécessaire.

– Tu as des informations particulières à me transmettre avant que nous arrivions là-bas ?

Si elle n’avait pas compris que je compte la suivre jusqu’au bout, c’est maintenant chose faîtes.
Apollo
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Lunaire
Bêta
Lunaire
Feux Follets : 544
Dim 19 Jan - 16:32
Frappe-moi plus fort, vent.

Elle voulait se concentrer sur sa morsure contre ses flancs. Elle le sentait enfoncer profondément ses crocs impalpables. Il marquait ses chairs, entrait dans ses os. Il circulait dans ses veines, épaississait son sang ; si bien que le liquide rougeoyant semblait écrasé par les parois de ses artères. Il voulait sortir. Il voulait jaillir, être libéré de son carcan. Malheureusement pour lui, Lunaire le préférait dans son corps que répandu sur le sol.

Ses prunelles bicolores se risquèrent vers l’horizon en repensant à sa « fille ». La Bêta avait encore du mal à considérer le bébé comme tel. Après tout, l’enfant ne venait pas de son propre bide. Sa mère était là, quelque part. Comme la sienne. Elle avait cru que rencontrer quelqu’un avec une situation similaire lui ferait du bien mais… c’était tout le contraire. Diamantis n’était qu’un bébé. Elle avait ce « truc » dans les yeux qui lui brisait le cœur. Comme une peur. Une peur insolvable. Une peur que Lunaire n’avait pas connu, même à son âge. Elle, avait plutôt éprouvé de la colère.

La Bêta acquiesça sans un mot en apprenant les nouvelles. La môme leur en voudrait sûrement de ne pas être passé la voir, ni l’un ni l’autre. Elle culpabilisa en sous-marin en demeurant neutre au-dehors pour ne pas se trahir. Elle se sentait responsable de l’enfant mais ne pouvait évidemment pas renoncer à ses devoirs pour ses beaux yeux. Encore que ? Sa mère avait déjà laissé entendre que ce serait un mal nécessaire, à l’avenir, si Lunaire avait la mauvaise idée de procréer. Sa progéniture devrait devenir sa priorité. Elle s’ébroua doucement pour chasser ces songes dérangeants. Aucune chance que la Bêta démissionne. Ce serait un abandon. Un échec, aussi, peut-être.

Apollo anéantissait ses espoirs de penser à autre chose en refoutant des sujets moins heureux sur le tapis. Incapable de se retenir, Lunaire lui décocha une œillade un peu venimeuse. Elle comprenait qu’il veuille connaître le terrain mais ses fichues manies de Veilleur avaient le don de la mettre en boule, parfois. Elle refusa de répondre dans un premier temps, ressassant les rares informations en sa possession — puis, jugea que ses chances de survie seraient plus élevées s’il savait dans quoi il collait les pattes.

Elle soupira.

- OK. Tu as gagné. (Son visage exprimait la désapprobation.) C’est un groupe de cinq à onze têtes. Tous des adultes. On ne connaît pas leur nombre précis, ni même s’ils font appel à des mercenaires indépendants ou non pour les basses besognes. Apparemment, ils vivent dans les hauteurs depuis le début de l’été. Peut-être un peu moins. Les proies étant presque inexistantes chez eux, ils se sont habitués aux vols opportunistes. Il paraît même qu’ils font dans le cannibalisme quand ils en ont l’occasion. Si j’en crois ma grand-mère, qui a vécu dans les mêmes coins qu’eux, ils sont rusés, cruels et n’ont aucun sens de l’honneur. Quand l’hiver est arrivé, les proies se sont encore raréfiées, ce qui les a poussé à s’inviter sur les territoires occupés environnants : les nôtres. Ils ont volé une dizaine de proies en l’espace de deux lunes. Tu sais, ils nous observaient chasser. On a l’habitude d’enterrer certaines proies sous la glace, au cas où nos réserves officielles seraient pillées ou infestées par une vermine ? Bah, ils se sont servis.

Lunaire enrageait. Les emplacements de leurs gardes-manger de « secours » étaient un secret bien gardé. Seuls quelques chasseurs, les Gammas, le Bêta et l’Alpha savaient où chercher. Les vagabonds les avaient sûrement observé pendant des semaines à leur insu. Elle le prenait comme un affront personnel. À l’époque, c’était elle la Veilleuse. Elle aurait dû le voir. Mais non ! Ces enfoirés s’étaient déplacés sous son nez sans même être inquiétés. Cela dit, Lunaire devait encore découvrir comment ils avaient pu s’introduire à Yuubae en toute impunité. Les rondes auraient dû leur tomber dessus un jour ou l’autre… Au lieu de quoi, l’alerte avait été donnée par Astrée, sa mère, qui se chargeait de remplir les réserves secrètes.

- Avicularia m’a décrit un peu les membres qui l’ont déjà ennuyé. Le second est une femelle assez limitée au niveau intellectuel. Elle a été choisie pour sa force. Elle est aussi grande qu’un mâle, le poil blond, pleine de cicatrices de ses combats passés. Les petits soldats utiliseraient essentiellement la ruse pour gagner. Ils n’hésitent pas à se mettre à plusieurs sur une seule cible. Ils sont nuls pour la chasse. Et paresseux. Pour ce qui est du Leader, il paraît que c’est un mâle qui ne paie pas de mine. Il est petit, efflanqué et laid mais aussi intelligent, manipulateur et charismatique. Sa fourrure est sombre, probablement noire. Il se cache derrière son second.

