Qu’est devenue la belle et lumineuse Lumen ? Elle est toujours là, sans doute enfuie quelque part, mais, pour le moment, c’est une part beaucoup plus sombre de sa personnalité qui a tendance à prendre le dessus.

Depuis la funeste disparition de papa et de Laliona, je n’arrive plus à réfléchir correctement. Je ne suis plus tout à fait moi-même. Comme… éteinte.

Mais la vie continue et je ne peux pas me permettre de rester enfermée dans ma dépression. J’ai du mal à être aussi joyeuse qu’autrefois mais j’avance au fur et à mesure et, grâce au soutien de mes amis et du reste de ma famille, je sors peu à peu la tête de l’eau.

Si je ne peux pas me permettre d’être trop faible actuellement, c’est justement parce qu’en cette période troublée, où l’Akatsuki est fragilisée de l’intérieur, mon travail d’espionne devient primordial. D’autant plus que, sans Laliona, qui était un des meilleurs si ce n’est le meilleur espion de la meute, la quantité de travail n’a fait qu’augmenter.

Maman ne veut pas que je sorte trop en territoire neutre en ce moment et je la comprends, elle a peur. Peur pour moi. Peur de perdre un autre enfant. Du coup, j’ai diminué mon nombre de sorties mais, pendant que je suis à la meute, je ne reste pas en plan à ne rien faire. Si je veux conserver mon niveau actuel, je me dois de rester en forme et, pour cela, je m’entraîne régulièrement à utiliser mon pouvoir.

Aujourd’hui, c’est l’apparence d’Ikhaïl que je choisi de copier. C’est la plus simple pour moi. La plus évidente. La première que j’ai réussi à copier entièrement et à conserver plus de quelques secondes. C’est vrai que lui et moi n’avons pas du tout la même corpulence mais il est mon frère jumeau, je le connais par cœur et, grâce à cela, le copier me vient naturellement.

Je laisse mon pouvoir déferler dans mes veines alors que l’image de mon frère se fixe dans mon esprit. Une petite minute plus tard, je n’ai pas besoin de me regarder dans l’eau pour savoir que j’ai réussi. Je sens mon pouvoir dans chacun de mes membres. Il s’attèle à modifier ma corpulence, la couleur de mon pelage, de mes yeux et chaque petit détail qui finit par me transformer en quelqu’un d’autre.

Mon entraînement consiste non seulement à réussir la transformation mais aussi à la maintenir le plus longtemps possible. Marchant entre les arbres du bois des Damnés, je me concentre pour garder l’apparence de mon frère. Maintenir le mimétisme est de plus en plus difficile au fur et à mesure que le temps passe mais, quand je sens mon pouvoir se dissiper, je sais que j’ai tenue un temps considérable par rapport à d’habitude. Quatre bonnes minutes au moins !

Devant ce joyeux constat, je pars me rafraîchir au point d’eau le plus proche, heureuse de mes progrès.