Thème n°4 - Aurore Étoilée - feat Lunaire
 
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Sorrow [PV]
Lied
Vagabonde
Lied
Feux Follets : 388
Dim 22 Déc - 22:44


Les larmes coulaient sur ses joues depuis des heures. Sans discontinuer, sans interruptions. Ses yeux perlaient seulement, insensibles à ses envies que l'eau cesse de frapper ses joues pâles. Elle pleurait. Silencieusement, calmement. Son cœur lui faisait mal. Il n'arrêtait pas de se serrer, de se décrocher. Elle avait des brûlures dans le fond des poumons, du plomb dans la gorge, du cuivre sur les papilles. Son estomac allait bientôt se retourner, et Lied vomir les quelques morceaux de lapin avalés la veille.

Elle avait trouvé sa mère, à l'aube. Une mère au corps gelé. À des kilomètres de sa chaleur habituelle, à des lieux des douces flammes rougeâtres qui la réchauffaient en hiver. Une mère qui ne respirait pas. Une mère qui la regardait sans la voir, avec les pupilles figées au milieu de quelques larmes asséchées. Elle avait quitté ce monde en gravant l'image de sa fille dans ses rétines.
Et, au réveil, sa souffrance avait été indescriptible. Elle n'avait pas trouvé son père, n'avait pas su retourner auprès de sa meilleure amie. Elle avait simplement erré, perdue, les prunelles encombrées de ses souvenirs passés aux côtés de sa mère.

La Gemme s'était éteinte, sans un mot. Lied n'avait même pas eu l'occasion de parler, de lui dire adieu. Sans le réaliser, la môme s'enfonça dans l'Ouest. Elle avança jusqu'à approcher d'une odeur familière : celle d'un mâle. Il devait vivre dans les environs. Elle chercha, chercha. Au bout d'un moment, il lui sembla que la piste était plus proche que jamais ; il devait être dans le coin.

- Tatcha ?

Sa voix n'était qu'un murmure hésitant.
Lied
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Tatchanka
Marcheur
Tatchanka
Feux Follets : 285
Lun 23 Déc - 20:49

Sorrow [PV] Z4im

Sorrow

Je m'étais allongé dans la neige, observant le ciel nuageux et les petits flocons tombant lentement jusqu'à moi. L'hiver était ma saison préférée, j'adorais la neige, le froid, le blanc. Ça me rappelait mes terres natales, recouvertes d'un manteau blanc presque toute l'année. Un petit moment de nostalgie qui me fit couler quelques larmes. Je fermais les yeux, me remémorant quelques souvenirs d'antan. Je me mis à chantonner un chant que l'on avait l'habitude de chanter avec mes camarades, lorsqu'une petite voix familière me sorti de mes pensées. C'était un petit murmure, un peu hésitant, un peu étouffé. Je reconnu l'odeur et la voix de Lied, du moins il me semblait que c'était elle.

Je me releva et me dirigea vers l'origine de la voix. Je vis bel et bien Lied, sa fourrure blanche se dissimulant à la perfection sur la neige. Des larmes perlaient sur ses joues, ses poils gelés de larmes qui avaient coulés et givrés avant même d'atteindre le sol. La voir comme ça me fit beaucoup de mal.

- Lied... Que se passe-t-il ?

Je m'élançais vers elle, comme si elle manquait de s’effondrer dans un précipice et que je devais la rattraper à temps. Je me colla à elle afin de la réchauffer, de lui montrer que j'étais là pour elle.
Tatchanka
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Lied
Vagabonde
Lied
Feux Follets : 388
Ven 27 Déc - 16:15


« Je ne sais plus où va le monde » murmuraient ses lèvres closes.
« Dis, dis-moi pourquoi les heures ne se sont pas arrêtées » demandait sa peau ruinée.
« Montrez-moi la route pour la rejoindre » scandaient ses yeux noyés.

« Que quelqu'un m'achève » réclamait la môme abandonnée sans dire un mot.
« Laissez-moi maintenant » disait son cœur meurtri.

Elle ne savait pas bien ce qui l'avait menée jusque-là alors que, semble-t-il, ses pas avaient fui ses proches. Tous ses proches. Elle ne se rappelait plus de l'élan qui l'avait encouragée à pourchasser l'odeur, à peine perceptible, lorsque ses papilles avaient remarqué ce parfum familier.
Elle ne savait pas mais le résultat était là : le mâle venait de sortir des buissons pauvres malmenés par la plus merdique des saisons. Les prunelles ambrées posaient sur son corps lui faisaient du mal ; comme si, en la regardant, il la forçait à réaliser une chose : Lied était en vie. On pouvait la voir, la sentir, l'entendre.

