Voilà un long moment qu'Aïshala marchait sans faire de pause. Elle s'était réveillée tôt dans la matinée, lorsque les tout premiers rayons du soleil commencèrent à pointer le bout de leur museau. Pourtant, elle n'avait rien de particulier à faire, juste marcher, et découvrir. Elle n'était pas spécialement à la recherche de gibier, mais ne se priverait pas d'attraper une petite proie passant devant son museau. En tout cas, elle minimisait ses efforts physiques, car une petite voix dans sa tête lui soufflait qu'elle en aurait certainement bientôt besoin.

En effet, à force de rôder sur tous les coins de cette planète qui n'en finissait jamais, Aïshala avait fini par arriver dans une partie de ce monde complètement gelée, froide et enneigée. Son poil mi - long la protégeait par chance du froid, mais rien ne garantissait que les proies abondent dans les jours à venir. La jeune louve marchait donc au pas, la tête portée basse en se contentant de fixer le sol et parfois, compter ses pas pour s'occuper l'esprit. A certains moments, lorsqu'une odeur lui parvenait, elle relevait la tête et pointait le museau vers le ciel, à la recherche de la moindre distraction à suivre.

Une odeur qui lui était peu connue commença à se mêler aux effluves dans l'air, une sorte d'odeur piquante, peut-être même salée. Y avait-il une mer ou une plage proche d'ici ? Intriguée, la jeune louve se décida à suivre cette odeur, espérant peut-être découvrir de jolis paysages à graver dans sa mémoire. Elle aimait aussi la solitude pour ça, se balader où bon lui semble, chose que l'on ne peut pas faire en meute d'après elle. Elle faisait peut-être partit des Shin'Kan, mais ce n'était qu'une sorte de communauté, qui ne vivait pas comme les deux autres meutes des environs, elle n'était pas cloisonnée dans des règles et des procédures à suivre sans cesse.

Après de longues minutes de marche, alors qu'elle pensait approcher de l'endroit qu'elle recherchait, une silhouette canine se dessina à l'horizon. Elle se figea un instant, le regardant de loin. Il n'était qu'un petit point noir à l'horizon, il ne l'avait peut-être pas repéré, mais le vent allait dans son sens et en continuant dans cette direction, il allait finir par la sentir, ce n'était qu'une question de minutes avant que le canidé remarque sa présence. A cette pensée, la louve se contenta de hausser les épaules et d'avancer. Elle n'avait pas peur des étrangers, elle savait se battre et était entrainée. Tous ce qu'elle voulait, s'était voir la mer. Elle ne recherchait pas les ennuies et n'était pas sur le point de voler une proie à l'étranger. Ainsi, elle se contenta d'avancer à pas détendu dans sa direction, la tête cette fois-ci redressée, le fixant à la recherche du moindre signe d'agressivité ou de soumission, mais l'inconnu ne bougea pas. Il se contenta de l'attendre patiemment, comme s'ils se connaissaient et s'étaient donné rendez-vous en ces lieux peu fréquentables.

Pendant un instant, elle fût tenté de plaisanter et de lui passer devant le museau comme si elle ne l'avait pas vu, mais elle se disait que ce n'était pas très poli, et honnêtement, elle manquait de compagnie. Elle s'arrêta donc à une distance raisonnable du mâle, deux petits mètres seulement, et pencha légèrement la tête sur le côté, le détaillant de haut en bas. Elle reprit finalement sa marche, entamant une ronde autour de l'étranger pour le détailler sous tous les angles. Elle ne l'avait jamais vu, elle en était certaine. Alors pourquoi ne bougeait-il pas ? La confondrait-il avec une autre ? A mi chemin de sa ronde, elle se stoppa à nouveau et le dévisagea, pensive.

- On se connait ? Lui demanda-elle simplement, ne pouvant plus supporter de ne pas savoir ce qui le rendait si neutre en sa présence.