Ses explications données, Lunaire s’emmura dans un silence pesant. Elle ne voulait plus parler. Aussi, ses membres accélèrent l’allure pour qu’ils courent. Ils avaient une centaine de kilomètres à parcourir, six heures pour le faire, en sachant qu’il lui en faudrait au moins une pour se préparer au combat. Elle avait besoin de faire des repérages pour entrer dans leur camp en croisant le moins de loups possible. Elle ne pourrait pas en affronter dix avant de passer au Leader.

La première cinquantaine de kilomètres passée, la Bêta indiqua un point d’eau pour se réhydrater et reprendre leurs souffles. Elle ne s’accorda qu’une douzaine de minutes de pause avant d’annoncer qu’ils repartaient. Elle pensa évidemment à le renvoyer dès maintenant à Yuubae mais repoussa le moment des « adieux » à plus tard. Elle n’était pas sûre de savoir ce qu’elle voulait lui dire. Ils arrivèrent au point de chute deux heures en avance. Une aubaine pour la Bêta qui réfléchissait encore à son discours.

- Ça a été plus rapide que prévu. Je vais pouvoir me reposer un peu avant d’y aller. Tu veux rester un moment ?

Lunaire marchait désormais lentement à couvert. Il y avait encore quelques arbres là où ils étaient. Et les grottes naturelles, pour leur part, étaient nombreuses. La jeune femelle entra dans l’une d’elle en frissonnant. Ses sens l’avaient averti du calme environnant. Le coin était inhabité. Elle se cala contre la paroi rocheuse, puis se lova doucement pour préserver au maximum sa chaleur corporelle. Un blizzard se lèverait sans doute plus tard. Les tempêtes de neige étaient communes, ici. Raison de plus pour haïr la région.

Les minutes s’écoulèrent. Des minutes durant lesquelles Lunaire observa les anges qui passaient au-dessus d’eux sans savoir quoi dire pour les chasser. Elle se lança enfin, songeant à sa meilleure amie. Elle lui avait fait une promesse, quelques temps auparavant. Elle ne pourrait sûrement pas la tenir.

- Henael va probablement devenir aveugle, comme sa mère. Tu le savais ? Ça va être difficile pour Yuubae à ce moment-là. Akatsuki pourrait s’en servir.

Comme à l’époque.
Lèvres pincées, l’enfant de la lune observa l’extérieur où la nuit régnait encore. L’aube était loin. Très loin. Ils étaient dans une région, d’ailleurs, où le jour ne durait qu’une poignée d’heures en hiver.
Lunaire
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Apollo
Veilleur
Apollo
Feux Follets : 34
Mar 21 Jan - 21:43

ft. Lunaire

Ad Honorem
Lunaire ne veux pas parler de la mission. Elle espérait sans doute que lui change les idées jusqu’à ce qu’elle arrive sur les lieux. Jusqu’à ce que je parte. Ce qui n’arrivera pas. Chaque mot qu’elle prononce me conforte dans l’idée que je ne la laisserais pas me glisser entre les pattes. Elle ne s’enfuira pas seule. Elle ne partira pas à la mort. Je ne la laisserais pas faire.

Une fois ses explications finies, elle se mets à courir. Signe évident que la discussion est close. Pour le moment.

Pendant que je courre, mon cerveau réfléchit presque aussi vite que mes pattes frappent la surface glacée. Un groupe de vagabond aurait réussi à passer nos frontières et à voler de la nourriture dans nos réserves secrètes sans notre nez ? La sentinelle en moi se sent meurtrie et, surtout, terriblement inutile. Moi qui pensais que les frontières Yuubae étaient bien protégées, quelle erreur. Comment est-il possible que nous nous soyons trompés à ce point ?

Mais ce qui m’énerve le plus dans cette histoire, c’est que Lunaire s’imagine pouvoir mettre fin aux agissements de ce groupe seule. C’est simplement impossible et elle devrait en avoir conscience. Elle a toujours été une louve réfléchie. Je ne peux pas croire qu’elle souhaite réellement faire cette mission seule. Elle aurait pu prendre un guerrier avec elle. Elle aurait pu demander à Henael de lui attribuer une équipe. Elle aurait pu me demander de faire cette mission avec elle !

Quand nous arrivons finalement sur les lieux, les mots de la bêta ne font qu’accentuer ma rage. Elle pourrait faire un effort ! Au diable sa fierté, elle pourrait me demander de l’accompagner jusqu’au bout ! Pourquoi faut-il toujours que ce soit moi qui prenne les devants ?

Elle ne me laisse même pas le temps de répondre et s’installe dans une grotte à proximité. Le temps est vraiment mauvais dans le coin. Il faut se reposer avant de commencer une longue mission mais ce n’est pas pour autant qu’elle va échapper à notre discussion.

Alors que je m’apprête à parler, Lunaire se met à évoquer Henael et sa mère, notre ancienne alpha. J’ai déjà vaguement entendu parler de cette histoire. Évidemment, je sais que l’alpha Hikari est devenu aveugle mais je ne sais pas pourquoi et les rumeurs qui disent qu’il en sera de même pour sa fille ne sont que des rumeurs. J’étais trop jeune pour avoir accès à de réelles informations dans mon ancienne meute et, aujourd’hui, j’ai beau être un Gamma, Henael ne se confie qu’à une seule personne, la louve assise en face de moi.

