Lorsque la faim vous tiraille l'estomac, vous brûle de l'intérieur et vous donne l'impression que vos organes se serrent, s'enroulent et se tordent entre eux, il devient vitale et nécessaire de partir à la chasse, et surtout d'attraper quelque chose. N'importe quoi, que ce soit un gros gibier avec des camarades ou des petits gibiers pour se caler, le temps de trouver plus consistant.

Aïshala était contente de ne plus avoir à chasser tout le temps seule comme lorsqu'elle était encore solitaire, à présent, elle faisait partit des Shin'Kan. Il lui était déjà arrivé de chasser avec ou deux des membres de son groupe, mais ils n'en restaient pas moins des loups bien moins liés et unis qu'une meute, et la louve noire devait parfois se contenter de trouver sa pitance seule, dans la douleur et le labeur.

Ainsi commencèrent ses chasses à nouveau seule sur un territoire immense qu'elle appréciait particulièrement, les terres les plus à l'Ouest étaient très accueillantes, autant pour elle que pour toutes sortes de rongeurs et autres mammifères qui pourraient se glisser entre ses crocs.

Ca y est, il est l'heure. Le soleil se lève et les premiers rayons pointent à travers les arbres. Les premières victimes vont commencer à pointer de leur museau, et Aïshala devait être prête pour les accueillir comme il se doit.

Aïshala était aux aguets, à la recherche du moindre craquement de branches, de la moindre silhouette fuyante ou de la moindre odeur qui pourrait lui signaler la présence d'une proie. Voilà depuis le début de la matinée qu'elle était en chasse, quelques heures avaient passé avant qu'elle ne rejoigne ses terres de chasse préférées et le soleil allait tout juste atteindre son zénith. Une très bonne heure pour manger, elle pourrait se rassasier puis se faire une petite sieste pour digérer sous les doux rayons de soleil, avant de certainement à la recherche d'un point d'eau pour se désaltérer.

Son pelage d'un noir de geai se fondait parfaitement dans le décors de la forêt, elle se mêlait aux ombres que produisaient les arbres et minimiser aux maximums ses déplacements pour éviter de faire du bruit. Chaque pas était suivant de quelques secondes de silence pour analyser son environnement. Mieux valait ne pas laisser filer sa proie, elle pourrait ainsi manger le plus tôt possible, et l'affaire serait conclue.

Soudain, elle se figea nette, sa pate avant droite suspendu dans le vide. Elle n'osait pas la poser, de peur d'effrayer l'hermine qu'elle distinguait très nettement à quelques mètres de là. Le petit rongeur se déplaçait lentement, visiblement pas apeuré et donc pas alerté de sa présence. Avec une infime précaution, elle posa sa patte sur le sol, mais ce fût le geste de trop. Elle avait beau s'être appliquée pour ne pas faire de bruit, le contacte de sa patte sur le sol avait froissé les feuilles qu'elle écrasait, signalant à l'hermine qu'une présence rôdait autour d'elle.

Aussitôt, le rongeur fila ventre à terre à travers les buissons. Aïshala se redressa, visiblement désespérée. Qu'elle idiote, pourquoi avait-il fallu qu'elle pose la patte juste là ?! N'ayant sentie aucune autre odeur de proie dans les environs, elle se dit que suivre la même direction que le rongeur ne pouvait que le mener à lui. Elle suivit donc les traces de l'hermine, marchant d'un pas d'abord détendue en sachant que le rongeur ne s'était pas arrêté de si tôt, puis elle se remis en chasse.

Elle ne cherchait pas spécialement à récupérer la même proie, mais peut-être trouverait-elle quelque chose là où elle s'était enfuie. Ses déplacements étaient lents, mais silencieux. Elle prêtait d'avantage attention cette fois-ci à l'endroit où elle posait les pattes, pour ne pas alerter les proies des environs. Enfin, son regard fut capter avec une longue silhouette poilu. Encore une hermine. Était-ce la même, était-ce un autre membre de sa famille, peu importe. Celle-ci, elle n'allait pas la louper.

