Récapitulatif des chasses

01.02 : Absence. ✓
02.02 : Absence. ✓
03.02 : 2 proies. ✓
04.02 : 2 proies & 1 comète. ✓
05.02 : Aucune proie & 1 comète. ✓
06.02 : 3 proies & 1 comète. ✓
07.02 : 1 proie & aucune comète. ✓
08.02 : Absence. ✓
09.02 : 2 proies & 1 comète. ✓
10.02 : 3 proies & aucune comète. ✓
11.02 : 2 proies & 1 comète. ✓
12.02 : Absence. ✓
13.02 : 3 proies & aucune comète. ✓
14.02 : 2 proies & aucune comète. ✓
15.02 : 2 proies & aucune comète. ✓
16.02 : 3 proies & aucune comète. ✓
17.02 : Aucune proie & aucune comète. ✓
18.02 : 2 proies & aucune comète. ✓
19.02 : 2 proies & aucune comète. ✓
20.02 : 1 proie & aucune comète. ✓
21.02 : 4 proies & aucune comète. ✓
22.02 : 2 proies & 1 comète. ✓
23.02 : 3 proies & aucune comète. ✓
24.02 : 2 proies & 1 comète. ✓
25.02 : 2 proies & aucune comète.
26.02 : 2 proies & aucune comète.
27.02 : 1 proie & aucune comète.

03.02

Je sens le soleil sur mes paupières. Il chauffe, chauffe, me brûle presque après ces semaines où il s'est peu levé. Il revient à la vie, l'œil doré. Bizarrement, il n'est pas le seul. J'ai été surprise de trouver les effluves douceâtres des fleurs à mon réveil. Un perce-neige a osé pousser dans le camp, s'attirant les regards émerveillés des jeunes nés durant l'hiver. Je suis heureuse de voir que mes proches sont eux aussi réanimés par les rayons du soleil. Le pire est derrière nous, désormais.

Je remarque que les humeurs sont meilleures aujourd'hui que la veille, où le vent soufflait encore légèrement sur les visages. Il y a moins de malades qui se précipitent chez Impera, les flemmards sont moins prompt à se plaindre des missions auxquelles ils ont été affectés. Tant mieux. Je n'en serai que moins débordée, moi, la Bêta. Je vaque d'abord à mes occupations de gradée : m'enquérir de l'état du garde-manger, assister à la réunion matinale des sentinelles — supervisée par Apollo, le Veilleur —, puis donner les nouveaux ordres aux Gammas de chaque groupe.

Une fois les doléances des Yuubae reçues, je peux me consacrer à mes « loisirs ». La journée est déjà bien avancée, ce qui m'arrange. Je longe le cours d'eau créé par la cascade pour remonter jusqu'à elle. Le bassin à ses pieds nous assure d'avoir souvent des proies à portée sans réclamer de gros efforts pour les capturer. Je sais que le temps me manque pour me lancer dans une grande chasse, donc je décide de me contenter de deux poissons pour aujourd'hui. Je les pêche facilement. Ce sont des saumons. Ils survivent généralement bien dans les eaux froides ; leur chair, douce au goût, est très appréciée des jeunes. Je ramène mes prises aux nourrices pour qu'elles se chargent de prémâcher la viande grasse, puis demeure un moment auprès de Diamantis.

04.02

Minuit a sonné depuis des heures. Je n'arrive pas à trouver le sommeil. Le souvenir des rideaux colorés demeure, là, sous mes paupières. Je les revois dès que je ferme les yeux. Eux mais aussi les débris spatiaux qui se sont écroulés du ciel en faisant un bruit à relever les morts. Je ne sais pas quoi en penser. Certaines personnes y voient un mauvais présage, d'autres un avertissement sur la fin du monde qui approche.

Est-ce qu'une bande de cailloux rougeoyants peut réellement symboliser une telle chose ? Je ne crois pas. Je ne suis pas superstitieuse, en réalité. Je pense que ces rumeurs ne sont pas fondées. Quelque chose se prépare, c'est évident, mais sûrement pas ce que l'on pense. Une ère de bouleversements ? Sans doute.

Je me lève, trop nerveuse pour profiter d'un repos dûment mérité. J'erre dans le camp, d'abord, similaire à un fantôme calme. Je n'aborde pas les quelques âmes qui déambulent aussi — essentiellement des sentinelles —, préférant observer le manège des cœurs en retrait. Je me découvre une sensibilité aux émotions des autres que je ne pensais pas posséder ; moi qui, selon mes propres idées, aie vécu recroquevillée sur moi-même.