Le mâle ambré ne la quitta pas des yeux durant tout son petit manège d'analyse, et ses prunelles se plongèrent dans les siennes lorsqu'elle se figea pour poser sa question. Aïshala attendit patiemment que l'inconnu lui réponde. Ce dernier ne semblait lui non plus pas du tout impressionné par la présence de la femelle, il prit même le soin de s'asseoir sur son derrière, abandonnant toute position qui pourrait en une minuscule seconde devenir une position d'attaque. Il semblait détendue, et la femelle en fit autant. Il ne semblait pas agressif, et elle n'était pas là pour se battre, alors autant se détendre et discuter paisiblement. De toute façon, à par voir la mer, elle n'avait rien de mieux à faire que de taper la causette.

- « Nous ne nous connaissons pas, je suis un simple Mercenaire. Beaucoup de loups demandent mes services, si je vous ai attendu c'était pour savoir si vous me cherchiez. »

Une étincelle de curiosité s'alluma dans le regard de la louve aux couleurs charbonneuses. Un mercenaire ? Voilà qui était intéressant. Était-il donc une sorte de loup solitaire, qui attendait que des gens viennent à lui pour lui dire de tuer ou de menacer telle ou tel congénère ? Elle garda ce petit détail dans un coin de sa tête. Après tout, c'était plutôt un avantage d'avoir un contact capable de tuer pour toi, certainement contre une forme de monnaie, comment payer ses services d'ailleurs ? Elle avait tellement de questions à lui poser, son petit travail l'intriguer et la fasciner en même temps. La louve entrouvrit la gueule pour parler, le pointant du bout de la patte d'un air amusé.

- Donc toi, ton travail, c'est de tuer des gens ? Fascinant. Comment se payer ton service ? Non pas que ça m'intéresse dans l'immédiat, je sais très bien me débrouiller toute seule pour ce genre de basses besognes mais c'est disons… au cas où, dit-elle avec un sourire légèrement mesquin.

Dans un élan de nonchalance, la louve se coucha sur le sol, dans un mouvement lent et très détendue pour ne pas prétendre à une attaque. Loin de là son idée, elle voulait simplement s'allonger. Ses longues heures de marche avaient épuisées ses petites pattes et les reposer en s'allongeant un petit moment lui faisait le plus grand bien. La fraîcheur de la neige apaisée avec joie la chaleur brûlante de ses muscles.

- Dit moi, sans vouloir être indiscrète, qu'est-ce qui pousse un loup à un tel… travail ?

Le mâle ne fit pas le moindre mouvement suspect lorsqu'elle s'allongea pas terre pour se détendre, aucun signe d'attaque imminente. Tant mieux, elle n'avait pas spécialement envie de se battre, non pas qu'elle le redoutait comme adversaire, mais simplement par flemmardise. Alors si tout le monde s'entendait pour le mieux dans ce joyeux petit monde, à la bonne heure ! Après les quelques questions qu'elle venait de lui poser, elle était curieuse de savoir ce que ce loup avait à raconter. Elle nota d'ailleurs qu'il avait l'air plus âgé qu'elle, elle ne saurait dire de combien, mais il avait sans aucun doute plus vécu et devait donc avoir des histoires croustillantes à raconter sur sa profession.

- « Je suis nés dans ce milieu, j'ai été formé très jeune. Je n'ai donc pas eu le choix.
Le plus souvent les services de Mercenaire sont vendu aux meutes, ça peux aller d'une simple chasse à l'assassinat d'un loup. En échange il est possible d'avoir plusieurs chose, de la viande, une protection, des soins, ou cela se transforme sous forme de dette. Chaque mercenaire pratique différemment, pour ma part je ne demande pas grand chose, cela m'aide à penser à autre chose. Suivant la mission demandé, les prix sont différent, pour l'espionnage d'un compagnon ce sera bien moins que l'assassinat d'un Alpha. En général on essaie d'éviter de tuer les loups important, car cela devient très risqué pour le tueur. »