La louve garda ses oreilles et son regard rivé sur le rongeur, ne le quittant pas une seconde des yeux. Les muscles de ses pattes arrières se contractèrent et elle se mis à avancer avec la plus extrême des précautions. Lorsqu'elle se sentit assez proche, elle se tendit, puis bondit dans sa direction. L'hermine n'eut pas le temps de faire un écart que la louve l'avait déjà saisie entre ses crocs pour lui ôter la vie.

Ce n'était peut-être qu'une petite proie, mais c'était une grande victoire pour elle quoi allait pouvoir se rassasier.

Elle ne savait pas encore pourquoi, mais aujourd'hui Aïshala s'était levée avec un bon présentiment : la journée allait être radieuse. Et pour l'instant, niveau temps et température, c'était effectivement le cas. Comme à chaque fois qu'elle partait chasser, elle se réveillait tôt pour profiter de la fraicheur du matin et des faibles rayons de soleil qui ne lui brûlait pas le poil. Les conditions étaient optimales pour une bonne chasse. Un léger vent provenant de l'ouest lui apportait des odeurs exquises qu'elle se décida à suivre.

La Chasse était ouverte, le prédateur en route, et elle espérait que les proies seraient au rendez-vous. La nuit dernière, elle avait décidé de s'approcher du territoire de l'Ouest, sachant qu'elle partirait en chasse le lendemain matin. Elle n'eut donc pas beaucoup de marche à faire avant d'arriver sur ses lieux de chasse préférés. Se glissant à pas de loup - c'est le cas de le dire - dans les broussailles des bois, elle était aux aguets, ses sens en alertent. Aïshala se figea nette lorsqu'elle aperçu une petite musaraigne sortir d'un petit trou dans le sol. Elle ne bougea pas d'un poil, son regard ambré ne quittait pas sa future prise des yeux. Le petit rongeur venait certainement de se réveiller, il se passait des coups de pattes sur les yeux et reniflait les alentours avec précaution. Cela tira un sourire à la louve qui par chance, était contre le vent, le petit animal ne pouvait donc pas la sentir mais lui apportait en revanche sa délicieuse odeur tout droit dans les narines.

La louve noire attendit, si elle attaquait maintenant, le rongeur n'aurait qu'un pas à faire pour retourner dans sa tanière et elle ne pourrait l'atteindre. Elle patienta donc de longues minutes que la musaraigne se décide à s'avancer dans le monde, fonçant sans le savoir droit dans la gueule du loup - encore une expression très appropriée -. Aïshala tendit les muscles de ses pattes arrières, prête à bondir, et chargea le rongeur à toute vitesse. Comme prévu, il tenta de retourner à sa tanière mais la louve, prévoyante, s'était surtout jeter entre lui et la tanière. Le temps de comprendre que le chemin était bloqué et de faire demi-tour dans sa course que le rongeur était déjà entre les crocs d'Aïshala. Très satisfaite de sa petite trouvaille, elle repartit gaiement dans la direction de sa petite tanière improvisée de la nuit.

Cependant, une fois arrivée sur les lieux, Aïshala eut une très désagreable surprise. Un renard roux était en train de renifler l'endroit où elle avait dormis et de gratter la terre, visiblement à la recherche d'une quelconque proie qu'elle aurait pu laisser avant de filer. Instinctivement, la louve posa sa musaraigne sur le sol et se mit à gronder en direction du renard pour le faire partir. L'animal roux leva la tête, et s'il eut d'abord un mouvement de recul, lorsque son regard se posa sur la musaraigne, il sembla avoir un regain de confiance en lui.

Dans un premier temps, le renard commença à s'approcher à petit pas de la louve qui le toisait du regard. D'un coup, la louve le chargea et le renard fit demi-tour. Elle lui courrut après sur deux trois mètres avant qu'il ne se glisse sous un tronc d'arbre couché au sol, passant de l'autre côté. Aïshala, qui était beaucoup plus grosse que lui, ne pouvait passer que le museau. Elle sortit la tête du trou et posa ses deux pattes avants sur le tronc à la recherche du renard. La petite boule de poil avait disparu. Satisfaite de l'avoir chassé, elle se détourna et sentit une bouffée de colère monter en elle en voyant que le renard s'approchait de sa proie, après l'avoir visiblement contournée.