Alors que sa mère n'était plus qu'un peu de poussière, une gerbe de flocons dans le vent. Son cœur explosa à la seconde où il se colla contre elle. Il émanait de son derme une chaleur insupportable ; il lui semblait que sa propre carcasse allait fondre. Son âme vola en éclats. Un millier de débris qui jaillissaient de ses billes bleues injectées de sang. Elle cracha un sanglot maladroit qui avait l'air de l'empêcher de respirer, puis lâcha un cri déchirant. Elle se recroquevilla, Lied, insensible à la caresse qu'on essayait de lui prodiguer. Elle se laissa aller dans la neige, couchée, roulée comme une boule qui devenait peu à peu de la glace. Elle allait se figer. Elle allait crever là, dans un hiver qui ne pouvait plus laisser sa place au printemps ; non, il ne le pouvait plus ; sa mère n'était plus là pour réanimer le soleil des belles journées chaudes.

Elle pleura un océan pendant ce qui lui apparut être des heures mais qui, en réalité, se comptaient en minutes. Elle poussaient des hurlements de souffrance de façon irrégulière, la voix cassée. Elle avait la sensation que son sang avait arrêté de circuler dans ses veines, succédé par un effroi liquide qui se baladait avec insouciance. Elle pouvait presque entendre les nuages qui roulaient au-dessus de sa tête, la narguant ; lui rappelant sans cesse que le monde se foutait pas mal que sa mère soit morte ; lui rappelant sans cesse que l'univers n'en avait rien à carrer de sa douleur.
Peut-être, même, que quelqu'un se réjouissait. Là, quelque part. Quand ses yeux n'eurent plus rien à dégueuler, quand ses larmes accrochées à ses joues par la brise gelée, quand son cœur arrêta de marteler contre ses côtes pour, au contraire, rater de nombreux battements vides de sens, Lied adressa une œillade absente à son ami. Ses lèvres se relevèrent pour former un sourire creux, un sourire qui ne contenait ni joie, ni allégresse, ni rien. La lumière ne brillait plus dans ses yeux.

Il n'y avait plus qu'une impression d'avoir été écartelée, d'avoir été privée de son essence jusqu'à la dernière goutte. Une coquille dont l'âme aurait été dévorée. Alors, seulement, ses lèvres se descellèrent. Elle ne chercha pas ses mots, ne balbutia pas. Ils tombèrent sur le silence comme autant d'épées affûtées, déchirant les anges qui passaient au-dessus d'eux.

- Maman est morte.

Ses prunelles s'écarquillèrent à mesure qu'une lumière se faisait dans son crâne. L'illusion chassée, il ne restait plus que la vérité.

- Je suis seule au monde, maintenant.
Lied
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Tatchanka
Marcheur
Tatchanka
Feux Follets : 285
Sam 11 Jan - 17:12

Sorrow [PV] Z4im

Sorrow

Lied sanglota, avant de laisser échapper un cri qui me déchira le coeur. Elle s'effondra, se roula en boule, continuant à hurler, hurler de douleur. Pas une douleur physique, mais la pire des douleurs. Je restais là, sous le choc, paralysé par la détresse de mon amie. Mon cœur se déchirait, les larmes me brûlaient les yeux. Je n'avais plus senti une telle peine depuis bien longtemps, bien qu'elle restait ancrée en moi. Je la regardais un instant avec de grands yeux embués de larmes, ne sachant que faire, puis je détournais le regard. Cette vision m'insupportait. Ce cri me tuait de l'intérieur. J'avais envie de m'enterrer la tête pour ne plus rien voir ni entendre.

De longues minutes qui paraissaient interminables s'était écoulées, lorsque la louve blanche cessa ses pleurs. J'osais de nouveau poser mon regard sur elle, quelque peu hésitant. Elle me regardait aussi, un regard vide, loin du regard pétillant de notre première rencontre. Elle sourit, même. Un sourire vide, vide d'émotion, vide de vie, vide de tout.

Ses mots me firent mal. Je n'avais pas connu sa mère, mais je connaissais la perte d'un être cher. Je ne le connaissais que trop bien. Toute cette douleur ancrée ressurgit soudainement. La pire des douleurs. Un sanglot s'échappa de ma gorge. Puis un deuxième. Incapable de les retenir plus longtemps, ils s'enchaînèrent tandis que les larmes déferlaient sur mes joues gelées. Je me laissais tomber aux côtés de Lied, sanglotant. Je peinais à articuler mes mots.

