Récapitulatif des chasses

02.12 : Aucune proie.
03.12 : 1 proie.
04.12 : Aucune proie.
05.12 : 1 proie.
06.12 : Aucune proie.
07.12 : Aucune proie.
08.12 : 1 proie.
09.12 : 1 proie.
10.12 : Aucune proie.
11.12 : Aucune proie.
12.12 : 2 proies.
13.12 : 2 proies.
14.12 : Aucune proie.
15.12 : 1 proie.
16.12 : 1 proie.
17.12 : Aucune proie.
18.12 : Aucune proie.
19.12 : 2 proies.
21.12 : 2 proies.
22.12 : 1 proie.
23.12 : Aucune proie.
24.12 : 1 proie.
27.12 : 3 proies.
28.12 : 1 proie.
29.12 : 1 proie.
30.12 : 1 proie.

02.12

Sa présence dans l'Ouest était troublante. L'Étrangère sentait, au fond de son cœur, une pression douloureuse qui brûlait sa poitrine. Elle errait depuis quelques heures seulement, avançant doucement dans la forêt. Elle entendait régulièrement le chuchotement des cours d'eau environnants mais ne s'arrêtait que le temps de respirer les relents humides de la neige recouvrant toutes les autres odeurs.

Les chasses ne seraient plus aussi faciles, dorénavant. L'Étrangère pouvait le dire ; les proies s'étaient raréfiées sur son passage à mesure que les jours passaient. Elle soupira, se préparant psychologiquement aux souffrances de la mauvaise saison. Elle espérait seulement que ses proches y survivraient sans y laisser trop de poils.

03.12

La rencontre imprévue avec sa meilleure amie avait ravivé la flamme dans son petit cœur. Particulièrement heureuse d'avoir revu ce visage familier, l'Étrangère avait décidé de se promener aux alentours avant de reprendre la route ; oui, parce que ses parents vivaient apparemment à proximité. Il était plus que temps pour elle de revenir auprès des siens.
D'ailleurs, Hélena lui avait rappelé que son nom était « Lied » ; s'il ne lui était pas familier du tout, la jeune femelle était plutôt contente de réapprendre à se connaître.

Son ventre gronda. Non, l'Étrangère n'avait pas chassé — ou, en tout cas, rien ramené — depuis quelques jours. Ses pistes récentes s'étaient toutes soldées par des échecs. Elle laissa ses sens la guider avec plus de précautions que d'habitude. L'hiver ne pardonnait pas l'imprudence. La neige faisait craquer ses pas, signalant sa présence à la plupart des proies environnantes. Elle remarqua cependant un terrier de lièvre sur lequel la terre avait été retournée récemment. Elle décida de recouvrir soigneusement les autres sorties pour forcer l'animal à sortir de son côté.
Son plan se déroula à merveille. Une demi-heure plus tard, les efforts de Lied était récompensés.

04.12

Elle tournait en rond, « Lied ». Elle avait récupéré son nom mais n'arrivait pas réellement à se familiariser avec lui. Il sonnait bizarrement sur sa langue, n'avait pas de syllabes rassurantes à ses yeux. Il était seulement ce nom qui lui rappelait qu'elle était une Étrangère. De plus, il était presque l'heure de rejoindre ses parents. Elle avait peur de leur réaction, de ce qu'ils diraient à son retour. Ils devaient lui en vouloir. Elle inspira profondément. Encore une minute. Voilà le temps que Lied se donnait pour se préparer psychologiquement. Une minute. Quand la dernière seconde s'écroula sous la forme d'un grain de sable dans le sablier, l'Étrangère avança dans les fourrés. Elle marcha doucement vers sa destination finale.

Il était finalement l'heure.

05.12

Lied avait redécouvert le plaisir de dormir lovée contre ses proches, la veille. Elle avait perçu le battement régulier du cœur de sa mère sous son oreille, les ronflements à peine perceptibles de son père. Les odeurs familières dans le petit habitat confiné où ils se serraient. Il ne lui manquait que sa meilleure amie.

Elle se leva tôt, ce jour-là. Décidée à rejoindre Hélena un peu plus tard, Lied se lança en quête d'une proie à ramener aux parents encore couchés. Sa mère était faible, la môme l'avait remarqué. L'hiver ne l'aidait pas à avoir la forme. Elle chercha longuement, puis se déclara chanceuse quand un porc sauvage sembla consentant pour leur servir de déjeuner. Elle le pista avec acharnement, laissant surgir la chasseresse experte qui rôdait quelque part au fond de son cœur. Elle se blessa légèrement en l'achevant mais put le ramener sans trop d'efforts.

06.12

Entièrement dévouée à sa meilleure amie depuis son retour, Lied se dépêcha de la rejoindre dès l'aube. Hélena n'était pas encore levée. Elle se déplaça le plus silencieusement possible dans la tanière occupée par la jeune femelle, s'allongeant à ses côtés. Elle posa sa tête contre l'épaule de son amie, puis soupira de bien-être. Sa chaleur n'était pas celle de sa mère, bien sûr, mais Hélena ressemblait quand même à une petite bouillotte. Être auprès d'elle était réellement un bonheur. Elle se laissa bercer par la respiration régulière, sombrant à son tour dans le sommeil le plus serein possible.

