Thème n°4 - Aurore Étoilée - feat Lunaire
 
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Pourquoi toi ? (ft. Lunaire)
Apollo
Veilleur
Apollo
Feux Follets : 34
Lun 11 Nov - 16:30

ft. Lunaire

Pourquoi toi ?
La patrouille de midi était déjà partie quand notre petit groupe arriva à la tanière des Yuubae. Les deux chasseurs mâles menaient, suivi par Artémis qui me soutenait comme elle le pouvait. Le guérisseur fermait la marche. Nous aurions sans doute été plus vite si l’un des chasseurs avait pu porter le louveteau mais, pour une raison que je n’explique pas encore, elle ne voulait pas être porté par quelqu’un d’autre que moi. Étant donné mon état, je m’en serai bien passé mais je n’avais pas le cœur à refuser ça à la petite. Nous n’avions pas vraiment le choix de toute manière.

Les trois chasseurs du groupe partirent faire leur rapport à leur supérieur tandis que je donnais le louveteau au guérisseur. J’irai me faire ausculter plus tard. Pour l’instant, je devais m’assurer que Lunaire avait bien reçu l’aval d’Henael pour héberger la petite. Du moins le temps qu’un de ses parents pointe le bout de son nez, même si cette possibilité me parait peu probable

Henael me confirme que Lunaire l’a prévenu et que le louveteau est le bienvenu. Je suis soulagé et me mets à la recherche de ma camarade. Elle n’était pas très fraîche tout à l’heure et a tendance à prendre sur elle. Il n’est pas impossible qu’elle ait accéléré la visite chez Impera.

Naturellement, je me rends chez la guérisseuse. Lunaire n’y est pas. Ça ne me surprend pas mais ça ne me rend pas heureux non plus. Où a-t-elle donc été se cacher au lieu de se faire soigner ?

Je ne demande rien à Impera qui n’a surement aucune information. Si elle en a, elle ne voudra pas me les dire. Le secret médical, tout ça. Mon amie est en danger, cette info suffit.

Je sors donc de la tanière de la guérisseuse et me dirige vers le dernier endroit où j’ai vu Lunaire disparaître plus tôt dans la journée. Son odeur est faible mais toujours présente. Je ne suis pas aussi doué qu’un chasseur mais pas aussi nul que le laisse entendre ma sœur.

Enfin, c’est ce que je croyais au début. Plus j’avance, plus je me dis, qu’en effet, je suis un bien piètre pisteur. L’odeur de Lunaire va et vient comme elle le souhaite et disparaît même par endroit, comme si elle s’était soudainement mise à courir. C’est au bout de deux heures que j’arrive finalement aux alentours de la cascade de cristal. Là, je découvre une petite grotte, en retrait des chemins utilisés par les patrouilles.

J’entre prudemment et découvre une louve, couchée sur le sol, dans une position qui n’a pas franchement l’air confortable. On dirait qu’elle s’est évanouie, qu’elle est tombée sans pouvoir se relever. Je la reconnais aussitôt : Lunaire.

Je m’approche d’elle, espérant remarquer des traces de soins mais il n’y a rien. Elle n’a pas dû aller voir Impera comme elle l’avais dit. Son état est inquiétant. Que fait-elle ici ? Pourquoi avoir prévenu Henael et ne pas être allée voir Impera ? Le fait qu’elle soit partie avant nous de la grotte m’avait déjà interpellé mais je n’ai rien dis parce qu’elle avait l’air sûre d’elle.

— Tu n’es qu’un idiot Apollo. Un pauvre idiot.


L’expression de Lunaire est loin d’être sereine. Elle a l’air de souffrir. Ou, en tout cas, elle souffrait quand elle s’est allongée là.