Elle le chargea à nouveau et se jeta sur l'animal roux qui ne l'avait pas entendu revenir. Elle l'attrapa au niveau du cou et d'un grand coup de machoire, elle arracha la vie au voleur qui avait tenté de lui prendre sa proie. Elle le déposa sur le sol et regarda à tour de rôle les deux prises qu'elle avait réussit à attraper aujourd'hui. Son sentiment au réveil était bon, voilà une bonne journée qui commençait !

Ce matin le soleil avait décidé de rester caché derrière une épaisse couche de nuages et une trombe d'eau s'abattait sur les terres de l'Ouest. Aïshala marchait avec difficulté entre les flaques d'eau et de boue, bondissant de temps à autre d'un tas d'herbe détrempé à un autre. Elle ne cessait de jurer et de marmonner dans sa moustache, regrettant de s'être réveillée en se disant que se serait certainement une bonne idée de chasser maintenant.

Après tout, lorsqu'elle avait ouvert les yeux, la pluie était fine et légère. Le bruit de l'eau aurait ainsi couvert ses bruits de pas et la petite taille des rongeurs n'aurait pas facilité leur traversée dans les flaques de boue. Malheureusement pour elle, le temps s'était aggravé et c'est elle qui en subissait à présent les conséquences. Son poil imbibé d'eau pesait lourd sur son dos, elle ne cessait de s'ébrouer pour en faire tomber la masse mais il suffisait d'une minute pour que son pelage se retrouve à nouveau gorgée d'eau. Des gouttes coulaient de son front jusqu'à ses yeux, la forçant à plisser ses paupières pour y voir quelque chose.

Plus elle avançait dans la forêt et plus ses pattes s'enfonçaient dans des trous remplis de boue, de feuilles mortes et de brindilles qui s'accrochaient à elle, et qu'elle mettrait certainement des heures a nettoyer. Désespérée et surtout énervée, la louve se stoppa sur un monticule en hauteur et observa les alentours. La pluie faisait bouger les broussailles dans tous les sens et couvrait le bruit des animaux, si bien qu'elle ne pouvait en distinguer un seul. De plus, le vent tourbillonnant ne rester jamais fixé dans la même direction, et venait tantôt de l'Est, tantôt de l'Ouest.

Lassée de ne rien trouvé sur son chemin, la louve noire rentra bredouille à son petit nid, les oreilles basses et le corps dégoulinant d'eau, de boue et de déchets qu'elle allait à présent devoir retirer, certainement pour le reste de la journée, et tout cela le ventre vide.

Pourquoi cela prend-il si longtemps pour trouver une proie ? Pourquoi ne peuvent-elles pas se contenter de sortir de leur tanière et s'offrir gentiment en nourriture aux loups ? De toute façon c'est ça leur rôle dans la nature, être mangé ! Alors, pourquoi elles chipotent et jouent à cache cache ?

Voilà sur quoi se lamente notre louve depuis le début de la journée. Elle avait beau marcher et arpenter aussi bien les bois que les plaines, aucun animal n'avaient pointés le bout de son museau. Aucun n'avait daigné ne serait-ce que bouger une feuille pour lui laisser un doute. Rien. Un calme plat régnait sur les lieux, comme si sa présence avait été inscrite à la griffe sur un arbre à l'entrée tel un avertissement "Surtout ne sortez pas, demain dans la matinée Aïshala passe et ramasse tous qu'elle trouve, rester enfermé chez vous et fermez bien vos tanières à clé !"

Cela la mettait en rogne, car elle venait de faire le trajet pour rien. De plus, voulant à tout pris attraper une proie, elle s'était trop éloignée de sa tanière et maintenant, elle ne serait jamais rentrée pour la nuit. La louve leva le museau vers le ciel. Les rayons du soleil commençaient à perdre en intensité, et la voute céleste se parait des lueurs roses/orangés de la fin de journée. Elle soupira et abandonna son projet de chasse, partant désormais à la recherche d'un coin pour la nuit. Lorsqu'elle trouva un lieu un peu confortable, elle se coucha après avoir soigneusement surveillé les horizons et s'endormie. Demain serait un autre jour.