Finalement, je chasse dans l'intérêt de la meute. Avec la grossesse de la guérisseuse, il m'apparaît nécessaire d'être assidue ; plus que jamais, du moins. Je m'élance sur les traces d'un lièvre à l'épaisse toison argentée, avant de remonter la piste d'une chèvre sauvage. Il y en a peu dans les environs. Elles reviennent généralement avec les saisons plus douces, fuyant la rudesse d'un hiver peu compréhensif.

J'ai la surprise de la découvrir couchée, le corps couvert de sang coagulé. Son estomac a déchiré par un objet circulaire, aux bords irréguliers. Il brille comme un joyau mais n'est pas plus chaud que la neige. Son éclat est inquiétant dans la pénombre, d'autant plus qu'il est noirci par l'hémoglobine qui s'y est accrochée. J'entreprends de le laver dans la poudreuse pour voir sa véritable couleur ; il est d'un rose un peu violacé. Une douce lueur en émane, comme s'il abritait une minuscule étoile. Je devine que c'est l'une de ces roches enflammées qui s'est écroulée du ciel la veille. Ainsi, donc, ces choses ont touché le sol. Celle-ci a semble-t-il rencontré un obstacle vivant en chemin, ce qui a été fatal à la pauvre chèvre.

Elle a eu la mauvaise idée de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.

Je ramène la chèvre au camp pour ne pas gaspiller sa chair, puis enterre la comète dans un coin dissimulé, là où je serai la seule à pouvoir la retrouver. Je l'étudierai plus tard.

05.02

Je me suis accordée quelques heures de sommeil avant d'être réveillée par mes responsabilités. Les doléances... Foutues doléances. À croire que les mécontents ont attendu mon ascension pour comprendre qu'ils avaient des choses à dire ; ils sont sérieux ?
C'est donc sans joie que je sors du monde des rêves sous les yeux courroucés de deux chasseurs. J'ai déjà un peu d'expérience avec ceux-là ; ils sont continuellement en train de se chercher des poux. Je suis sûre que le mâle a piqué la proie de la femelle, ou inversement. C'est à se demander ce qu'ils foutent dans le même groupe de chasse !

- Il m'a volé mon butin ! Pire, il l'a revendiqué comme le sien auprès des supérieurs pour se faire mousser !

Lunaire soupire, roule des yeux avec exaspération.

- D'accord. Ben, monsieur ira chasser une belle proie pour madame et s'excusera platement pour ses erreurs passées. Ça suffira ? (La femelle fait la moue.) Ça suffira. Si j'entends encore parler de vous, je vous envoie chasser le rat dans le Sud de façon définitive. C'est clair ?

Ils écarquillent les billes, se tassent pour disparaître dans le sol puis hochent doucement la tête. Bizarrement, dès qu'il y a des menaces dans l'air, même les pires ennemis se réconcilient. La Bêta sait que ce n'est pas la meilleure façon de procéder mais la patience n'est pas son fort. Elle s'apprête à rejoindre Henael pour le rapport de la journée lorsqu'Avem déboule pour l'interrompre. Elle a une mine soucieuse. Elle s'approche jusqu'à ce que leurs fourrures se frôlent, puis murmure à proximité de son oreille.

- Tu peux venir ? J'ai trouvé un truc. Je ne sais pas quoi en faire.

Son sang se fige dans ses veines. Des ennemis ? Non. Avem a l'air inquiète, oui, mais pas effrayée. L'aînée se laisse guider en-dehors du camp, puis emmenée vers le Lac des Cendres. Là-bas, les deux femelles découvrent une comète. Elle a créé un petit cratère en sombrant sur Ryushin, brûlant le sol des environs. Contrairement à celle trouvée la veille, celle-ci est propre. Son éclat rosâtre très doux illumine les environs. Lunaire décide de la récupérer, au cas où ces petites choses finissent par avoir un intérêt. Elle la dépose avec l'autre, dans sa planque personnelle.

06.02

Lunaire savoure les caresses du soleil qui décline à l'horizon. Il descend progressivement au-dessus de la mer gelée, comme s'il sombrait peu à peu dans l'eau. La glace prend des nuances rosâtres, puis écarlates à mesure que l'heure s'écoule en silence. Elle apprécie ces rares moments de calme, la Bêta. Loin du camp et des soucis qui y dorment, la jeune louve semble renouer avec sa sérénité.