Durant tout le temps où le mâle s'exprimait, la jeune louve se contenta de hocher la tête de temps en temps, signe qu'elle suivait toujours même si elle était à deux doigts de décrocher à certains moments. Ainsi donc, tout dans ce monde se vendait et se marchandait, fascinant. Elle comprenait tout à fait la différence des prix suivant la demande, mais elle comprenait moins le principe d'engager quelqu'un pour espionner son compagnon. Elle n'en avait jamais eut, mais elle ne se serait personnellement pas embêter à recruter un mercenaire pour ce genre de travail. Un bon coup de crocs dans les cuisses ou les flancs remet toujours les idées en place ! Enfin bon, c'était sa méthode à elle. En revanche, un détail dans son discours ne lui échappa pas. En exposant ses propres tarifs, il avait laissé échappé qu'il demandait peu car "cela l'aider à penser à autre chose." Qu'avait-il donc de si difficile à oublier qui nécessité au moins du meurtre pour ne pas y penser ?

La jeune louve noire resta un instant silencieuse, assimilant et retenant bien toutes les informations qu'il venait de lui donner. Elle pourrait peut-être avoir besoin de lui un jour qui sait, surtout si son travail ne consistait pas seulement à tuer, il lui semblait avoir entendu vaguement le mot "chasse" dans les activités des mercenaires. Si un jour elle avait besoin d'un compagnon de chasse, elle ferait certainement appel à lui, vu qu'elle ne connaissait encore personne d'autre pour l'aider et qu'elle commençait doucement à se lasser des petits rongeurs. Aïshala se redressa sur ses pattes avants pour se mettre en position assise, ramenant doucement sa longue queue touffue contre son flanc.

- Sacré vie dit moi, je pourrais peut-être avoir besoin de tes services un de ces jours, pour une chasse je veux dire. Attraper seule de gros gibier n'est pas une mince affaire ici, glissa-t-elle dans un ricanement amère. Au fait, c'est quoi ton nom ?

Aïshala ne prêtait pas du tout attention aux formalités ni à la politesse, d'ailleurs elle avait à peine remarqué qu'elle le tutoyait alors que lui avait la décence de la vouvoyer. Elle n'était pas très accroché à la politesse ni aux belles paroles, peut-être même avait-elle un langage un peu rude et franc parler, mais jusque là, personne ne s'en était jamais offusqué. Elle avait été éduqué comme ça, et elle ne supportait d'ailleurs pas de faire des courbettes, que ce soit devant un alpha ou dans le langage.

Voilà un bon moment qu'ils discutaient et en effet, elle ne connaissait toujours pas son nom. Quelle impolie elle faisait. D'autant plus que c'était une information intéressante, comment pourrait-elle le contacter pour une chasse ou autre contrat si elle ne connaissait même pas son nom ? Elle se doutait bien qu'il ne suffisait pas de penser à lui pour qu'il apparaisse comme par enchantement. Quoique… c'était peut-être son pouvoir. Elle lui posa donc la question pour son nom et attendit sa réponse, prête à mettre cette petite information dans un coin de sa tête.

« Je me nomme Wick, mais on me connait plus sous le nom de Croquemitaine, et vous ? Je serais présent lorsque vous aurez besoin de mes services. »

Son nom était donc Wick, ou Croquemitaine… charmant ! Elle trouvait Wick plus simple à retenir mais soit, elle retiendrait les deux. Il lui retourna par la même occasion la question tout en affirmant qu'il serait présent si elle se trouvait un jour dans le besoin et que cela nécessiter un contrat entre eux. Elle hocha légèrement la tête en entendant cela, ravie d'avoir un loup de secours si nécessaire.

- Moi c'est Aïshala, mais les gens m'appellent aussi Sha, ou Aïsha, ils trouvent mon nom souvent trop long ou trop difficile à prononcer, dit-elle dans un haussement d'épaules dédaigneux.