A son réveil, de fines gouttes de pluie tombaient sur son pelage et la rafraichissait de bon matin. Elle huma l'air frais de la forêt et se leva aussitôt pour aller chasser. La dernière fois, elle s'était laissé piéger par la pluie et n'avait rien pu attraper. Aujourd'hui, elle n'allait pas attendre que le temps empire et transforme les terres en torrent, elle allait prendre les devants et attraper quelque chose !

Le bruit des gouttelettes masquaient une grande partie de ses bruits de pas, elle pouvait donc se permettre de se déplacer plus rapidement et en y prêtant moins attention. Cela lui laissait tout le loisir de se focaliser sur sa vision et sur son odorat. Elle avait choisit de marcher uniquement à contre vent, pour que seul les odeurs en face d'elle lui parviennent. C'est là qu'elle détecta l'odeur d'un lapin. L'odeur venait de l'avant, légèrement sur sa droite. Elle suivit cette piste et se retrouva aux abords de la forêt, une grande plaine se dressait devant elle. Les herbes n'étant pas spécialement hautes, elle distingua sans peine le lapin qui bondissait gaiement sous la pluie. La louve noire s'approcha au maximum, aussi près qu'il lui semblait possible de s'approcher puis chargea.

Elle savait que les lapins étaient très rapide, elle n'avait donc pas le droit à l'erreur. Lorsque l'animal capta sa présence, il fila à une vitesse folle dans la direction opposé. Aïshala aurait certainement abandonné la poursuite si le rongeur n'avait pas soudainement glissé dans une flaque d'eau, permettant à son prédateur de gagner du terrain. Cette erreur lui fut fatale. Elle plongea sur la boule de poil et lui ôta la vie sans plus d'hésitation. Toute heureuse de sa prise, elle repartit vers un coin protégé de cette pluie qui avait aujourd'hui sauvé sa chasse.

Pour la première fois depuis bien longtemps, Aïshala se décida à partir chasser de nuit, ou plutôt de soirée. Elle avait trouvé un grand ruisseau dans la forêt où elle y avait aperçu quelques poissons qui lui ferait certainement un très bon repas. Elle s'était donc approché et avait constaté que les rayons du soleil qui se reflétaient sur l'eau lui piquait les yeux plus qu'autre chose et qu'elle avait du mal à voir les poissons. Elle avait donc décidé d'y retournait la nuit, en sachant que la lumière de la lune était bien moins puissante mais qu'elle pourrait tout de même éclairer les écailles des poissons.

D'un pas décidé et enjoué, elle se dirigea vers ce fameux ruisseau où elle n'avait encore jamais pêché. Elle ne se rappelait même plus la dernière fois qu'elle avait mangé du poisson, cela remontait certainement à son apprentissage avec sa mère. Cela lui ferait du bien de regoûter à cette chair tendre et tellement différente du gout de la viande. Une fois sur les lieux, elle se plaça sur un rocher au centre de la rivière et attendit. Elle voyait parfois quelques poissons passaient devant elle, mais elle patienta le temps d'analyser leur vivacité et leur nombre.

Lorsqu'elle se sentit prête, elle approcha son museau de la surface de l'eau et ne bougea plus, elle resta parfaitement immobile jusqu'à ce qu'un poisson passe dans son axe, juste sous sa gueule. A ce moment là, elle plongea son museau dans l'eau, gueule grande ouverte, et referma ses mâchoires sur les écailles glissantes du poisson et sortit la tête de l'eau. L'animal s'agitait désespérément dans sa gueule, et elle du serrer plus fermement la gueule pour être sûr qu'il ne s'échappe pas. Satisfaite de son travail, elle repartit sur la rive et déposa le poisson qu'elle venait d'attraper. La pêche était-elle donc si simple ?

