J'avais fait une sieste tout l'après-midi aux côtés de ma soeur, et mon réveil était plutôt difficile. J'avais mal à la tête, et mes entrailles émettaient un grondement qui aurai pu faire trembler la terre. Le bruit était si fort qu'il avait fini par réveiller Nepheline. Mon estomac me faisait si mal. J'avais pourtant manger tout à l'heure, mais j'avais faim, tellement faim. Je me levais doucement sur mes pattes. Mes pensées étaient encore brumeuses, et j'émergeais difficilement. J'essayais de reprendre le contrôle de mon corps petit à petit. Je commençais en grattant légèrement la terre meuble à l'aide de mes griffes. Je chauffais ensuite les articulations de mes pattes, et pour terminer, je me secouais dans tous les sens en faisant de grands mouvements avec ma tête pour m'étirer le cou. Une fois mes muscles chauffés, je regardais ma sœur. Mon seul regard suffisait à lui faire comprendre qu'il était temps pour moi de me nourrir, et donc qu'il était temps pour nous de partir en chasse.

La nuit, sortit avec Nepheline, on est plus grand, plus fort. Les couleurs du ciel ne nous affectent pas, cela n’est rien de plus que des lumières sans importance. Je renifle le sol, cherchant quelque chose pour que l’on s’amuse un peu dans cet endroit ennuyeux. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas pu s’amuser rien que tous les deux. Je finis par trouver la piste d’un lièvre, je fais signe à ma sœur pour qu’elle fasse le tour et qu’on puisse le piéger.

Une fois en position, on s’élance tous les deux, par manque d’expérience, on se cogne le crâne lors de notre dernier bon, laissant fuir notre seul jouet potable.

Allongé dans la tanière de notre mère, Anna était sortie où elle dormait quelque part, enfin, elle était loin de nous et nous dérangeait pas. Nepheline dormait paisiblement, notre dernière chasse, c’était mal passé, on c’était rentré dedans il y a quelques heures, depuis on était rentré tout les deux bredouillent, au moins on pouvait dire qu’on savait mieux pister que l’autre grande perche. La journée avait été ennuyeuse, il ne me restait plus qu’à dormir.

Je commençais à mourir d'ennui, et avec Nepheline, nous avons décidé  d'aller dégourdir nos pattes avant que je commence à mordre les miennes... Elle commence à courir devant moi, et je la suis en laissant un peu de distance entre nous. Nous nous sommes essoufflés ainsi pendant plusieurs minutes, en slalomant entre les arbres, mais ma sœur s'arrêta net et se dissimula, les yeux fixant ce qui se passait dans le ciel. Une étoile filait vers le sol et s'écrasa dans la rivière en contrebat. Au même moment, une odeur vient embaumer mes narines : celle de la chair fraiche ! Sans réfléchir, je bondissais dans sa direction et dépassait Nepheline. Plus bas, des marcassins suivaient leur mère et tentaient de traverser un petit court d'eau pour la rejoindre, alors qu'elle les attendait un peu plus loin. Ils semblaient paniqués par la pierre qui venait de tomber. Dévalant la pente à toute allure, je finis par bondir sur l'un de ses petits alors qu'il se débattait avec l'eau. Mes crocs se refermèrent instantanément sur son frêle cou et je l'arrachais ainsi à jamais à sa famille. Nephine de son côté, ramassa la pierre qui dépassait de l'eau. Nous sommes ensuite partis pour rapporter notre butin.  

Dehors, alors qu’il pleuvait comme pas possible, j’avais un peu peur que Nepheline tombe malade avec sa santé fragile, mais elle ne semblait pas vouloir rentrer tout de suite. Je lui donne un coup de museau pour m’assurer qu’elle allait bien. Rapidement, je sens l’odeur d’un lièvre, comme la dernière fois, mais cette fois, avec la pluie qui tombait sur le sol, amplifiant les odeurs et qui risquait de nous faire repérer rapidement, je lui fais signe de me suivre doucement, lorsqu’on se trouve à une bonne distance de la petite créature, je bondis sur son petit corps et lui brise la nuque

Le lendemain, après avoir attrapé notre petite proie, on était rentré se mettre à l’abri. Ce matin, il faisait plus frais que d’habitude, mais au moins, la pluie avait cessé de s’abattre sur nous. On marchait dans la forêt, à la recherche de quelque chose qu’on pourrait croquer, ou alors, un canidé avec qui on pourrait jouer, cependant on ne trouva rien de tout cela. Ce fut une grande surprise que de trouver un faisan à quelques mètres devant nous. Le volatile était déjà blessé et n’avait donc aucun moyen de fuite. C’est avec une grande facilité que je lui arrache la tête et apporte sa carcasse à ma sœur.