Je suis désolée Henael, mais tu vas devoir passer au second plan. J’ai un autre sujet de conversation sur le feu.

Je ne m’assieds pas et me tiens devant Lunaire, laissant éclater ma colère.

– Je peux savoir ce qu’il se passe dans ta tête ? Tu comptes aller affronter ce groupe seule ? Tu crois qu’ils vont gentiment attendre sur le côté pendant que tu vas attaquer leur leader ? Non mais, Lunaire, tu entends ce que je dis ? Tu vas à la mort, là. A la mort ! Je ne te laisserai continuer que si tu me laisses me battre à tes côtés. Mon pouvoir te sera utile. Ma force te seras utile. Je… Je ne peux pas te laisser courir vers ta mort. Aussi forte sois-tu, il y a des choses qu’on ne peut accomplir seul.

Je m’assois finalement, comme si ma tirade m’avait vidé de mon énergie. A vrai dire, même à deux, j’ai de gros doutes sur nos chances de survie mais je connais Lunaire, elle n’abandonnera pas. La seule solution pour espérer la sauver est que je l’accompagne. Et je le ferai, par n’importe quel moyen.
Apollo
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Lunaire
Bêta
Lunaire
Feux Follets : 544
Jeu 30 Jan - 23:09
Lunaire cherche une ancre, là, dehors. Une lueur dans la pénombre pour s’y accrocher comme un naufragé à la lumière d’un phare ; mais il n’y a rien qui ressemble à un brasier dans le Nord. La seule chose qu’ils aient sous les yeux, là, dehors, c’est le blanc pur d’une neige souillée par le sang que les vivants font couler.

Son cœur pleure, là, dedans. Il est comme coincé dans son carcan d’os où il est écrasé ; il n’a pas l’impression de pouvoir bouger à sa guise. Il aurait besoin d’espace, d’un air plus pur que celui respiré à Yuubae. Elle ne sait pas pourquoi, Lunaire, ce besoin de les fuir a commencé à la prendre au bide.
Elle a seulement remarqué que ses poumons la font souffrir dès que ses proches sont dans les environs ; comme s’ils appuyaient sans le savoir sur son corps. Le phénomène dure depuis des semaines.

Elle essaie de fuir son regard, Lunaire. Elle l’esquive, fixe un repère à l’horizon, puis les roches qui dégoulinent d’humidité, le sol gelé, ses griffes mal aiguisées… Mais ses yeux bicolores croisent finalement les deux billes ambrées. Pires, en réalité. Elles s’y noient. Aussi, la violence des sentiments exprimés par le mâle pendant qu’il lui crache dessus l’atteint sans barrière.

Elle se recroqueville un peu, Lunaire. Son âme coupable se sent amère, un peu minable ; minable de lui avoir caché l’essentiel ou minable de lui avoir demandé de venir avec elle ? Elle ne saurait pas dire. Elle est paumée. Elle hausse les épaules en détournant les yeux. Soutenir les siens, accusateurs, est pénible. Elle a l’impression d’être une enfant grondée pour avoir dépassé le couvre-feu.

- OK.

Lunaire lâche un soupir las. Il a gagné. Sans chercher à relancer la conversation, l’ancienne Veilleuse bâille, se roule sans grâce sur elle-même puis se laisse envahir par le sommeil pour une heure.

À son réveil, les pensées engourdies, la Bêta pense être prête. Elle garde les yeux fermés un moment pour restaurer les murailles qui maintiennent son esprit à l’abri de la corruption ou de la peur. Elle a besoin de toutes ses forces pour assurer leur mission.

- On y va. Enfin, si tu es prêt ?

Pour une fois, Lunaire se soucie réellement d’avoir son aval avant d’agir. Ce n’est qu’après s’être assurée de sa coopération que la Yuubae sort de leur repaire. Le ciel sombre crache des flocons pâles qui cherchent à leur masquer la vue. Elle le guide dans le dédal de corniches qui grimpent vers les plus hauts sommets de Ryushin.

Elle s’immobilise violemment alors que le blizzard prend peu à peu possession des lieux. Elle est presque sûre d’avoir perçu une voix. Une voix de femelle. Elle adresse un regard à Apollo, quêtant son approbation. En s’approchant, les timbres se font plus précis. Un mâle, une femelle. Les propos de la louve sont empreints d’une déférence servile qui ne laisse pas place aux doutes sur leur relation : un sous-fifre à son supérieur.

- C’est lui ? (Une fourrure sombre se noie sous les gerbes de poudreuse glacée.) C’est sûrement sa seconde. Si… Je ne vois personne d’autre. Ce n’est pas ce que j’avais prévu mais… Ils sont seuls ? Je crois…

Elle cherche ses yeux pour y prendre le courage indispensable à des missions pareilles. Une mission débile, à bien y réfléchir. Lunaire n’aurait jamais dû partir comme ça. Elle murmure à voix très basse, malgré le vent violent qui avale l’essentiel des sons.

- J’aimerais surprendre le mâle. Tu peux faire diversion ? Je ne sais pas, les provoquer, les menacer… S’ils attaquent, prends-la-elle. Pas lui. Il a le goût des combats traîtres, comme moi.

