Je ne voulais pas me lever se matin. Mes paupières étaient si lourdes, ma gueule si serré, mes membres si douloureux. La nuit avait été pire qu'épouvantable. C'était à ce demander si mes cauchemars ne me manquaient pas un peu...

- Impera ?

La voix venait de l'extérieur de ma tanière. Je murmurais des grognements sans doute. Il était encore si tôt !

- Impera, tout vas bien ?

Mais ferme la ! Je dormais par pitié.
L'impertinent osa entrer dans ma tanière et s'approcher de moi. Je me redressais pour le réprimander un peu mais lorsque je reconnue la chasseuse que j'avais soigné pendant se rude hiver, je reprenais enfin mes esprits. A, je m'énervais bien trop vite... Je me levais inquiète, confuse, honteuse et tout ce que vous voulez.

- Que se passe t'il Chihya ?

La louve semblait un peu mal à l'aise. Se dandinant d'une patte sur l'autre.

- Je suis désolée, mais on ne t'as pas du tout vue ce matin, et même un apprenti qui avait besoin d'un petit remède pour les articulations ta vu dormir et n'a pas oser te réveiller.

Plus je l'écoutais, plus mes yeux s'agrandissaient d'effroi.

- Mais...

- Le soleil est haut dans le ciel.

- Par mes griffes ! Je m'avançais pitoyablement vers l'entrée de ma tanière avant de m'arrêter. Voilà que cette douleur qui m'avait gaché la nuit revenait.

- Tu es sûrs que ça va ?

Je retournais au bord de la rivière pour me rafraîchir la langue sans répondre à ma camarade. Ces jacassements m'énervais mais je savais qu'au fond, c'était bien qu'elle soit là. Mes pattes tremblaient légèrement pendant que mes pensées fusées. Encore un coup de poignard. C'était évident non ? J'avais déjà assister à une mise bas mais lorsqu'on se retrouve nous même dans le bain on ne sait plus quoi faire. Est-ce que c'était normale ces douleurs ? Où est-ce qu'il y avait un problème ?
La panique me submergea. Je sentais mon coeur s'accélérer et ma respiration s'alterner entre rapide et arrêter.

- Je...

Encore une douleur.

- Va chercher Nehëmah ! Tout de suite.

- Mais je sais pas où il est moi !S'horrifia Chihya en comprenant se qui était en train de se passer. Je peux pas te laisser là toute seule !

Ses jacassements me taper sur le système. Mon regard noir lui fit comprendre qu'il n'y avait pas besoin de discuter.

- J'ai encore du temps... enfin je crois, dépêche toi.

Je revenais dans mon petit nid encore chaud avec dans la gueule tout ce qu'on m'avait appris, utile pour une mise bas. Le tout était de garder son calme... ce qui n'était plus du tout mon cas.

La respiration haletante. Une sueur froide dû à un stress non prométeur. La queue de la femelle s'en allant à la hâte de ma tanière me laissant extrêmement seule. Pourquoi cette mégère m'avait abandonné bon sang ! Impera, calme-toi. Trois mots qu'il fallait que je me force à me répéter. Inspiration expiration, pourquoi stresser ? C'était stupide de stresser. Mais...pendant se laps de temps toute seule, on se demande beaucoup de chose. On revoit tout ce qu'il s'est passé, dans une vie pourtant courte. J'allais être maman, en fait moi qui me pensais enfin habituée à cette idée, tout prenait sens ici-même, à cette instant.
Mes oreilles se plaquent à l'arrière de mon crâne alors qu'enfin une première contraction voit le jour. Haaa si on m'avait prévenu... Des bruits de galets se font alors entendre, et mon coeur s'accélère lorsque Nehëmah débarque moitié en glissant dans ma tanière. C'est tout de même un soulagement intense. Je ne suis plus seule, il est là, avec ses beaux yeux émeraudes et son air... complètement affolé.

- Ne me regarde pas comme ça ! essayai-je de déclarer sous le ton de la rigolade sans grande réussite.

Il semblait encore plus effrayé que moi. Mais je le comprenais, cela devait être... Je fermais les yeux serrant les dents. Je plongeais mon museau dans mes herbes pour en mâcher des feuilles d'orties. Je savais qu'elles me procureraient de l'énergie au cas où cela se passe mal mais je ne préférais pas prendre quelques choses pour la douleur. Un bref souvenir d'une mise bas avec ma mère m'expliquant que cela pouvait être dangereux que la mère ne ressente plus les véritables sensations, et je préférais donc ne pas essayer. Mais non d'un renard, j'avais drôlement mal.
Une fois les orties avalées, je regardais enfin mon compagnon.

- Rapproches-toi s'il te plaît.

Il se passait quoi, une demi-heure ? Quelques minutes, une heure ? Je ne savais pas, mais il me semblait que le travail se déroulait bien. Les orties avaient été efficace mais je sentais la fatigue venir tout de même lorsqu'une contraction plus grande que les autres apparut. Tout s'enchaîna très vite et soudain, mon ventre fut un peu plus léger. J'haletais, la tête posé sur la mousse. J'allais tourner de l'oeil, il fallait que Nehë prennent le relais, je ne savais pas ce qui se passait.

- Rapproche-le...de mon ventre... Comment va t"il ? Il respire ?

J'étais exténuée mais soudain libérée. Libre comme un petit oiseau chantant au printemps. Je voulais tellement relever la tête mais j'attendais avec un stress plus intense encore les mots rassurants de mon compagnon.!

C'est fatiguée, les membres tremblants que je me retournais une fois que ma tête de me tournait plus. Je sentais soudain une petit chose chaude s’agripper à une de mes tétines et j'eu soudain l'impression d'exploser. Exploser de bonheur en voyant la petite chose pleine de vie contre moi. Une petite fille ? Malgré la fatigue, je sentais que le travail était presque terminé, seulement un petit louveteau de Nehëmah et moi, un louveteau qui remplirait à jamais tout notre amour et notre bonheur. Cette petite était le véritable union de nos deux âmes. Je commençais à masser de ma langue la petite en jetant des coups d’œils remplit de larmes à mon compagnon. Et j'avais insisté, Nehëmah avait été effrayé à l'idée que notre petit ne porte son fardeau, mais maintenant que je l'ai regardais à tour de rôle, je ne regrettais en rien mon choix d'avoir insisté malgré ma jeunesse.
Une fille, je n'arrivais pas à le croire. Toutes mes peurs, mes angoisses semblaient soudain envolés. J'étais la mère la plus heureuse qui soit. Comme si mes soucis n'avaient jamais existait. Une mère, oh oui, j'étais une mère. Je regardais Nehëmah essayant de calmer mon expression de joie intense.

- Tu ne regrettes pas ?

Je lui souriais en attendant tout de même sa réponse. Je voulais ainsi être sûr de moi.

- Rapproche-toi Nehë, je veux être contre toi. Je veux que nous soyons tous les trois emsemble, pour toujours.