Doucement, je pousse la tête de ma camarade du bout du museau. Devant son manque de réaction, je me décide à lui lécher le sommet de la tête et le bout des oreilles. Ce geste me gêne mais fonctionne plutôt bien pour réveiller quelqu’un. Les mères le font souvent avec leurs louveteaux.
Apollo
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Lunaire
Bêta
Lunaire
Feux Follets : 544
Lun 11 Nov - 18:18
Le sommeil.
Je sais que je dors, je sais qu’il m’a happé. Encore. Un nœud pèse sur ma gorge, sur mon cœur, sur mon estomac. C’est une chape de plomb qui me rend lourde au-dedans, qui m’empêche d’ouvrir les yeux. Je sens le pouvoir, là, à mes côtés. Il s’est replié sur lui-même, endormi, fatigué.
Je l’appelle doucement. Je cherche à le réveiller, paradoxalement — ce pouvoir qui me blesse en faisant du mal à mes proches, en me séparant d’eux. Je crois que je l’aime quand même. Je sais qu’il me sauve souvent.
J’ai conscience de mes faiblesses. J’ai besoin de lui comme une enfant de ses parents. Une enfant qui veut s’affranchir désespérément mais qui n’est pas prête.

Une enfant qui est obligée de vivre avec ce protecteur envahissant.
Si j’avais pu utiliser ma bouche, j’aurais sûrement soupiré. Mais je suis seulement coincée, là, consciente sans parvenir à m’arracher au sommeil. Mon corps a besoin de récupérer, ses forces se sont enfuies. J’attends.
J’attends.
Des heures sûrement.

Les secondes passent, s’égrènent. Le monde poursuit sa course, cruellement, alors que je suis bloquée dans le silence. Un silence sur lequel personne n’a d’emprise — même pas les oiseaux. Je suis sûre qu’ils chantent, dehors ; je sens au fond de moi qu’ils se moquent de la « Veilleuse » si vulnérable face à son propre don. C’est une parodie, je crois. Une espèce d’ignominie, une erreur des esprits.

Ma bouche retient un énième soupir. Tout est scellé, soigneusement cadenassé. J’ai perdu le fil quand je reprends pied. Mes muscles répondent vaguement, au moins assez pour me rappeler que j’avais mal en me couchant. Les sueurs glacées coulent le long de son épine dorsale. Ça côtoie ma colonne vertébrale. Je râle intérieurement. Rendez-moi le contrôle. Mon précieux contrôle.
Ouais, pas la peine de me le dire. Je suis maniaque. Chacun ses défauts.

À mesure que les minutes se succèdent, je rejoins la réalité. Je sens qu’on me lave. Je crois un moment que c’est Impera qui a été prévenue mais mon nez me surprend. L’odeur n’est pas celle de la guérisseuse. De tous mes congénères, Apollo est celui auquel je m’attendais le moins.
Nous ne sommes pas proches, pas particulièrement à la recherche de nos compagnies respectives. Mes pensées se brouillent, mes sens s’affûtent. J’imagine un moment qu’il y a eu un incident. Peut-être le môme. Ou Henael. Ou les deux. Ou pire. Mes parents ?
Je me débats contre la brume, je couine, je grogne. Je bouge péniblement. Une oreille, une patte, une paupière. J’essaie de repousser l’engourdissement. Je sors de la torpeur. J’ai mal.

Finalement, je découvre un œil pour jauger le mâle. J’observe sa face à la recherche de la détresse, d’une alarme. Il paraît désemparé mais pas assez pour trahir un drame. Je soupire, ce qui m’arrache un gémissement. Mes poumons sont lourds à mourir. Je tousse, me laisse choir avec les orteils en éventail.

- Quoi ? (Ma bouche marque une ligne sévère.) On ne peut plus dormir en paix dans le coin ? C’est quoi l’urgence ?
Lunaire
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Apollo
Veilleur
Apollo
Feux Follets : 34
Mar 12 Nov - 8:42

ft. Lunaire

Pourquoi toi ?
La réaction de Lunaire me provoque des sentiments assez contradictoires. D'un côté je suis heureux qu'elle se soit éveillée mais, de l'autre, sa réaction m'énerve au plus haut point. C'est finalement la colère qui l'emporte sur la joie.