Son regard passa du ruisseau à la proie, puis de la proie au ruisseau, pendant de longues secondes. Si c'était si facile, pourquoi ne pas retenter le coup pour avoir une double portion ? Elle déposa la proie un peu plus en avant pour qu'elle reste dans son champ de vision et repartit sur son rocher, reprenant la même position que précédemment, bien décidé à en attraper la chance. Mais la chance semblait avoir tourné après cette première prise, les poissons lui passaient soit trop à côté, soit ils piquaient une accélération lorsqu'ils sentaient l'ombre de la louve s'approchait pour plonger dans l'eau. Après plus d'une heure d'échec à répétition, Aïshala abandonna l'idée d'en attraper un deuxième. Un seul suffirait, pas la peine d'y rester plus longtemps. Elle ramassa donc son poisson et repartit de là où elle venait, gardant dans un coin de son esprit ce petit lieu de chasse.

Etant donné que sa pêche avait été fructueuse la dernière fois qu'elle s'était approchée du ruisseau, elle avait décidé de retenter sa chance quelques jours plus tard, dans l'espoir d'attraper un nouveau poisson. Cependant, elle n'avait pas l'intention d'aller au même endroit, elle voulait remonter la rivière en espérant trouver un lieu plus profond, où elle trouverait certainement d'avantage de poissons et donc plus de chance d'en attraper.

La louve noire se mit donc en route, suivant le cours d'eau dans le sens inverse de sa trajectoire. De temps à autre, elle tournait la tête vers les flots et pouvait apercevoir un vif éclair doré, qui apparaissait et disparaissait plus vite qu'une étoile filante. Il lui serait difficile d'en attraper à nouveau, elle avait chassé près d'une heure la dernière fois sans rien rapporter de plus. Après avoir marché un moment, elle constata avec une certaine appréhension que les éclairs dorés se faisaient de plus en plus rare, jusqu'à ce qu'elle ne voit plus aucun. Lorsqu'elle fit ce constat, elle plissa légèrement les yeux et s'arrêta sur place, se décidant à s'approcher de l'eau aux courants rapides. En penchant la tête, elle pu constater qu'elle n'en voyait plus le fond tellement l'eau était profonde. Elle s'avança au maximum, en faisant en sorte que ses pattes restent stables et ne glissent pas sur la berge. Elle eut beau attendre de longues minutes, à regarder les flots à la recherche de poissons, elle n'en voyait plus un seul.

Frustrée d'avoir parcourus tout ce chemin pour qu'aucune proie ne se présente à elle, elle fit demi-tour d'un pas décidé et emplie de colère. Elle avait une forte envie de taper dans quelque chose pour se défouler, parcourir une telle distance pour ne rien avoir à se mettre sous la dent, que du temps perdu pour rien ! Autant retourner là où elle avait réussit à attraper quelque chose. Le chemin du retour fut long, extrêmement long pour la louve noire qui ne cessait de se morfondre et de se traiter de tous les noms dans sa tête. Quelle idée stupide aussi de vouloir changer de coin, si elle était resté à l'endroit initiale, elle aurait certainement accumulé une montagne de poissons et une réserve pour la semaine toute entière !

Une fois revenue sur place, il lui fallait un moyen de se détendre, et de se remplir l'estomac. Elle grimpa donc à nouveau sur le rocher où elle s'était positionnée la dernière fois, s'accroupie le plus près possible de l'eau et attendit. Elle avait marché toute la nuit, le soleil commençait à se lever et bientôt, il ferait de l'ombre sur l'eau et les poissons se méfieraient, elle ne pourrait plus rien attraper. Il lui fallait une prise, et vite. Elle n'eut pas longtemps à attendre avant qu'un poisson tombe dans son piège. Passant juste sous sa mâchoire, elle n'eut qu'à plonger le museau dans les profondeurs et refermer ses crocs sur la chair tendre pour l'attraper. Elle se dépêcha de rejoindre le bord et de couper court à la vie du petit animal. Bon, elle allait devoir manger deux fois la même chose, mais cela ne lui poser pas de problème. Elle aimait le poisson, mais la prochaine fois, elle trouverait bien autre chose à chasser.

Cette petite escapade quasi inutile l'avait légèrement dégoutée de la pêche, du moins pour le moment.