Cela lui importait peu de comment on l'appeler pour être honnête, même si elle préférait son nom d'origine évidemment, elle ne faisait pas tout un scandale quand quelqu'un l'appelait différemment. Sauf lorsqu'on l'appelait Shasha ! Quelle idée de l'appeler ainsi, si on abrège c'est pour retirer des syllabes, pas pour en rajouter ! En plus cela fait très enfantin, presque tata gâteaux, or elle est loin d'être la gentille tantine que tous les petits louveteaux rêvent d'avoir.

La louve noire resta un instant immobile, à profiter de l'air frais de cette étendue de neige. Son souffle formait de la buée à chacune de ses respirations, et le vent frais qui frôlait le sol soulever de mince flocons de neige qui venaient se poser en fine couche sur sa fourrure. Aïshala décida de se remettre debout, pour refaire marcher ses muscles bien rafraichit. Elle s'ébroua rapidement pour faire tomber les petits flocons qui s'étaient logés sur ses poils, puis tourna la tête dans la direction d'où provenait l'odeur salée. Elle reporta finalement son attention sur Wick, lui désigna les lieux où elle cherchait initialement à aller d'un geste du museau.

- Je sens une odeur de sel, il n'y aurait pas une mer ou un océan pas loin ?

A tout hasard, il connaissait peut-être l'endroit et pourrait lui indiquer et si oui non elle n'était pas en train de rêver, histoire qu'elle ne fasse pas tout le trajet inutilement.

Wick sembla remarquer que notre louve commençait à avoir froid aux pattes, il était bon de les raffraichir dans la neige lorsqu'il faisait chaud, mais mieux valait se remettre rapidement en mouvement pour ne pas finir en stalagmite. Alors qu'elle s'était redressée pour faire tomber les flocons posés sur son pelage, elle remarqua que le loup brun/noir l'invitait d'un geste de la queue à le suivre, histoire de refaire fonctionner et chauffer leurs muscles. La louve esquissa un léger sourire pour le remercier de cette attention. Et dire qu'il était un mercenaire, un loup capable de tuer n'importe qui, peut-être même elle. Faisait-il tout cela pour la mettre en confiance pour mieux la tuer après ? Même si cette hypothèse était envisageable, elle y croyait peu. Déjà à sa place, elle ne perdrait pas son temps à tenter de gagner la confiance de sa futur victime pour pouvoir mieux l'attaquer par derrière. Elle, elle rentrerait direct dans le tas pour finir plus vite, et de plus, elle ne connaissait presque personne, qui pourrait bien vouloir la voir morte ?

« Il y a une mer à quelques kilomètres, je vais t'y conduire. »

- Oh, très aimable, je n'en demandais pas autant, lui répondit-elle en guise de remerciement.

Après ce qui lui sembla être une bonne petite heure de marche, Aïshala découvrit sous ses yeux l'immensité de la mer, à un détail près : elle était gelée. L'immense étendue de neige avait laissé place à horizon de glace. La louve se risqua prudemment à approcher, venant poser ses pattes avants sur le contact dur de la glace. D'abord avec précaution pour tester son épaisseur, puis de manière plus assurée. Néanmoins, elle ne se contenta que d'y poser ses pattes avants, ne voulant pas prendre le risque de casser la glace et tomber dedans en entier. Avec le froid qui régnait ici, l'eau pénétrerait ses poils et le froid la transformerait en glaçon ambulant.

« Nous y sommes, voici la mer gelée. » Lança le mercenaire dans son dos.

La louve inspecta prudemment les environs, avant de se délecter de la beauté du paysage.

- C'est joli ici, mais il ne doit pas y avoir grand chose à chasser. Je ne pense pas qu'il y ait une foule de bestioles dans le coin. La louve marqua une pause avant de poser son regard sur Wick, une pointe de curiosité dans le regard. Avec ton travail, tu as déjà dû tuer pas mal de loups, tu en connaissais certains ?