— L 'urgence ? Tu veux que je te rappelle l'urgence ? Très bien. Premièrement, nous avons amené un louveteau à la meute qui ne semble pas supporter la présence d'un autre loup que toi ou moi. Deuxièmement, tu es blessée et tu n'es pas allée voir Impera.

Le ton de ma voix exprime parfaitement que le second point me semble plus important. Le guérisseur finira par se débrouiller avec le louveteau, j'ai confiance en ses capacités, même si la petite ne semblait pas vouloir me lâcher.

J'essaie de me calmer mais le ton de ma voix ne change pas beaucoup.

— J'espère que tu as une bonne excuse. Je ne comprends pas. Pourquoi ne pas être allé voir Impera après avoir averti Henael ? Je me suis inquiété.

J'ai enfin réussi à me calmer sur la dernière phrase. Elle était dite beaucoup moins fortement. Presque murmurée. Alors que je la prononçais, je me posais une question qui ne m'était pas venu à l'esprit jusque-là. Pourquoi m'inquiétais-je autant de l'état de Lunaire ? Nous avons, certes, été entraîné ensemble plus jeunes mais elle n'est qu'une camarade sentinelle. Non ?
Apollo
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Lunaire
Bêta
Lunaire
Feux Follets : 544
Ven 22 Nov - 16:20
Je ne m’y attendais pas, je crois. Je pensais qu’il serait las, agacé comme les autres par mes humeurs changeantes. Mais il s’énerve. Il explose. Il me crache des reproches à la gueule, si bien que je me recroqueville. Je ferme un peu les paupières pour le voir seulement au bout d’une fine bande de cils. Je ne sais pas ce qu’il a, quelle mouche s’est aventurée trop près de son cul bordé de nouilles.
Je crois avoir quelques droits sur ma personne, spécialement celui de choisir où je vais, quand, comment. Je pourrais ramper, les quatre membres brisés, il me semble que la douleur ne serait que la mienne ; seulement à moi, donc — par conséquent — je pense que je n’aurais pas à rendre des comptes.

Pourtant, Apollo en réclame. Il éructe, s'époumone, jappe comme un môme repoussé par sa mère occupée. Je soupire, légèrement frissonnante à cause du vent qui s’écoule dans la caverne mal protégée. Mon crâne est lourd, ma tête menace de rouler. J’ai sommeil. Je suis si fatiguée…
Je me prends à espérer qu’il me laisse mais, au fond, je m’étonne à vouloir qu’il reste à mes côtés. J’ai peur, sûrement, que le pouvoir revienne. Qu’il reprenne le dessus, m’empoisonne, me sépare encore de mes proches. S’ils savaient, eux, les Yuubae…
Je n’aurais plus ma place parmi eux.

Mon sang se glace, néanmoins. Il s’est « inquiété » ? Je le jauge, partagée entre l’envie de rire et celle de pleurer. Ce n’est pas comme si ces choses-là arrivaient souvent. Je hausse les épaules, passe sur le dos qui émet un craquement sonore, soupire à nouveau. Je m’étire avec une nonchalance feinte, lèche mes lèvres devenues soudainement trop sèches. J’hésite. Je ne sais pas quoi répondre. Je pèse mes mots mais ils sont définitivement trop lourds sur ma langue.

- Je n’y suis pas allée parce que c’était trop tard.

J’appuie sur les dernières syllabes. Ouais.

- Mon pouvoir est du genre capricieux quand je suis fai- mal à l’aise.

Je n’allais pas dire faible. Ce n’est pas vrai. Je ne serai jamais faible. Même pas à l’agonie.

- Je voulais éviter qu’il se venge sur quelqu’un de la meute. Impera en a déjà assez souffert comme ça. Je ne veux pas qu’on me regarde avec la peur qu’elle a affiché ce jour-là.