En se levant ce matin là, Aïshala avait décidé de partir chasser sur les terres de l'ouest, non pas dans la forêt comme elle en avait l'habitude, mais plutôt dans les plaines pour tenter une nouvelles formes de chasse. Disons plutôt qu'elle cherchait de nouvelles proies, pour changer des petits poissons qu'elle avait attrapé dernièrement.

Elle était donc à la recherche d'un endroit qui pourrait grouiller de prises, elle ne savait pas trop où exactement, mais elle allait bien tomber sur un endroit sympa : un petit point d'eau, un terrier de lapin, une antre de blaireaux. Peut lui importer sur quoi elle allait tomber, tant qu'elle se mettait quelque chose dans l'estomac.

Elle foulait le sol d'un trop léger, sa tête passant de droite à gauhe tous les 15 mètres à la recherche d'un point de rassemblement habituel pour les rongeurs et autre mammifères mangeables. Cependant, plus elle avait avancé dans les herbes hautes, et plus elle était déçue. Rien n'attirait son regard et pire encore, elle ne sentait ni ne voyait aucune odeurs fraîches ou trâces de pattes. Tous semblait très ancien, comme si les animaux n'étaient pas passés par là depuis des jours.

Elle avait l'impression de revivre la même chose que la veille, parcourir un long chemin avec plein d'espoir pour au final ne rien trouver du tout et rentrer bredouille. Au bout d'un moment, voyant qu'il n'y avait rien dans les alentours, elle se détourna de sa route pour rentrer, frustrée et déçue, mais moins que la veille. Au moins cette fois, elle avait été assez intelligente pour arrêter avant de devenir dingue. S'il n'y avait pas de proies dans les parages, rien ne servaient de pousser le bouchon encore plus loin.

Petits pas...arrêt...silence…
Petits pas…arrêt...silence…
Petits pas…arrêt...silence...regarder…

Il ne lui suffit que de quelques mètres pour être à porter de sa proie, et cette fois, elle devra se rapprocher le plus possible car les chances de l'atteindre son mince. Devant elle : un écureuil. Le petit animal au poil brun/roux grignote au pied d'un arbre une pine de pin, qu'il décompose soigneusement de ses dents pointues. S'il voulait amener cette nourriture dans sa tanière dans l'arbre, il devait d'abord la rendre plus légère. Cela laissait le temps à la louve noire de s'approcher, avec toute la concentration dont elle était capable, pour pouvoir le chasser.

Chaque pas qu'elle faisait était minutieusement suivit d'un long silence, et elle s'assurait de ne poser ses pattes que sur l'herbe tendre de la forêt, loin des branchages craquants et des feuilles croustillantes. Une fois qu'elle fut assez proche, elle resta immobile, à le fixer de ses yeux ambrés. Si elle n'était pas assez rapide, il remonterait dans l'arbre et elle n'aurait plus qu'à trouver une prise ailleurs. Elle n'avait qu'une seule chance, et il était hors de question qu'elle la rate, après les jours de disettes qu'elle venait de passer. Muscles bandés, griffes ancrées dans le sol, crocs paraient à saisir ; elle chargea. Elle s'élança sur lui dans un bond et lui atterrit directement dessus. Elle lui écrasa la queue pour l'empêcher de fuir et elle saisit le rongeur dans sa gueule pour couper court à sa petite vie.

Un profond sentiment de soulagement l'envie, et elle leva les yeux au ciel pour le remercier d'avoir rendu cette chasse fructueuse. Elle qui avait eut tellement faim durant les derniers jours allait enfin pouvoir remplir son ventre vide. L'écureuil dans la gueule, elle partit en direction den sa tanière. Peut-être allait-elle tomber sur une deuxième proie sur la route ? Ce ne fut malheureusement pas le cas, mais elle n'y prêta que peu d'attention. Elle avait déjà réussit à attraper un écureuil, c'était suffisant pour la journée.

A force de chassait dans les environs, Aïshala allait certainement finir par connaitre l'intégralité du territoire de l'ouest, mais pour le moment, il lui restait encore de nombreuses parcelles inconnues à découvrir. C'est donc dans une optique de découverte, et non de chasse, qu'elle partit en fin de matinée. Elle aimait découvrir de nouveaux territoires, tous plus beau les un que les autres sur ces terres qui regorgeaient du vie, même si sur le chemin de l'allée, elle ne croisa pas l'ombre d'une proie.