La louve baissa la tête et retira ses pattes avants, les décollant l'une après l'autre. L'humidité de la neige qui avait fondu sous ses coussinets avaient collé ses pattes avants sur la glace. Cela lui rappela un vieux souvenir où petite louve, elle avait voulu s'abreuver un hiver au cours d'eau habituel, mais la glace avait prit la rivière et elle s'était retrouvée la langue collée à la glace. Elle n'avait pas mis longtemps à se déloger, mais elle avait eut une sacrée peur sur le coup.

Après avoir décollé ses pattes de la glace, la louve noire retourna ses coussinets vers elle pour les étudier. Mieux valait ne pas laisser ses pattes dessus trop longtemps, l'eau devait être terriblement froide et par un temps pareil, une petite baignade était synonyme de mort assurée. Elle se recula donc de quelques pas pour laisser de la distance entre elle et le danger puis étudia avec soin l'horizon et les multitudes de beautés qui s'offraient à elle. La glace qui avait prit la mer s'étendait à perte de vue, si bien qu'elle ne pouvait deviner où cela finissait. Peut-être à une journée de marche, ou peut-être pas du tout ?

Elle resta un moment immobile à contempler la mer, les seuls mouvements apparents étaient sa queue qui se balançait de droite à gauche dans un rythme lent pour garder son corps en mouvement, et ses oreilles qui pivotaient de temps à autre vers Wick, histoire de le garder sur écoute. Il avait beau s'être montré plutôt sympathique depuis le début, il était un mercenaire et pouvait à tout moment tenter de la tuer s'il en avait reçu l'ordre. Elle se demanda soudainement qu'elle serait la prime si un jour on lui demandait sa propre tête, combien un loup serait-il prêt à payer pour la voir morte ? Elle espérait que ce ne soit pas qu'un simple lapereau. Non pour elle, il faudrait une énorme récompense, un troupeau entier de biches et de petits faons ! Etait-ce étrange de peser le poids de sa vie contre un troupeau ?

Elle secoua légèrement la tête, histoire de chasser cette pensée qui était partit beaucoup trop loin. Si un jour quelqu'un voulait sa tête, il avait intérêt à bien se préparer, au risque de se voir renvoyer la sienne à son expéditeur.

« Oui, j'en ai connu deux ou trois, par moment, je me dis que le monde et petit. »

Cette remarque arracha un bref sourire à la louve noire. Elle ne pouvait pas trop dire, pour elle qui passait son temps à voyager, elle avait l'impression que le monde était immense ! D'ailleurs, elle ne revoyait presque jamais deux fois la même personne après l'avoir croisé, elle ne reverrait peut-être donc jamais ce loup qu'elle avait proposé d'embaucher un jour si besoin est.

- Ca ne doit pas toujours être agréable comme travail, tu n'as pas peur de tomber sur plus gros que toi et de mourir ? Que feras-tu lorsque ta proie sera trop forte pour toi ? Tu fuieras la queue entre les pattes sans ta récompense, ou mourrais-tu pour une personne que tu ne connais même pas ?

Elle planta son regard dans celui du loup brun et ne le quitta pas des yeux durant toute son énumération de question. Elle voulait analyser ses réactions pendant qu'il allait lui répondre, histoire de voir s'il était plutôt courageux, ou plutôt désespéré par la vie.

Le loup devant elle ne semblait pas blessé par ses paroles, qui elle en était certaine, aurait hérissé les poils du dos à plus d'un. Au contraire, lui était détendu, comme s'il comprenait d'une certaine manière qu'elle se pose cette question, ou que ce n'était pas dit sur un ton agressif et provocateur. De toute façon il n'y avait pas de quoi, ils s'entendaient bien jusque là, elle n'avait aucune raison de faire soudainement un craquage et se le mettre à dos, il devait certainement comprendre que là n'était pas sa véritable intension. Pas de la provocation, juste de la curiosité.

« Nous devons tous mourir un jour, si l'on me confie une mission, l'éthique veux que nous combattions jusqu'à la mort. Ce serait un déshonneur de fuir un contrat. Même si j'ai frôlé plusieurs fois la mort, j'ai toujours atteins mes objectifs, le jour où je ne pourrait le faire, c'est que mon corps sera entièrement vidé de son sang.»