- Je suis désolé... Je suis tellement désolé...

Je me blottis contre elle, enfouis mon visage dans sa fourrure. J'avais l'air encore plus misérable qu'elle, elle qui venait tout juste de perdre son être le plus cher. J’espérais qu'elle ne prenne pas mal ce geste, qu'elle ne le considérait pas comme une intrusion dans son pire moment. J'espérais qu'elle le trouve réconfortant, que ma chaleur et ma présence lui ferait du bien, lui apporterait un tant soi peu de réconfort et de refuge.

- Tu n'es pas toute seule, Lied. Je suis avec toi.

Je caressais son dos à l'aide de ma queue. Je n'osais lui dire que je connaissais cette douleur, que j'avais perdu moi aussi des proches. C'était son moment à elle, pas le mien. Ce n'était pas le moment de se lamenter. Etais-je vraiment la dernière personne qu'elle avait...? N'avait-elle pas un père ? Des amis ? Une meute, quelque part ? Elle m'avait parlé d'Henael, je me souviens... Elle n'est pas seule au monde, ce n'est pas vrai, je ne suis pas non plus la dernière personne qu'il lui reste. Elle doit se souvenir qu'elle a des amis qui tiennent à elle... Et qui sont, je l'espère, prêts à la soutenir.
Tatchanka
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Lied
Vagabonde
Lied
Feux Follets : 388
Dim 19 Jan - 22:48


« Seule au monde »

L’effroi se répand dans son cœur au même rythme qu’une asthénie insensée. Son cœur, lourd, paraît se vider d’un coup. Il n’y a, bientôt, plus qu’un abîme creusé par Mère Nature. Mère Nature qui s’est envolée avec sa mère adorée. Avec son modèle, avec, un peu, sa raison d’exister.

Son pouls s’apaise. Non, mieux, en réalité. Les battements de son cœur ralentissent jusqu’à caresser le seuil dangereux — celui de l’arythmie. Ses lèvres arrêtent de trembler, son sourire disparaît. Le néant s’empare de ses grands yeux bleus. Elle sent vaguement un corps qui se presse contre sa peau. Elle a l’impression qu’une chaleur essaie — en vain — de l’arracher à l’hiver qui règne au-dedans. Mais le mur de glace tient bon. Il a été érigé sur des fondations sûres qui ne cillent même pas un peu. Alors, Lied demeure, là. Elle a le réflexe de recueillir quelques-unes des larmes de son ami, machinalement, du bout de son museau. Comme pour le réconforter, le consoler.

C’est sûrement arrogant de croire que l’on peut gommer une douleur chez un autre en étant esclave de sa propre souffrance. Elle n’a qu’un soupir à lui adresser en réponse à ses paroles pleines de miel, pleines de doux rêves. Lui aussi, un jour ou un soir, va partir. Ils partent tous. Elle opine du chef sans vraiment se soucier de ce que son mouvement veut dire. C’est peut-être un « je sais » insolent ou un « c’est un mensonge mais je vais faire avec » négatif. Allez savoir.

Son visage se glisse dans la fourrure épaisse du mâle. Elle s’attarde particulièrement dans le cou, là où l’odeur de la peau est sensiblement plus forte qu’ailleurs. Inspire, expire. Recommence. Comme pour trouver la foi de chasser le silence qui prend peu à peu de la place sous son crâne. Son cerveau paraît englué, ses pensées sont désordonnées. Finalement, ses lèvres se délient sans que la môme ait calculé ses mots au préalable. Même sa voix, en réalité, semble appartenir à une inconnue.

- Je ne sais pas où aller. Je pensais avoir trouvé mon but mais je crois que je me suis encore trompée.

Ses yeux se ferment lentement. Ils sont secs désormais.