07.12

Lied était heureuse. Elle avait recommencé à chasser avec sa mère, ce qui lui avait donné l'occasion de remarquer que la Gemme peinait à suivre son rythme. Oh, leur formation avait très bien fonctionné ! Mais Gemini était essoufflée à l'arrivée alors que Lied souffrait à peine d'un poumon brûlé. L'écart entre la mère et l'enfant s'était creusé. Après avoir été dépendante, la jeune femelle découvrait le sentiment d'accomplissement lorsque l'on surpassait ses aînés. Elle avait été fière de leurs réussites. Assez pour la raconter à Hélena en la voyant, un peu plus tard dans la journée.

08.12

Lied avait été séparée de ses parents, une nouvelle fois. Pour le coup, la faute revenait à la pluie. Elle avait bien essayé de refaire le chemin jusqu'à eux mais les crues avaient ravagé les environs. Les routes n'étaient plus vraiment praticables. Beaucoup d'animaux en souffraient, d'ailleurs. Ce jour-là, Lied récupéra un renard noyé. Le pauvre semblait avoir péri depuis peu dans des souffrances innommables. Elle soupira en le ramenant chez la famille d'Hélena. Elle allait offrir sa proie en guise de loyer.

09.12

Lied progressait doucement sur les berges meubles. La boue maculait son pelage. L'eau venait régulièrement chatouiller ses coussinets ou ses flancs en l'éclaboussant, créant des petits remous à la surface des rivières brunâtres. Celle qui avait été l'Étrangère cherchait des âmes à sauver. La mort du renard, la veille, lui avait crevé le cœur. Elle avait réussi à tirer quelques animaux du déchaînement des eaux mais le busard qui l'attendait, là, était bien mort. Elle le récupéra pour ne pas gâcher sa viande. Il ne pouvait pas être mort en vain.

10.12

Lied rentrait enfin chez ses parents. Après quelques jours passés aux côtés de sa meilleure amie, la jeune femelle n'avait plus qu'une envie : les revoir. Elle aimait passer du temps avec eux, chasser à deux ou trois, observer le ventre de sa mère dans le cas où il s'arrondirait. Elle avait commencé à y penser un ou deux jours après son retour dans l'Ouest. Ses parents étaient jeunes, ils pouvaient avoir d'autres petits. Elle, Lied, deviendrait « grande sœur » ; l'idée lui plaisait énormément.

Elle décida d'en parler avec sa mère en arrivant, voir s'ils avaient effectivement une telle chose en projet ou non. Malheureusement, sitôt happée par les conversations vives de sa mère, Lied oublia de poser la question. Elle lui raconta son séjour, sa peur face aux éléments déchaînés, les proies trouvées et les animaux sauvés... Bref. Tout.

11.12

- J'aimerais bien avoir des frères ou des sœurs.

Le visage de sa mère se décomposa. Lied eut un petit sourire penaud, les oreilles couchées sur le crâne. Sa queue remuait doucement alors que les deux femelles se reposaient à l'entrée de leur repère. Sa mère baissa la tête, comme pour réfléchir, puis lui adressa un croissant doux. Elle avait l'air soulagée.

- C'est vrai ? Tu t'occuperais d'eux ?

L'enthousiasme de Lied redoubla.

- Tout le temps ! Je leur apprendrai la chasse !

Sa mère laissa échapper un rire joyeux. Pas de doute, ils formeraient bientôt une belle famille très soudée.

12.12

Lied se lova contre son père. Ils avaient chassé à deux pour la première fois depuis sa naissance. Elle en était vraiment très heureuse. En plus, on ne pouvait pas dire qu'ils rentraient les pattes vides. Ils avaient réussi à coucher une biche à eux seuls, puis Lied avait trouvé une petite hermine aux couleurs hivernales. Maintenant, l'improbable duo se reposait en attendant que la mère de famille se réveille. Il faisait froid, ce jour-là. Elle devait reconnaître que ce climat-là devait être difficile pour sa mère dont le pouvoir reposait sur la chaleur.

13.12

Pour une fois, Lied était seule. Cela ne s'était pas produit depuis des jours. Ses parents se relayaient généralement pour être à ses côtés, pour recréer des liens forts. Pour se sentir comme une vraie famille, un clan uni malgré les embûches rencontrées sur le chemin. Le silence avait toujours eu le don de l'effrayer, avant ; mais, bizarrement, Lied le savoura ce jour-là. Le calme environnant, le sentiment de plénitude... Toutes ces choses lui avaient manqué durant son voyage. L'impression d'appartenir à une terre, en particulier.

Elle s'étira, flanquée de ses deux proies fraîchement chassées. Elle avait décidé de les offrir à ses parents pour les remercier de leurs bons soins à son égard. De plus, Lied se sentait importante quand elle était utile. Elle avait trouvé une martre pour sa mère et un lièvre pour son père.