La louve noire resta silencieuse un moment après cela, se demandant s'il était bon de reprendre la parole pour continuer sur le sujet, car elle savait qu'ils n'allaient pas être d'accord. Même si elle respectait cette… vision des choses, elle savait à présent pourquoi elle ne ferait jamais mercenaire. Son éducation de solitaire et d'individualisme, à ne penser qu'à elle et à sa propre survie lui dictait très clairement que jamais elle ne mourrait pour quelqu'un, et encore moins pour une mission qui est censé lui rapporter quelque chose… si elle est encore en vie !

- C'est… sympa, dit-elle un peu crispé sans grande conviction, mais mon instinct et mon éducation de solitaire me pousse à penser tout le contraire, personnellement je ne mourrais jamais pour quelqu'un et encore moins une mission. Nous n'avons qu'une seule vie, elle mérite d'être vécue.

Elle aimait beaucoup trop la vie pour mourir ; la vue d'un nouveau paysage, le gout d'une bonne proie dans la bouche, la sensation fraiche de l'herbe haute qui caresse le ventre. Derrière son caractère un peu hostile et brut, elle appréciait chaque petit moment de la vie à sa juste valeur. Dans son petit jardin secret, elle était une grande optimiste de la vie, et elle avait l'impression que rien ne pourrait lui donner envie de ne plus luter pour voir le soleil se lever chaque matin.

A l'inverse du mâle qui se tenait devant elle, elle avait une peur bleue de la mort, et de tous ce qui pouvait lui retirer la vie et la beauté de ce monde. C'est pourquoi elle était lâche, car rien n'avait plus de valeur que la vie, ni la fierté, ni un ami, ni une mission.

Plus elle discutait avec ce mercenaire et plus elle avait l'impression que quelque chose de grave s'était passé dans sa vie, dernièrement ou non. Choisir la voie de tuer des gens sans craindre la mort et ne plus avoir un véritable goût pour la vie... Tous ses facteurs étaient des petits signes de détresse, mais elle n'osa pas y répondre et le lancer sur le sujet. Peut-être, s'ils se revoyaient un jour, tenterait-elle sa chance, mais elle trouvait cela un peu osé de parler du privé dès la première rencontre. De plus, elle n'avait pas vraiment envie qu'il lui pose des questions sur sa famille en retour, ou qu'il se vexe et que cela engendre une dispute voire un combat. Aujourd'hui, elle voulait garder cette ambiance posée, détendue, qui était née entre eux.

« Nous avons tous une éducation différente, nous voyons tous la vie différemment, pour certain elle est éphémère, pour d’autre elle est précieuse. »

Aïshala retient tant bien que mal une grimace désapprobatrice. La vie était éphémère, et c'était justement ce qui la rendait précieuse, mais elle n'allait pas débattre plus longtemps avec lui sur ce sujet. Elle avait l'impression de marcher à reculons sur une corde sensible et qu'à tout moment, elle pouvait déraper et provoquer un accident.

Ne trouvant plus rien d'intéressant à raconter de plus à Wick, du moins pour aujourd'hui, la louve noire se leva, s'ébroua pour faire tomber tous les petits flocons qui s'étaient posés sur son pelage, et se tourna vers le mâle brun/noir.

- Et bien Wick, j'ai été contente de te connaitre, merci de m'avoir amené à la mer, mais il tant que je rentre sur des terres un peu plus chaudes. Ce climat, dit-elle dans un frisson désagréable, n'est pas adaptée pour moi.

Suite à ces mots, elle lui adressa un léger signe de la tête pour le saluer et se détourna, prenant la route qu'ils avaient emprunté quelques temps plus tôt pour rentrer chez elle. Elle allait certainement se diriger vers l'ouest, le climat devait certainement y être plus agréable. Elle espérait que si elle avait besoin de lui, elle pourrait le retrouver dans cette région, mais si ce n'était pas le cas et bien… le hasard, viendrait pimenter leur vie.