Elle sent qu’ils vont se faire piéger. Ce plan a un goût de souffre que la Bêta n’aime pas.
Lunaire
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Apollo
Veilleur
Apollo
Feux Follets : 34
Lun 10 Fév - 14:36

ft. Lunaire

Ad Honorem
« Ok ». C’est tout ce qu’elle me répond avant de se rouler en boule pour dormir. Je me calme aussitôt. Lunaire n’est pas bête. Elle sait qu’elle ne peut pas s’en sortir seule. Peut-être est-ce même pour ça qu’elle m’a demandé de l’accompagner à la base. Peut-être qu’elle savait que je finirais par la suivre jusqu’au bout. Peut-être qu’elle sait que je ne la laisserais pas mourir.

Pendant un instant, je me demande si je dois la suivre dans le sommeil ou rester éveillé et vérifier qu’aucun ennemi n’approche. Tous mes sens en alerte, habitué par mes entraînements de sentinelle, je me concentre sur mon environnement. Rien. Le vent ne porte aucun son, aucune information sur un quelconque loup à proximité. A l’extérieur de la grotte, seules nos empreintes sont présente sur la neige. Aucun autre loup n’a l’air d’être passé par là dans les dernières heures.

Après ces vérifications, je me décide à aller dormir un peu, sachant pertinemment que je ne pourrais dormir que d’un œil, restant à l’affut. Au cas où.

Je m’allonge près de Lunaire. Assez prêt pour pouvoir ressentir sa chaleur et assez loin pour ne pas être collée à elle. Je sais quel effet ça aurait sur moi. Je m’endormirais immédiatement et totalement.

Une heure plus tard, je sens la Bêta bouger légèrement. Je me lève alors en premier. Il ne s’est rien passé durant cette heure. Aucun son ne m’a réveillé de mon demi-sommeil. Je sors la tête de la grotte dans l’optique de vérifier si des traces de pas sont présentes aux alentours mais la neige qui tombe actuellement a certainement fait disparaître tout ce qui aurait pu se trouver. Il ne reste rien des traces que Lunaire et moi avons fait la veille.

Quand la louve me demande si nous pouvons y aller, je la regarde dans les yeux comme pour vérifier sa détermination. Je veux être certain qu’elle souhaite survivre plus que tout. Que la réussite de cette mission n’est pas supérieure à son instinct de survie.

– Je suis prêt. Allons-y.

Je n’aime pas le sérieux de ma voix. Je suis beaucoup plus gaie en temps normal. Mais, dans la situation présente, je n’arrive pas à me dérider. A chaque fois que je veux sortir une petite pique ou une blague pour détendre l’atmosphère, je me rappelle qu’une seule erreur peut entrainer que cette mission devienne la dernière et je me retiens.

Alors que nous marchons dans la neige, Lunaire s’arrête soudainement et mes oreilles sifflent, comprenant son arrêt. Ils sont là. Des voix inconnues s’élèvent dans le ciel pur du Nord. J’acquiesce, faisant comprendre à la femelle que j’ai également entendu et nous nous approchons jusqu’à nous coucher à une dizaine de mètres d’eux, leur voix étant à présent beaucoup plus claires.

Le fait qu’ils ne semblent être que deux pourraient me soulager mais c’est tout le contraire. Pourquoi les deux dirigeant se baladeraient tout seuls alors que Lunaire a eu pour information que cette zone était leur territoire ? Son plan me semble cependant être le plus logique dans la situation actuelle. Lunaire est particulièrement doué pour les attaques surprises et moi, j’ai plutôt l’habitude des attaques frontales. Combattre la femelle adverse ne me dérangera pas si ça venait à arriver.

– Aucun soucis. Tu me connais, attirer les regards c’est ma spécialité
. Dis-je tout en regardant Lunaire dans les yeux.

Avant qu’elle ne puisse ajouter quelque chose et que sa voix puisse me faire changer d’avis sur ce que je m’apprête à faire, je me lève et me dirige vers nos ennemis en prenant soin de faire un détour pour qu’ils ne puissent pas détecter la présence de Lunaire.

Mon pas est sûr et régulier si bien qu’ils ne font attention à moi que quand je me poste devant eux, la tête haute.

La femelle grogne immédiatement et elle m’aurait déjà sauté dessus si son supérieur n’avait pas fait un pas en avant.

– Qui es-tu, jeune loup ? Que nous veux-tu ?

Le ton calme et sûr de lui du mâle me surprend mais je ne montre rien et souris, laissant parler tout mon talent pour capter mon auditoire.

– Qui je suis n’a pas d’importance. Ce qui l’est, c’est que je sais qui vous êtes et ce que vous avez fait. Pensez-vous que les Yuubae serait prêt à laisser n’importe qui les voler ?

Ça y est, j’ai toute leur attention. D’ailleurs, la femelle ne grogne plus. Elle me regarde d’un œil beaucoup plus, intéressé. Elle me fixe de haut en bas comme si elle se demandait de quelle façon elle allait pouvoir mettre fin à mes jours. J’ai toujours fait de l’effet à la gente féminine mais rarement de ce point de vu là.
Apollo
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Lunaire
Bêta
Lunaire
Feux Follets : 544
Dim 23 Fév - 17:33
- Aucun soucis. Tu me connais, attirer les regards c’est ma spécialité.