Lorsque le soleil commença à décliner vers l'est, elle savait qu'il était l'heure de rentrée vers les terres qu'elle connaissait bien, là où elle avait établie sa tanière de chasse. Un petit endroit tranquille, non loin de terres abondantes de gibier, où elle passait la nuit pour être directement sur place tôt le lendemain matin. Elle avait l'intention de chasser le lendemain, mais sur le retour, elle entendait des petits rongeurs filaient entre les herbes sur son chemin et l'idée de chassait maintenant lui traversa l'esprit. Après tout, pour ne pas s'avancer.

Optant pour une allure plus délicate et discrète, elle poursuivit sa route vers sa tanière, tout en étant attentives aux rongeurs. Son regard se posa finalement sur un mulot juste devant elle. Ses pupilles se fixèrent sur lui et elle ne le quitta plus des yeux. Soudain, elle s'élança, fondant sur le petit rongeur qui n'y vit que du feu. Satisfaite de sa prise, elle rentra à sa tanière avec un petit repas entre les crocs.

Il était temps de s'exercer avec son pouvoir, une petite chasse lui ferait du bien pour rafraichir ses pattes et dégager toute l'énergie qu'elle stockait en elle depuis des semaines. Bien décidée à chasser quelque chose de gros, elle jeta son dévolue sur une biche lorsque ce fumet délicieux atteint ses narines. Elle accéléra le pas pour rejoindre la source de l'odeur et une fois qu'elle fut à porter de vue, elle ralentie et se mis en position de chasse.

Elle ralentie le pas et les battements de son cœur, gardant toute son attention rivée sur l'animal. Soudain, elle chargea, s'avançant à la suite de la biche qui n'avait pas mis plus d'une seconde à filer une fois l'assaut lancé. Aïshala était sur ses talons, presque même à côté d'elle, mais l'animal était trop grand pour simplement le renverser ou l'assommer d'un coup de patte. Elle se concentra donc sur les siennes et accumula dans ses griffes toutes l'énergie que son corps possédait. Seulement, seuls quelques cliquetis électriques raisonnèrent dans l'air, mais elle ne sentait pas une véritable concentration d'énergie dans ses pattes.

Tentant quand même le coup, elle vint claquer ses deux pattes avants dans un saut contre le flanc de la biche. Cette dernière aurait normalement du être secoué de spasme électrique et tombait raider, mais elle n'eut pas la moindre réaction. Elle fila dans la forêts tandis que la louve noire retombait sur le sol dans une posture maladroite. Elle regarda la biche lui échapper, avec autant de dégout que d'inquiétude. Pourquoi son pouvoir ne s'était-il pas déclenché ? Fatiguée de cette chasse, elle fit demi-tour dans l'intention de se reposer. Cette course poursuite l'avait épuisé physiquement, et l'absence de son pouvoir avait fini de l'achever psychologiquement.

Par chance, comme un cadeau de consolation accordé par les cieux, Aïshala tomba sur une petite souris sur le chemin. L'animal n'eut pas le temps de filer, la louve aux ambrés se jeta sur elle avec une toute la force de sa colère de n'avoir que ça à manger. Elle rentra donc dans sa tanière avec une simple petite souris pour caler le creux dans son estomac. Elle allait réfléchir au problème avec son pouvoir, et surtout, elle retenterait sa chance demain.

Dans sa tanière, la louve noire n'arrivait pas à fermer les yeux. La veille, elle avait tenté d'activer son pouvoir et n'avait pas réussit, chose qu'il ne lui était encore jamais arrivé, hormis lorsqu'elle était une petite louve et qu'elle ne savait pas encore bien s'en servir. Mais depuis plus d'un an, elle n'avait jamais eus de panne comme celle-ci. Était-ce normal ? Avait-elle perdu son pouvoir à jamais ? Ou était-ce une passade logique dans la vie des loups ?