- Est-ce que ces brûlures s’en iront, un jour ? Ou est-ce que je vais vivre avec l’impression d’étouffer jusqu’au dernier ?
Lied
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Tatchanka
Marcheur
Tatchanka
Feux Follets : 285
Jeu 6 Fév - 17:59

Sorrow [PV] Z4im

Sorrow

Nous restions roulés en boule dans la neige pendant de longues minutes. Du moins, ça me semblait durer de longues minutes. Un léger souffle d'apaisement m'envahit lorsque je sentis le museau de Lied se réfugier dans mon cou, avant que de lourds souvenirs m'envahissent. Les souvenirs de ma belle me revenaient soudainement en pleine face. On avait l'habitude de se lover comme ça, l'un enroulé autour de l'autre. Non. Non, je ne dois pas y repenser, je dois l'oublier. Ma chère n'est plus de ce monde, je dois passer à autre chose depuis le temps. Même si je commence à croire que les blessures ne guérissent jamais. J'en ai eu des blessures au combat, mais jamais de la sorte.

Je secoua la tête afin de chasser ces pensées. Ce n'était pas le moment de songer au passé. Quelqu'un de bien vivant avait besoin de ma présence.

- Tu peux rester ici. C'est un endroit beau, il y a assez de proies pour tout le monde, j'ai même quelques amis dans le coin. Tu ne seras pas toute seule ici. Tu peux trouver ton but ici.

Devais-je parler des Shin'Kan ? Je ne sais pas si elle s'y sentirais à sa place, mais si elle recherche un but... J'étais perdu aussi quand je suis arrivé ici, je n'avais plus de but, jusqu'à ce que j'intègre les Shin'Kan. Mais elle ? Je ne la connais pas assez. Je ne sais pas. Non, pas tout de suite. Ce n'est peut-être pas le moment.

Sa douce voix me ramène à nouveau au monde réel. Je ne sais pas quoi répondre. Depuis bientôt un an, je souffre encore de la perte de ma douce, mais est-ce que nous vivons vraiment avec cette douleur jusqu'à notre dernier souffle ? Je ne sais pas. Je ne veux pas la désespérer. Mais je ne veux pas non plus lui donner de faux-espoirs.

- Je ne sais pas. Je crois que certaines personnes peuvent nous aider à surmonter les douleurs et à aller de l'avant, jusqu'à les oublier. Mais je n'ai encore jamais réussit à oublier. Seul le temps nous le dira.

Si je suis encore là aujourd'hui, c'est grâce à Heilung. Elle doit vraiment rencontrer Heilung, c'est quelqu'un de génial. Il a toujours été là pour moi, il m'a poussé à aller de l'avant alors qu'on avait tout les deux tout perdu. J'ai l'impression de ne lui avoir jamais assez rendu tout ce qu'il a fait pour moi. Heilung est la personne la plus chère à mes yeux à ce jour, et ça ne changera peut-être jamais. Est-ce que je peux être pour Lied ce qu'Heilung est pour moi ? Je ne sais pas. Mais je dois être là pour elle. Si elle est venue me chercher, après tout, peut-être est-ce de moi dont elle a besoin ? Ou alors elle s'est retrouvée là par hasard. Je ne sais pas. J'ai l'impression de ne plus rien savoir.
Tatchanka
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Lied
Vagabonde
Lied
Feux Follets : 388
Dim 9 Fév - 18:05


Elle ne sait pas ce qu’elle espère, Lied.
Qu’il lui dise de rester avec lui ? Qu’il l’encourage à reprendre la route ? Aucune idée. Elle retient simplement son souffle, les yeux fermés. Elle attend qu’il parle, qu’il décide à sa place de son avenir. Et, sans surprise, c’est décevant.

Continuer à vivre là où sa mère a rendu l’âme ? Elle ne s’en sent pas capable. Elle soupire doucement sans un mot, les lèvres serrées. Elle ne peut pas. Elle ne le fera pas. Elle l’écoute encore un peu, le laisse évoquer son ignorance. Mais elle ne se leurre pas, Lied. La douleur ne partira pas. Elle va seulement devoir apprendre à vivre avec — à défaut de pouvoir mettre volontairement fin à ses jours.

- Je vois.

Le silence reprend ses droits. Elle demeure là, couchée contre lui pour reprendre des forces avant le long voyage. Elle respire son odeur pour s’assurer de le retrouver où qu’elle aille, pour ne pas oublier de rentrer — de temps à autre — vers ses amis. Pour Hélena, aussi. Elle sombre peu à peu dans la torpeur, l’esprit embrouillé.

- Je partirai demain. Je crois que prendre mes distances avec cet endroit m’aidera. Je reviendrai un jour ou l’autre, j’imagine.

Elle hausse les épaules, Lied. Elle s’installe un peu plus confortablement, ne songeant même pas à demander à son congénère s’il a des choses à faire, puis se livre entièrement à un profond sommeil sans rêves.
Lied
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