Aucun sourire ne répond au mâle. Ni sourire, ni soupir. Rien, sinon le silence. Un calme qui donne une idée de ce qu'il se passe en Lunaire : elle se débarrasse de sa peau, de son cœur. Elle se dépouille de ses peurs, de l'amour éprouvé pour ses proches, de la passion. Elle découpe son âme au scalpel pour ne préserver qu'une couche fine — celle qui a la précision du chirurgien mais le programme d'une machine.

Elle observe son avancée en silence. Les battements de son cœur sont réguliers. Ses yeux ne manquent pas une ombre, ses sens capturent le moindre son ; les gémissements du blizzard, les craquements des sapins, l'odeur de résine qui prend à la gorge, celle de l'humidité des flocons qui dansent... Celle d'Apollo, aussi, lui parvient. Une odeur qui lui paraît à la fois familière, puis loin. Sûrement parce que la chaleur n'arrive plus à fissurer la muraille qui recouvre son cœur. Probablement car la douceur que ses sourires réveillent ne parviennent pas à trouver son chemin ; car c'est Lunaire qu'il fait vibrer, pas son fantôme.

Elle se tient d'abord immobile alors que les voix explosent, absorbées ou déformées par les bourrasques qui cisèlent sa peau. Elle se décide à bouger, presque couchée dans la poudreuse qui verglace peu à peu. Elle retient son souffle, le relâche. Elle ne les laisse jamais des yeux sauf pour s'assurer que ses prises sont sûres, guettant les jeux d'ombres qui lui donnent une idée de ce qu'il se passe. Elle n'arrive pas à les voir précisément. Les bords sont floutés, les courbes se noient dans la débandade des cristaux blancs.

Finalement, Lunaire n'est plus qu'à quelques mètres. L'attention des deux loups — focalisée exclusivement sur Apollo — lui donne le loisir de demeurer là, cachée pour pouvoir surgir. Elle concentre ses forces dans ses pattes arrières. Son idée est simple : bondir en le percutant pour qu'il s'écroule, le choper où c'est possible de le faire — en espérant être suffisamment proche du crâne pour que les coups le désorientent —, frapper, frapper. Jusqu'à ce que son sang macule la neige. L'adrénaline essaie de prendre le contrôle mais Lunaire n'en veut pas. Elle se force à respirer doucement, à ne pas céder aux pulsions.

C'est là qu'il se réveille. Le pouvoir s'immisce dans son raisonnement. Il caresse ses nerfs, il la cherche. Il escalade ses organes dans un flux de sang, l'éclabousse de sa « presque-conscience » ; il ressemble à un individu à part entière. Ou, en réalité, il ressemble à la Lunaire du passé. À ce môme, paumé, délaissé, qui a des questions épineuses sur le bout des lèvres. Et, bizarrement, il paraît affecté par son manque évident « d'émotions ». Il a l'air de se demander où est passée la vraie Lunaire, sa porteuse. Il la harcèle, l'empêche d'agir. Il la pousse à « revenir » ; si bien que les peurs, l'amour, la chaleur, le froid... Chaque chose reprend sa place dans son cœur ou dans son âme. Elle pince les lèvres, a une seconde des vertiges.

Mais le pouvoir est là. Il est, de plus, bien décidé à la seconder. Il a déjà prouvé qu'il ne lui faisait plus de mal ; ni à elle, ni à ses proches. Elle le débride, lui donne assez de mou dans ses chaînes pour qu'il progresse au milieu des ennemis, de l'allié. Il sonde Apollo, ne s'en soucie pas — mais Lunaire remarque que le pouvoir est « tenté » de lui faire quelque chose ; le blesser ? Non, c'est différent —, puis s'immobilise sur le mâle noir. Il se glisse en lui, fouille jusqu'à trouver les nerfs si sensibles. Il pince. Il gratte. Il mord, même. Il s'accroche jusqu'à plus soif, le dévore probablement de l'intérieur. Le loup noir pousse des hurlements, il se roule dans la neige avec sa peau qui brûle au-dedans. Il supplie qu'on l'aide. Sa congénère plaque les oreilles sur le crâne, lance une œillade à Apollo, pense que c'est lui qui est à l'origine des maux. Elle se lance sur lui, essaie de le blesser ( je te laisse décrire toi-même ce qu'il se passe entre eux ). Lunaire, elle, sent le pouvoir qui s'épuise, se résorbe. Le loup mâle demeure allongé sur le sol. Il lorgne sur le second Yuubae avec rancœur.

C'est à ce moment-là que la Bêta juge opportun de sortir de sa planque en bondissant comme un diable sur sa cible. Ils roulent à cause de son élan. Désorienté, le mâle manque son épaule. Ses mâchoires se referment dans le vide alors que celles de Lunaire arrachent des lambeaux de chair sur l'antérieur droit. Elle recommence à frapper : le museau, un œil en prennent des coups durs. Il les rend péniblement, parvient à la griffer aux côtes — probablement même à en fêler une lorsqu'il donne un violent coup de coude — ; Lunaire se dérobe, le souffle court, un point de côté. Il se redresse, semble ployer sous son poids à cause de sa patte. Le sang éclabousse le sol qui craque, qui gronde. Mais c'est une ruse du loup qui roule, en réalité, comme Lunaire a pu le faire pour piéger Apollo lors des entraînements.