Toutes ses questions l'empêchaient de fermer les yeux, et la forcèrent à quitter sa tanière en pleine nuit pour retenter sa chance et comprendre. Tout d'abord, elle devait trouver une proie à chasser. Peut importer cette fois qu'elle soit grosse ou petite, elle devait avoir une victime sur qui tester son pouvoir. Malheureusement pour elle, les proies devaient toutes être en train de dormir car elle n'en croisa aucune sur sa route.

- Mais c'est pas possible, elles peuvent pas toutes dormirent !Pesta la louve en balançant sa patte dans les feuilles d'un air rageur.

Elle abandonna son objectif de trouver une proie, de toute façon il n'y avait rien dans les environs, et elle préféra se concentrer sur ses pattes. Elle ferma les yeux pour plus de concentration et invoqua l'électricité de son corps, lui demandant de se concentrer au niveau de ses griffes comme elle le faisait tout le temps. Une fois de plus, elle n'entendit que les faibles cliquetis que provoquait les courants d'énergie lorsqu'ils se touchaient, mais elle ne vit pas la moindre étincelle brillait au niveau de ses pattes, et elle ne ressentit pas la puissance qui s'accompagnait normalement à l'invocation de son pouvoir.

La jeune louve soupira, dépitée. Encore une fois, elle n'avait pas réussit et elle ne comprenait pas pourquoi. La seule bonne nouvelle était que cette marche et tenter d'invoquer son pouvoir l'avait épuisée. Elle retourna donc à sa tanière, la tête basse, sans croiser la moindre petite proie, et s'endormie à peine couchée.

Nouvelle journée, nouvelle tentative. Il n'était plus question de chasser aujourd'hui pour Aïshala, mais bien de comprendre ce qui ne fonctionnait pas dans son pouvoir et surtout pourquoi elle n'arrivait plus à le déclencher. Voilà deux jours qu'elle essayait et rien, pas le moindre signe de son pouvoir. Il était donc temps de passer aux choses sérieuses, de déclencher le pouvoir, autant le dire clairement : de faire un électro-choque.

Une raison pour laquelle elle détestait l'eau était bien évidemment son pouvoir. L'électricité ne se mariait pas bien avec les milieux liquides et elle en avait beaucoup souffert durant son enfance, trop d'utiliser son pouvoir sous la pluie. Ca piquait, ô oui que ça piquait, et c'était bien ce qu'elle allait tenter de faire aujourd'hui. Peut-être qu'un coup dans l'eau aller réveiller son côté électrique ? Une fois arrivée prêt du lac, quelle ne fut pas sa surprise d'y trouver de nombreux canards, cygnes et autres poules d'eau. Même si son objectif n'était pas la chasse, elle salivait d'avance devant le magnifique plumage blanc et grassouillet des cygnes. Elle travaillerait plus tard, commençons par la chasse !

La louve noire s'approcha à pas feutré des abords du lac, se camouflant dans les hautes herbes et roseaux qui l'entouraient. S'approchant au plus prêt, elle bondit dans l'eau, tombant de tout son poids sur le cygne qui commença à s'affoler. Il avait beau battre des ailes pour s'envoler, la louve ne lâchait pas l'affaire. Elle saisit le long cou du cygne entre ses crocs et teinta son magnifique plumage blanc de gouttelettes pourpres, pendant que les autres oiseaux s'enfuiaient dans des cris affolés. Une fois l'animal achevé, elle le tira hors de l'eau et le lâcha sur la rive.

Finalement, son regard se posa sur la surface calme du lac. Elle s'en approcha avec beaucoup d'hésitation, son instinct lui soufflait de ne surtout pas faire ça, que c'était dangereux et qu'elle allait souffrir, mais son besoin de comprendre était plus fort que tout. Une fois ses pattes avants entièrement plongée dans l'eau, elle se concentra et invoqua son pouvoir dans ses pattes. Cependant, cette expérience n'eut pas l'effet escompté. Elle ne ressentit aucune douleur dans ses pattes, pourtant, elle pouvait entendre le cliquetis de l'électricité résonnait dans l'air, signe que son pouvoir n'avait pas entièrement disparu.

Se serait-il déplacé vers une autre partie de son corps…?