Je lâche un rire jaune nasalisé. Non, ce n’est pas drôle. Ou plutôt si. Je parle de ça à quelqu’un qui ne comprendra pas. Ce n’est pas comme si quelqu’un pouvait comprendre.

- Je ne contrôle pas mon pouvoir. Je ne l’ai jamais contrôlé. T’es content ? T’as eu ta réponse ? Tu connais le grand secret de la sentinelle ratée du siècle, j’ai nommé Lunaire !
Lunaire
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Apollo
Veilleur
Apollo
Feux Follets : 34
Ven 6 Déc - 22:01

ft. Lunaire

Pourquoi toi ?
Trop tard. Un pouvoir incontrôlé. La peur d’Impera. La douleur.

Toutes ces informations se mélangent dans mon esprit. Je ne m’attendais pas à ça. Je peux comprendre sa peur mais il est trop tard pour moi. Je me suis inquiété, pour une raison que je ne comprends qu’à moitié, et je suis venu ici. Je ne compte pas repartir maintenant. Même si elle ne souhaite pas de moi ici.

C’est finalement un rire qui sort de ma gueule alors que j’essai de répondre à ma collègue.

– C’est tout ? C’est pour ça que tu ne veux pas te faire soigner ? Un pouvoir incontrôlé ?


Je ne connais pas l’étendu de la douleur que peut provoquer son pouvoir mais, au final, ce n’est pas important. Je m’assieds, comprenant que cette conversation risque de durer.

– Tu te rends compte du nombre de loups qui ne contrôlent pas correctement leur pouvoir ? Il y en a bien plus que ce qu’on laisse entendre.

Moi-même, il m’arrive d’échouer, d’affaiblir un allié au lieu de ma cible. On ne comprend pas exactement ce que sont ces pouvoirs. Chacun est personnel et ne peut être dompté que par la volonté.

– Si c’est un malaise qui provoque l’activation de ton pouvoir, je ne pense pas que tu choisisses la bonne solution. Personnellement, j’irai me réfugier auprès de personnes que j’apprécie et qui pourraient me calmer. Au pire, tu feras mal à quelqu’un et alors ? Si ce loup a décidé de rester prêt de toi pour t’aider, il saura endurer la douleur. Rester seul n’est jamais une solution.

La solitude n’entraîne que la tristesse. La tristesse et la douleur.
Apollo
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Lunaire
Bêta
Lunaire
Feux Follets : 544
Ven 6 Déc - 22:48
J'ai la bouche pâteuse. Mes sens sont encore altérés par les dernières bribes du pouvoir, je le sens. Sa voix est un peu déformée, un peu abîmée. Je n'aime pas ça, je crois. Ne me demandez pas pourquoi ; vous savez que je n'en parlerai sûrement jamais. Je ne suis pas comme ces personnes, là, qui exhibent leurs sentiments — quels qu'ils soient. Je ne suis pas gentille. Je ne suis pas aimable. C'est précisément pour ça que je suis un bon élément, probablement. Ma conscience limitée m'empêche d'éprouver des scrupules à utiliser les sentinelles comme on arme des canons avec de la poudre.

Pourtant, ce jour-là, je renoue avec une vieille amie à qui je pensais avoir dit « adieu » : la culpabilité. C'est à cause de son discours, sûrement. Une bouffée de colère m'embrase le cœur, aussi. Je suis mitigée. Je suis partagée entre l'envie de croire à ses belles paroles pleines de naïveté et la réalité à laquelle j'ai déjà été exposée. J'ai vu Impera. J'ai aperçu son regard fuyant, son dos voûté, sa bouche pincée. Elle m'aurait sans doute abandonné sur place si son devoir n'avait pas eu raison de ses peurs.
N'importe qui aurait eu le même besoin de fuir le plus loin possible. Je ne suis bête, je ne suis pas crédule.