Ses lèvres sont rougies par le sang du sanglier qui repose à ses pieds. Elle l'a chassé en rejoignant les frontières, désireuse de voir Apollo — officiellement pour se tenir au courant des nouvelles, officieusement pour apaiser un peu les pirouettes de son cœur. Malheureusement interrompue par le cochon, son courage a éclaté comme une bulle de savon. Ouais. La Bêta est une idiote.

Pour ne pas se sentir trop coupable de repousser au lendemain le moment d'aller voir le Veilleur, Lunaire s'invente de nouvelles responsabilités « urgentes » ; à commencer par une recherche assidue des comètes en terres Yuubae. Elle en découvre une à moitié immergée dans le cours d'eau au pied de la cascade — sans surprise, la Bêta ramasse l'objet céleste pour l'enterrer avec celles trouvées les jours précédents.

En reprenant sa quête, Lunaire achève un jeune busard étant tombé de son nid. Une aile cassée, le petit paraît condamné. Après quoi, sa chance se manifeste à nouveau quand une hermine — visiblement malade — se jette sur elle pour la mordre. Méfiante, la Bêta ramène ses proies au garde-manger.

07.02

Je sens que l'on me pousse dans mon sommeil. Je commence à croire que je vais devoir déménager si je veux retrouver un semblant de paix ; les membres Yuubae ont-ils toujours été aussi pénibles ? Non, c'est sûrement parce que je suis désormais leur serviteur dévoué. Ouais... Sauf qu'il y a des limites à ne pas dépasser. Je ne vais pas les faire chier dès qu'ils ont le malheur de fermer l'œil, moi. Et quand — exceptionnellement — ça m'arrive, c'est que c'est urgent.

Je râle à voix basse, marmonne quelque chose dans ma barbe, puis repousse les assauts de l'envahisseur pour me rendormir. Quoi qu'il se passe, je m'en fous. C'est ma journée de repos, j'en ai besoin. Ordre du guérisseur. L'enquiquineur recommence à m'embêter dans la seconde, mais j'entends un rire. Il tremble contre ma peau. C'est celui d'un louveteau.

Je soulève une paupière, vaincue. Je croise les yeux brillants de la petite Opale dont la fourrure blanche perd de plus en plus les nuances sombres de l'enfance. Elle est apprentie, maintenant. Sentinelle. À cause de moi, il paraît. Je lui décoche une œillade maussade, la moue boudeuse. Ma mauvaise humeur s'envole néanmoins quand l'adolescente dépose un lièvre à mes pattes. Fraîchement chassée, la proie sent bon la chair gorgée de sang. Je lâche un soupir, puis demande à l'enfant de me raconter ses péripéties. Ouais, je deviens trop tendre.

09.02

- Une comète...

J'observe le caillou qui a sombré du ciel il y a des jours déjà. Je me demande si les autres groupes ont trouvé autant de ces choses-là ou si les Yuubae sont les seuls qui ont été mitraillé par la chute des objets célestes. Allez savoir.

Je ramasse celle que j'ai sous les yeux, décidée à rassembler ces roches lumineuses. Je ne sais pas ce que j'en ferai au bout du compte, mais je crois que Diamantis sera au moins heureuse d'avoir ces « jouets » surprenants. Ce sera l'occasion de passer un peu de temps avec l'enfant, aussi.

Je fais ensuite demi-tour pour enterrer mon trophée là où j'ai laissé les autres bouts. Je suis contente que les autres ne les aient pas trouvé encore ; même si je me doute qu'ils n'en feront rien. Une fois délestée de mon fardeau, je recommence à traîner sur les terres Yuubae. Je songe à chasser, à ramener de belles proies aux miens. Je sais que les chasseurs donnent tout ce qu'ils ont pour que l'hiver ne nous semble pas rude mais ils sont fragiles, eux aussi. Je rejoins un groupe de chasseurs pour les aider à abattre deux biches.

10.02

- Tu viens, ma douce ?
- Oui, maman.