Elle trébuche, glisse sur la neige verglacée. Elle essaie de se redresser, il lui rentre dedans après avoir pris de l'élan. Elle ferme les yeux de peur du choc mais celui-ci ne vient pas ; seul le vent cingle son corps qui s'écroule du pic sur lequel ils sont montés. Elle comprend qu'il l'a poussé de la falaise, que son dos va éclater en mille morceaux plus bas, que ses os ne seront plus que de la bouillie. Un grommellement d'outre-tombe lui fait lever les yeux alors que ses lèvres laissent échapper un hurlement muet ; c'est le pic qui s'effondre aussi. Il lui semble voir le mâle noir au milieu de la mer blanche mais pas Apollo. Elle ne sait pas s'il a chuté, lui aussi. Mais si c'est le cas, que Rakuen lui en soit témoin, Lunaire ne trouvera jamais le repos.

Finalement, sa peau claque violemment contre une surface qui lui coupe le souffle, puis qui se dérobe sous elle. Un lac. Son eau gelée se répand dans ses poumons alors que sa tête disparaît en-dessous de l'onde. Elle la paralyse peu à peu, l'obligeant à se démener plus fort pour s'en sortir. Elle ne réussit, cependant, qu'à se hisser de quelques centimètres sur un bloc de glace isolé avant de perdre connaissance. Le mâle ennemi, pour sa part, n'a pas eu sa chance. Grâce à l'élan de la projection, Lunaire a pu tomber dans le lac sans toucher aux bords mortels de la falaise. Lui s'est simplement disloqué en percutant des obstacles (sapins, promontoires) avant de s'empaler sur une épine rocheuse.

[ HRP : Seul un petit bout du promontoire sur lequel ils se trouvent a cédé sous le poids des combattants. Apollo & la femelle (ou Apollo seul) ont pu s'en sortir sans problèmes. ]
Lunaire
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Rakuen
PNJ
Rakuen
Feux Follets : 5112
Dim 23 Fév - 17:33
Le membre 'Lunaire' a effectué l'action suivante : Allégeance au Rakuen


'Dé pouvoir Phoenix' :
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Rakuen
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Apollo
Veilleur
Apollo
Feux Follets : 34
Lun 2 Mar - 21:56

ft. Lunaire

Ad Honorem
C’est quand le mâle noir commence à se tordre de douleur que je comprends que Lunaire est entrée en action. Je ne pensais pas qu’elle prendrait le risque d’utiliser son pouvoir, elle qui a si peur de ne pas pouvoir le contrôler, mais on dirait bien qu’elle maîtrise la situation.

De mon côté, les regards noirs que me lancent la louve ennemi sont clairs. Elle pense que c’est moi qui suis à l’origine des maux de son chef et est prête à me tuer pour que ça cesse. Essaie un peu petite louve. Tu n’as pas le niveau, j’en suis certain. Je ne suis pas du genre à sous-estimer mes adversaires mais, morphologiquement parlant, il est certain que je suis plus fort qu’elle. Moins rapide peut-être. On ne va pas tarder à le savoir.

Sitôt que Lunaire saute sur le mâle, la femelle s’abat sur moi. Son mouvement est plus rapide que je ne l’avais prévu et elle réussi à me mordre la patte avant droite. D’un violent coup d’épaule, je la fais lâcher prise. Le coup a dû la surprendre puisqu’elle a l’air assez étourdie. On dirait bien que c’est elle qui a sous-estimé la force de l’autre, au final.

Immédiatement, m’appuyant plus sur ma patte gauche valide, je saute sur la femelle et l’attrape au cou. Elle se débat férocement et je finis par lâcher prise mais le sang qui coule abondamment de sa blessure sonne comme une évidence : elle est très gravement blessée et ne pourra peut-être pas encaisser une nouvelle attaque.

Grognant de toutes ses forces, la femelle essaie de m’attaquer à nouveau, visant ma patte abimée. Cette fois-ci, je réussi à l’esquiver sans problème, sa vitesse ayant diminuée à cause de sa blessure.

C’est durant cette esquive que je vois que Lunaire et son adversaire ont reculé vers la falaise.

Une seconde. Je la vois une seconde avant qu’ils ne disparaissent tous les deux de mon champ de vision. Mes yeux s’écarquillent et mon cœur rate un battement quand je me rends compte de ce qu’il vient de se passer.

La femelle, elle, ne semble avoir rien remarqué et utilise mon inattention pour m’attaquer à nouveau. Mais, cette fois-ci je ne joue plus. Je n’en ai plus le temps. Lunaire a sûrement besoin de mon aide ! Si elle a survécu à la chute… Cette pensée me tord l’estomac et me donne envie de vomir et de pleurer.

Alors que la mâchoire de la femelle s’approche de moi, je tourne rapidement sur moi-même et attrape son encolure au même endroit que tout à l’heure. Sous les pitoyables cris de douleurs de mon adversaire, je continu de serrer jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus se débattre.

J’ouvre alors la gueule et laisse tomber la louve ennemie sur le sol, morte.

Je ne m’attarde pas plus et cours jusqu’à la falaise. Ma patte handicapée me fait mal mais je n’en ai rien à faire. Je n’ai pas le temps de traîner. Pas le temps de m’apitoyer sur une blessure aussi bénigne. Du haut de ce qu’il reste de la corniche, la première chose que je vois est une tâche noire, juste au pied de la falaise. Le loup noir, mort.

