30.12

Ses babines étaient pleines de sang. Elle ne s'était pas lavée depuis plusieurs jours, si bien que l'hémoglobine de ses proies y séchait en laissant une odeur agressive sur sa fourrure blême. Elle se foutait de prendre soin d'elle, de faire attention à son apparence. Elle ne voulait qu'une chose : bousiller. Détruire, pour se venger de ce que la Nature lui avait volé. D'ailleurs, Lied ne se donnait plus la peine de soigner la végétation. Elle la laissait mourir, comme sa mère avait été condamnée à agoniser doucement.
Elle avait aussi adapté sa manière de mettre ses proies à mort. Elle faisait moins vite, donnait à vivre la souffrance aux animaux qui avaient le malheur de tomber entre ses crocs. Au moins, ce rituel parvenait à la soulager un peu.