Alors pourquoi, hein ?
Pourquoi j'aimerais croire qu'il y a réellement quelqu'un qui puisse supporter la douleur ? Non, ce n'est pas ça. Ce n'est pas ce que je veux car ça impliquerait que je me sois résignée à ce que mon pouvoir blesse au hasard ; je veux le contrôler. Mon cœur se serre. J'essaie de déglutir, ma gorge est sèche. Je ferme les yeux un moment pour réfléchir sans être harcelée par ces deux ambres, là, énervantes. Je lui en veux, d'une certaine manière. J'aurais préféré qu'il reste dans l'ignorance encore un peu. Qu'il ne sache pas, qu'il ne puisse pas me voir telle que je suis vraiment : faible.

Ouais. J'ai osé. Finalement.

J'essaie d'articuler une phrase mais mes méninges peinent à former des syllabes. Mon visage se déforme d'une grimace de douleur.

- Tu ne comprends pas. (Je crois qu'il y a des reproches dans ma voix. Des reproches ou des sanglots, je ne sais pas.) Mon pouvoir est une espèce de mécanisme de défense. Comme un dernier rempart. Quand il est là... Il détruit. Il assure ma survie en éliminant les personnes qui m'entourent. Il se fiche de qui sont mes ennemis, mes amis, de qui ou quoi a provoqué mes blessures. Il se déplace, rampe, s'accroche à ce qui est près de moi. Même si c'est un membre de ma famille. Il le ferait même si sa cible était mon enfant !

Une première larme coule. Je viens d'avouer ce qui m'effraie le plus, en vérité : la peur d'écorcher vif mon propre bébé. Je reprends mon souffle pour continuer. Autant tout dire, maintenant que j'ai commencé.

- D'une caresse sur un nerf, il balance la personne en Enfer. Ma mère en a fait l'expérience quand j'étais enfant. Elle a comparé la sensation à un dépeçage. Comme si quelqu'un lui arrachait la peau en la forçant à regarder. Comme si son corps entier se déchirait, puis fondait, puis brûlait. Encore, encore. Ça recommence jusqu'à ce qu'il se soit épuisé. « On ne pense pas à fuir. On espère seulement mourir avant que la boucle reprenne depuis le début » c'est ce que Maman a dit.

Alors que Maman est solide. Alors que Maman a tout vu, tout fait.
Je me rappelle de ses pleurs ce soir-là. C'est après ces événements pénibles que j'ai été confiée à Menhit pour qu'il m'aide à gérer les débordements du pouvoir — sans succès. À défaut d'avoir pu le contrôler, c'est mes émotions qu'on a cherché à museler. C'est vrai que si je ne me sens jamais réellement en danger, lui n'a aucune raison de se manifester.

- Vous êtes la seule chose que j'aime, la seule pour laquelle je donnerais ma vie. Je ne veux pas être celle qui vous donnera les coups, je ne serai pas le bourreau de ceux qui m'ont arraché à la mort quand j'étais petite.

Je sais que les perles salées se sont mises à glisser sur ma fourrure. Elles sont chargées de mes innombrables regrets, de ma rage de ne pas savoir repousser le pouvoir, de ne pas être en mesure de le calmer. Je renifle bruyamment. J'ai l'impression d'être de nouveau un môme qui a été grondé. Mes lèvres tremblent, je me recroqueville en position fœtale. Ma tête est plus lourde que jamais.

Je peux croire en ce que je veux, je peux bien espérer qu'Apollo dise vrai, je n'en continuerai pas moins à filer me planquer quand le pouvoir déborde.

Parce que je les aime trop pour en faire des loups brisés.
Lunaire
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Apollo
Veilleur
Apollo
Feux Follets : 34
Jeu 19 Déc - 17:11

ft. Lunaire

Pourquoi toi ?
L’émotion me submerge alors que Lunaire parle. Elle parle, parle et parle encore mais rien de ce qu’elle dit ne me rassure. Je ne crois pas l’avoir déjà vu comme ça. Elle qui a l’habitude de se redresser, de porter le poids du monde sur ses épaules. Elle qui n’hésite pas à me réveiller au milieu de la nuit pour aller chercher un louveteau perdu dans une grotte. Elle… Elle est forte, mais elle ne le voit pas.