Ma panique monte encore d’un cran et je me mets à chercher Lunaire partout, jurant contre son foutu pelage blanc. Comment on trouve une louve blanche au milieu d’un océan de glace et de neige ?
Soudain, un léger mouvement attire mon attention. On dirait qu’un bloc de glace bouge… Bon sang !

Si je le pouvais, je sauterais directement mais ce serait stupide et suicidaire. Je cours alors sur les abords de la falaise et descend par une pente moins escarpée. Mes pattes saignent sur les pierres gelées mais je n’ai pas le temps d’y faire attention. Je n’ai à l’esprit que le corps inerte de Lunaire sur la glace.

Une fois en bas, je reprends ma course. Heureusement, Lunaire n’est pas tombée très loin dans le lac. La glace est assez solide pour que je puisse marcher dessus.

Faisant tout de même attention, j’arrive finalement jusqu’à la louve et commence par regarder son poitrail. Le soulagement est immense quand je vois qu’il se soulève encore : elle respire. Agrippant sur encolure je la tire tout en reculant, préférant passer par un autre chemin que celui par lequel je suis venu. A force d’habiter dans le Nord, on finit par reconnaître les zones où la glace est la plus épaisse.

Une fois sur le sol, j’allonge Lunaire sur la neige. J’aimerai pouvoir l’amener dans une grotte mais ce serait trop dangereux. Je ne suis pas guérisseur mais je sais que déplacer un blessé peut aggraver son état, voir le tuer. Je ne prendrai pas ce risque.

Mes muscles se relâchent et mes blessures semblent reprendre vie alors que je tombe à côté de la louve. Sans que je ne puisse les retenir, des larmes commencent à couler. Elle est toujours en vie, mais pour combien de temps ? Je ne suis toujours pas guérisseur depuis deux minutes. Je ne peux rien faire pour l’aider. Surtout si ses blessures sont internes.

Alors que mes larmes tombent sur la neige, je me trouve bien pathétique, à pleurer, là, en plein milieu du territoire neutre du Nord. Je me souviens alors d’une phrase qu’avait l’habitude de nous dire ma mère, à Artémis et moi quand nous nous battions, plus jeune. « Il faut savoir aimer les êtres qui nous sont chers de leur vivant. Quand ils sont morts, c’est trop tard. Malheureusement, c’est souvent quand on perd quelque chose qu’on se rend compte de l’importance qu’elle avait pour nous. »

Pourquoi faut-il que les belles phrases philosophiques soient toujours vraies !

Frottant ma tête contre celle de Lunaire, je réussi à articuler entre deux sanglots.

– Reviens Lunaire. Ne me laisse pas, je t’en supplie. J’ai besoin de toi. Beaucoup plus que tu ne le penses.

Et que je ne le pensais aussi.
Apollo
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Lunaire
Bêta
Lunaire
Feux Follets : 544
Mar 7 Avr - 15:12

Ad Honorem
Ft. Apollo.

Ses lèvres tremblent. Encore, encore. Elle essaie de se recroqueviller. Elle cherche à se protéger de la morsure glacée. Une larme coule sur sa joue. Une, puis deux. Ses paupières sont fermées violemment, appuyées l'une contre l'autre pour chasser la brûlure des pleurs. Son ventre est serré. Son cœur — d'un coup d'un seul — commence à battre fort, puis perd le fil. Il loupe une note. Deux, trois. Il repart, sombre à nouveau. Sa respiration siffle.

Les minutes s'écoulent. Il lui semble qu'il se passe des heures avant que son camarade de meute ne vienne. Elle ne le sent pas, Lunaire. Ses sens sont complètement embrouillés. Elle ne perçoit plus rien, sinon des sons vifs. Des sons agressifs qui sont familiers : le brouhaha de la circulation du sang dans son corps. Il vrille à ses tempes, lui file un mal de crâne hors normes. Mais la douleur sous cape n'est rien comparée à celle de ses membres. Elle est presque sûre qu'un ou deux de ses os ont été broyés.

Elle se démène péniblement contre les limites de son enveloppe charnelle. Elle reprend conscience quelques secondes, est de nouveau happée par les ténèbres. Et ce, deux ou trois fois. Finalement, ce sont les crocs du mâle Yuubae qui la « réveille ». Ils pincent doucement sa chair pâle. Elle se raccroche courageusement aux sensations, à la douleur. Elle doit garder les yeux ouverts... Des yeux qui sont encombrés de mouches noires. Son champ de vision ne cesse plus de rétrécir. Elle halète pour apporter de l'oxygène à son cerveau engourdi, à ses muscles tétanisés.

Il la repose sur le sol. Lunaire lâche un soupir hagard. Ses cils papillonnent. Il pose sa tête contre la sienne. Elle retient une complainte. Elle a mal ! Il ne s'en rend pas compte ? Cela étant, sa chaleur est la bienvenue. Elle esquisse un sourire penaud, avant de prendre une profonde respiration.

- N-... Ne m'enterre pas trop vite.

Elle menace de rire mais le son meurt dans sa cage thoracique. Elle a du mal à penser. Elle se sent seulement plus ou moins en paix, là, même s'il y a une anxiété sourde au fond de son cœur. Elle a vaguement conscience que ce n'est pas une bonne nouvelle. Ne plus sentir tout à fait ses blessures laisse entendre que son âme n'est plus qu'à un poil de l'au-delà. Elle s'oblige à bouger pour raviver la souffrance. Un cri de douleur lui échappe, ce faisant, mais il a au moins le mérite de la ramener un peu. Un peu.