Elle me sourit, une lumière bizarre dans les yeux. C'est de la fierté ? Probablement. Peut-être du soulagement, aussi. Je lui donne un minuscule coup de museau à l'épaule pour la dissuader de dire quelque chose d'émouvant ; je n'aime pas les mots doux, je ne sais jamais comment y répondre. Elle comprend le message, se marre, puis me devance sur le chemin. J'ai décidé de ne plus me consacrer « autant » à mon rôle au sein du groupe. Ou, en fait, de m'y consacrer différemment. J'ai réalisé — au fil des semaines — que mon obsession m'éloignait des membres de la meute ; or, ce n'est pas vraiment ce que l'on attend d'un Bêta.

C'est donc ma première journée « réorganisée ». Je me suis arrangée pour ne plus prendre les doléances chaque jour — spécialement parce que ce n'est pas nécessaire —, dans le but de pouvoir passer un peu de temps avec les Yuubae. Aujourd'hui, je me consacre aux chasses. Je pense que c'est là que ma présence sera la plus utile. Ma mère, en plus, apprécie que je passe du temps avec elle.

Le groupe est constitué de deux autres chasseurs : Avem et un mâle auquel je parle rarement. Non pas qu'il soit méchant mais son humour me laisse indifférente. De plus, je ne suis pas sûre d'aimer les regards qu'il lance à ma mère. Elle nous emmène au plus profond des terres, vers les hauteurs. Les températures baissent un peu à proximité de la mer gelée. On poursuit jusqu'à rejoindre une plaine recouverte de sapins. Je sais ce qu'elle cherche, j'ai remarqué les empreintes, moi aussi : des élans. S'ils sont difficiles à abattre, ces animaux font de bons repas. Ils sont gras, nourrissent beaucoup de loups.

Elle n'a pas besoin de donner de consignes. À proximité du troupeau, on se scinde naturellement en deux groupes de deux. Avem, aidée par le mâle, s'occupe de rabattre le côté droit, nous le côté gauche. On isole un mâle âgé. Il rue en se retrouvant acculé, nous lance des regards fous. On s'arrange pour le distraire afin que nos alliés puissent se jeter sur lui. L'affaire se règle « rapidement ». On s'apprête à rentrer lorsqu'une sentinelle vient me chercher. Je la suis pour régler un problème avec une intrusion possible.

À l'issue d'une longue journée, je me retrouve finalement un peu seule au bord de la mer gelée. J'en profite pour pêcher mes poissons préférés. J'ai l'intention d'en ramener un peu à Diamantis. Je ne sais pas si les nourrices en donnent aux louveteaux mais il n'est pas question que ces femelles arrogantes soient les seules à lui faire découvrir des choses.

11.02

« Problème de sécurité »

Ils me réveillent à l'aube avec, sur le bout des lèvres, ces mots-là. Ils sont un peu stressés, c'est évident. À cause de quoi ? Un vagabond qui est entré chez nous ? Non. Les guerriers ne feraient pas appel à moi pour un élément isolé. Je plisse les yeux, le front barré d'un pli anxieux. Je les laisse m'entraîner à l'écart. J'apprécie leur discrétion ; ils m'évitent d'avoir à gérer les retombées d'une panique générale.

Ils m'expliquent à voix basse qu'ils ont trouvé des traces évoquant un ours polaire dans les environs. Il aurait quitté la banquise dans la nuit, en esquivant les rondes des sentinelles. Son comportement me laisse penser que c'est un jeune qui s'est égaré ; les matures ne prennent pas autant de précautions pour nous éviter. Ils se savent plus puissants. Je prends quelques guerriers expérimentés, puis me met en route. La gestion de « crise » rentre dans mes attributions. Aussi, je ne suis pas surprise qu'ils soient venus me chercher.

Si, de base, l'idée est de repousser l'envahisseur au-delà de nos frontières, son état de santé nous oblige à l'abattre. Il est grièvement blessé ; probablement la malheureuse issue à un combat contre un morse. Leurs défenses sont affreusement coupantes. Les guerriers se chargent de ramener l'énorme animal au garde-manger. Pour ma part, je décide de donner un coup de patte aux sentinelles pour nettoyer les empreintes laissées par l'ours neutralisé. Après quoi, alors que la nuit s'achève doucement, je chasse un hibou trop entreprenant. C'est là que je remarque — dans son nid installé au creux d'une bûche morte — une comète. Elle est petite mais brillante. Je la récupère précautionneusement.

13.02

Avem vient me chercher à l'aube. La petite louve noire que je connaissais a bien changé ; plus de pleurs, plus de gêne. Elle a gagné en assurance. Elle n'a plus peur de prendre des décisions importantes au sein du groupe ; d'ailleurs, ses idées ne sont pas mauvaises. En général, du moins.