En pleine nuit, on était de sortie parce qu'Anna ronflait comme une baleine, cela nous empêchait de dormir et notre mère n’était pas à la tanière pour lui donner une bonne leçon. C’est sous le clair de lune que je marche à côté de ma sœur, pelage contre pelage comme toujours. Une envie de me dépenser surgit brutalement, Nepheline semble d’accord comme la dernière fois où l’on avait foncé à toute vitesse pour attraper ce marcassin.

Je commence à courir en gardant un bon rythme, la noire à mes côtés, je m’arrête soudain en voyant un chevreuil devant nous. Je lui fais signe pour qu’elle parte d’un côté et moi de l’autre, je me mets accroupis, voulant le tuer, mais lorsque j’avance, ma queue fait tomber une pierre, faisant fuir le chevreuil. On rentre sans rien à la tanière.

J'explorai les environ avec Nepheline, à la recherche d'une future proie à dévorer. Nous marchons à pas de loup, collés l'un contre l'autre, dans de légers mouvement de pattes parfaitement synchronisés. Un énorme sifflement fait alors dresser nos oreilles. En levant nos têtes nous pouvons voir une petite boule de feu tomber du ciel. Nous la suivons des yeux jusqu'à ce qu'elle tombe sur le sol. Au moment de l'impact, un bruit étrange est produit. Ce n'est pas celui d'un cailloux qui tombe, mais celui d'un animal qui souffre. Son cri était puissant, mais bref. En me dirigeant vers le lieu d'impact de l'étoile. Je suis alors pris d'un grand fou rire en arrivant sur place. Nous apercevons un blaireau étalé par terre et mort. La pierre lui a fracassé le crâne lors de sa descente et a ensuite roulé un peu plus loin. Je me précipite alors sur le blaireau pour le prendre dans ma gueule. Ma sœur,plus intriguée par l'étoile, part la récupérer.

Plusieurs jours, plus tard, j’étais en compagnie de ma jumelle, on venait à peine de se réveiller, mais elle semblait débordante d’énergie. À moitié réveillé, je la suis lorsqu’elle se dirige vers l’extérieur. J’avais besoin de quelques heures de repos encore, mais je ne pouvais pas la laisser seule. On se dirige vers le marécage, voyant plusieurs canards, je n’étais pas vraiment en grande forme, je suis sa stratégie, jusqu’à ce que j’aperçoive une boule tomber du ciel comme les fois précédente. Elle tombe à quelques mètres devant nous, faisant fuir les deux volatiles qu’on avait trouvé. Avançant jusqu’à la pierre tombée du ciel, je la prends et la ramène à la tanière.

La vie pouvait être drôle parfois, je repensais à nos derniers exploits et aucun n’était une véritable réussite. Je me mis à rire tout seule, je sentais le regard de ma sœur sur moi alors qu’on marchait dans la forêt. Je ne lui expliquais pas ce qui m’avait pris et fini par me racler la gorge pour me re concentrer. Je sens plusieurs odeurs et approche de la source. Je remarque qu’il s’agit d’un écureuil. Cela ne semblait pas bien compliqué, bandant les muscles, j’allais pour l’attraper, mais manque ma cible et l’écureuil s’enfuit. Énervé, je frappe le sol avec ma patte, et part en grognant. Nepheline me suit sans dire un mot, je repère une autre proie, un lièvre. Voulant réussir quelque chose avant de rentrer, j’essaie de me concentrer, mais mon échec précédent ne me quitte pas ce qui me fais faire du bruit et ma seconde cible m’échappe.

Frustré, je rentre à la tanière sans dire un seul mot à ma sœur.

Dans la journée, j’avais demandé à ma sœur de sortir, j’avais besoin de me dépenser, de faire quelque chose. Trop d’échecs était arrivé ces derniers temps, je voulais réussir, je voulais tuer et sentir le sang couler le long de ma gorge. C’est dans un silence de mort que je marche en direction de la forêt, retournant vers l’endroit où j’avais chassé le lièvre la fois précédente. Il y en avait un autre, un beaucoup plus gros que le précédent. Je me concentre, prendre une longue inspiration et lui saute dessus en lui brisant la nuque. Voilà une réussite…

J'apporte la proie à notre tanière et en ressortant, je sens l'odeur d'un autre lièvre, le sourire sur les babines, je me dirige vers ce dernier, mais le vent se met à tourner. Sentant l'odeur de sang sur mon pelage, le lièvre se met à détaler comme un lapin.

Durant la nuit, on était sortis, il faisait frais, cela du bien de ne pas courir partout, de rester calme. Continuant à rester collé à ma sœur, je lui lèche la joue. Je ne devais pas être facile à vivre et nos deux vies était lié à tout jamais, rien ne pouvait nous séparer, et même après ma mort, je serais à ses côtés. Dans le ciel, une comète tombe à quelques mètres de nous. Je m’approche et laisse ma sœur prendre la pierre comme bien souvent et la ramène à la tanière.