- J-j'ai froid.

L'obscurité devant ses yeux croît. Elle se débat. Il devient urgent de la mettre à l'abri du vent.
Lunaire
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Apollo
Veilleur
Apollo
Feux Follets : 34
Sam 11 Avr - 20:57

ft. Lunaire

Ad Honorem
Vivante. Elle est vivante. C’est la seule information à laquelle je m’accroche. Pas mourante, pas au bord de la mort, pas entre la vie et la mort. Non. Elle est vivante, un point c’est tout. Et je vais tout faire pour que ça reste ainsi. Même si elle doit être handicapée à vie. Au moins, elle sera vivante. Je refuse de ramener son cadavre à la meute. Je ne me le pardonnerai jamais.

C’est un cri. Un cri murmuré. C’est assez étrange mais j’ai compris. Je ne voulais pas la déplacer mais je ne vais pas trop avoir le choix. Ici, devant la mer, elle est exposée à tous les vents et même à d’éventuels ennemis même si je n’ai rien senti depuis que nos deux adversaires ont passé l’arme à gauche.

Je me redresse, secouant la tête pour faire disparaitre les quelques larmes qui imbibaient encore ma fourrure. Je me dois d’être fort. Si je ne le suis pas, elle mourra.

– Je ne compte pas t’enterrer aujourd’hui alors reste en vie jusqu’à ce que je revienne.

Sur ce, je fais demi-tour et cours vers la paroi rocheuse la plus proche. Je garde, cependant, tous mes sens en alerte. Une sorte de déformation professionnelle mais c’est bien pratique dans ce genre de cas. Je dois trouver une grotte pas trop éloignée. Ou au moins un repli dans la falaise. Quelque chose qui retienne un peu le vent.

Heureusement, je ne sens aucun ennemi à l’horizon. Notre seul adversaire est donc le temps. Combien de temps Lunaire va-t-elle encore pouvoir tenir sans soins ? Une heure ? Une minute ?

Je grogne devant la dernière proposition qu’a faîte mon esprit et opte pour une petite grotte un peu plus loin. Je ne sens rien à l’intérieur et elle est suffisamment profonde pour que la morsure du froid soit atténuée. Seul défaut, je vais devoir tirer la Bêta sur une bonne vingtaine de mètres, au moins. Mais si j’avais le choix, nous n’en serions pas là.

Je cours à nouveau dans l’autre sens, faisant fis de mes propres blessures.

– Je t’ai manqué ? M’exclamais-je dès que j’arrive à sa hauteur.

Gardons les bonnes habitudes. Peut-être que ça la gardera éveillée. Si elle tombe dans l’inconscience, ce sera encore plus difficile de la soigner.

– Désolé ma vieille mais il va falloir faire encore un petit effort.

Je l’attrape par la nuque le plus doucement possible mais je sais bien que ce simple geste doit lui faire mal. A mesure que je recule vers la grotte, mes pas se font plus assurés et j’essai de ne pas tirer la louve trop brutalement, éloignant les pierres qui pourraient la blesser lors de son passage. Je n’ai pas trop de mal à la déplacer mais les efforts de concentration que je fais pour ne pas la blesser d’avantage risquent d’avoir raison de mon énergie, à la longue.

Nous finissons par arriver à l’intérieur de la grotte et je dépose Lunaire de façon à ce qu’elle reçoive le moins de vent possible. Malheureusement, ça ne suffira pas à calmer le froid qui la tiraille.

Je me couche alors à côté d’elle, le plus proche possible. Fourrure contre fourrure, j’espère lui transmettre le maximum de ma chaleur corporelle. Je fais en sorte de ne pas m’appuyer sur elle pour ne pas la blesser plus mais j’imagine que mon seul contact doit lui faire mal. Ce constat me déchire le cœur.

– Il faut que tu reste consciente. Dis-moi si tu as besoin de quelque chose.

Ce que je dis est totalement idiot. Évidemment qu’elle va me le dire si elle veut quelque chose. C’est Lunaire. Elle n’est pas du genre à faire dans la dentelle.

– Tu ne fais jamais rien à moitié, toi. Même pour te blesser, tu es obligée de te donner à fond.

Il va maintenant falloir que je réfléchisse à une solution. On ne va pas pouvoir rester ainsi ad vitam aeternam. Je pourrai la laisser ici et tenter d’aller chercher un guérisseur. Non. Je ne devrai même pas penser à une chose pareille. Dans son état, Lunaire ne pourrais pas se défendre en cas d’attaque ennemie. Le vagabond n’aurait qu’à l’achever.

– Quand tu auras moins froid, j’irai chasser. Tu dois reprendre des forces. On va espérer que ton organisme se soigne un peu de lui-même. Peut-être qu’Henael va envoyer quelqu’un vérifier la zone. Sinon, on devra se débrouiller pour rentrer à la meute.

Même si le voyage retour sera beaucoup plus difficile que ne l’a été l’allée. Mais qu’importe. Même si l’on doit mettre un mois à retourner à la meute. Même si on doit faire des pauses d’une heure toutes les heures. Même si on ne voyage qu’un quart de la journée.

– La seule chose qui importe est que tu restes en vie.

C’est seulement après avoir terminé ma phrase que je me rends compte que j’ai parlé à voix haute.
Apollo
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