Nous avons « Grand-Chasse », aujourd'hui. C'est-à-dire que les loups qui n'ont rien de mieux à faire — à savoir veiller sur les frontières ou sur les bébés — sont conviés à aider les chasseurs pour abattre un maximum de proies. Le but étant, bien sûr, de s'assurer un festin le soir-même, puis une aisance matérielle les semaines suivantes. Ainsi, les chasseurs pourront prendre un peu de repos. Les femelles, en particulier, pourront envisager une grossesse sans mettre en péril l'équilibre de la meute.

Nous nous lançons sur les traces d'un troupeau de cervidés. Des biches, un cerf, de nombreux faons. Nous avons un ordre précis : pas de morts chez les femelles accompagnées d'un petit. Nous savons tous à quel point il est important de préserver l'écosystème. Empêcher le troupeau de procréer c'est s'assurer sa disparition précoce ; chose que nous ne voulons pas, évidemment. Un troupeau peut mettre plusieurs années pour se reformer avec des adultes matures, suffisamment imposants pour être une source décente de nourriture.

Je suis, sans surprise, dans le groupe des rabatteurs. Ma morphologie correspond mieux à ce rôle qu'à celui d'abatteur. Grâce à nos efforts conjugués, deux biches sont récupérées. Malheureusement, un autre groupe fait une macabre découverte : un jeune qui n'a pas survécu. Les malformations sont communes chez les cervidés. On le ramène aussi pour ne pas gaspiller la précieuse viande.

14.02

C'est une journée comme je les aime le moins : calme, silencieuse. La Grand-Chasse est finie, les loups recommencent à vivre de leur côté. Mes proches sont occupés, Diamantis se repose. Elle semble préférer la nuit — la pénombre, le ciel plein de lumières pâles — au jour, ce qui a inversé son cycle. Du moins, c'est ce que je pense. Je ne veux pas l'épuiser en allant la chercher, donc je la laisse à ses rêves.

Je profite que les doléances soient achevées pour prendre des nouvelles de ma famille, de ma meilleure amie, puis je me glisse dans la cascade pour me rafraîchir. Mes muscles apprécient la morsure glacée de l'eau. S'il ne fait pas chaud, il ne fait pas spécialement froid non plus. Je m'arrange pour pêcher quelques poissons aussi, pour rentabiliser la baignade. J'en découvre deux, particulièrement gros.

15.02

Je bâille. Le soir est tombé, le ciel s'est chargé de petits diamants blancs. J'observe Diamantis qui évolue dans le camp, sans savoir si ma « fille » essaie de trouver des amis ou si elle a dans l'idée de se faire la malle. Probablement la deuxième option. Je n'ai pas l'impression qu'elle sociabilise beaucoup. Ou alors dans mon dos ? J'espère que les petits à naître d'Impera seront des camarades de jeux pour elle.

Je prends ma soirée pour moi. Normalement, je me serais mêlée aux autres pour écouter les potentielles plaintes, planifier de nouvelles choses avec les généraux, préparer les événements groupés avec Henael... Mais pas ce soir. Je suis lasse. J'ai besoin de ces petits moments pour me ressourcer.

De plus, j'ai déjà chassé au cours de la journée. J'ai eu envie de changer de proies, pour une fois. Je me suis concentrée sur des choses croisées rarement : un harfang des neiges — qu'ils sont beaux, ces oiseaux ! — et sa proie, un écureuil.

Bref. Laissez-moi me reposer un peu, en somme.

16.02

« Vérification de sécurité »

Voilà ma mission du jour. Pourquoi ? Pour vérifier que mes chers camarades sont appliqués. Je sais qu'il y a quelques paresseux chez nous, ce qui me rend un peu nerveuse. Néanmoins, comme le prouve mes vérifications, les loups plus précautionneux rattrapent le coup. Ils compensent les faiblesses de ceux qui sont moins investis.

J'en profite pour rencontrer les espions envoyés de part et d'autre de Ryushin. Pour ne pas se compromettre, ces éléments évitent de nous rejoindre, de se mêler à la foule. Ils me font leurs rapports, me racontent ce qu'ils ont vu.

Lorsque mes tâches du jour sont terminées, je me lance à la recherche de nouvelles comètes ou de proies intéressantes. Je trouve un renard polaire, un cormoran et un bouquetin.