Mon cœur se serre alors qu’elle se recroqueville sur le sol, comme un petit qui a perdu sa mère. Comme quelqu’un qui a peur.

« Vous êtes la seule chose que j'aime. »

Cette phrase me prend au cœur. La meute est notre famille et quelqu’un qui comprends cela ne mérite pas de souffrir ainsi. Mais la peur n’épargne personne. Tout le monde a peur un jour ou l’autre et ce n’est pas un problème. On a le droit de se laisser aller à la peur mais il faut savoir remonter à la surface quand c’est nécessaire.

N’écoutant que mon cœur, je m’allonge auprès de Lunaire et colle ma fourrure contre la sienne.

– Tu as le droit de pleurer. Pleure si ça te fait du bien. Laisse-toi aller. Je sais bien que tu voudras avoir l’air fière quand tu rentreras à la tanière.

Je ne sais pas exactement pourquoi mais à ce moment-là, j’ai décidé que je resterais auprès d’elle jusqu’à ce qu’elle se calme. Jusqu’à ce qu’elle soit apte à aller voir Impera. Jusqu’à ce que la Lunaire qui me lance des défis incongrus sans arrêt, remonte à la surface.
Apollo
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Lunaire
Bêta
Lunaire
Feux Follets : 544
Jeu 19 Déc - 17:41
J'essaie de les garder, de les ravaler. Je ne peux pas m'empêcher de haïr ces innombrables perles salées qui coulent — insensibles face aux tourments de ma pudeur. Je m'en veux d'être faible, de le montrer. De ne pas savoir me relever, avoir ce visage que je leur réserve chaque jour : une expression insoumise, presque dure.

Je n'en suis pas capable, là, alors que j'ai l'impression que mon univers se déconstruit peu à peu. Je ne peux pas croire que j'en sois encore à lutter contre mon pouvoir après les choses que j'ai dû affronter. C'est si énervant. Si frustrant. Je vais devenir Veilleuse mais je suis coincée ; mon pire ennemi n'est pas un Akatsuki mais quelque chose qui dort dans mon corps. Je soupire entre deux pleurs audibles.

Finalement, je découvre une paupière en sentant un poids contre ma peau. Je lance un regard timide, remarque qu'il s'est couché près de moi. Je me surprends à apprécier sa chaleur, à ne plus avoir peur de le blesser. Le pouvoir s'est lové profondément dans mon cœur, Apollo n'est pas en danger. Alors j'ai le droit, n'est-ce pas ? Je peux bien en profiter, même si ce n'est qu'un peu. Juste une seconde. Je le prends aux mots, renonce à mes barrières. Je sais que je les dresserai à nouveau dans une poignée de minutes, que je ferai comme si les choses ne s'étaient pas produites. Je refuserai qu'on parle de la journée, qu'on y fasse allusion.

Je me rapproche encore, cherche presque à me cacher dans sa fourrure. Sans retenue, je commence à sangloter. Les jappements peu audibles changent doucement pour des gémissements, puis presque pour des plaintes qui ressemblent à des cris. Je ne me rappelle pas avoir pleuré autant depuis que « Maman » m'a laissée. Je permets aux sentiments accumulés de sortir, de s'évaporer. Les heures passent. Je me calme lentement, je reprends mon souffle, les pensées vides, l'esprit anesthésié. Quand on sort de la tanière, je suis redevenue « Lunaire » ; enfin, peut-être pas tout à fait. Je ne l'embête pas. Je me contente de marcher à ses côtés jusqu'à chez Impera, avant d'autoriser la guérisseuse à me prendre en charge sans une parole. J'adresse seulement un sourire reconnaissant au mâle, puis m'engouffre dans le repaire de la louve grise.
Lunaire
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