Récapitulatif des chasses

02.12 : Aucune proie.
03.12 : Aucune proie.
04.12 : Aucune proie.
05.12 : Aucune proie.
06.12 : 1 proie.
07.12 : 2 proies.
08.12 : Aucune proie.
09.12 : 2 proies.
10.12 : Aucune proie.
11.12 : 1 proie.
12.12 : 1 proie.
13.12 : 2 proies.
14.12 : 1 proie.
15.12 : 2 proies.
16.12 : Aucune proie.
17.12 : 1 proie.
18.12 : 2 proies.
19.12 : 2 proies.
21.12 : 1 proie.
22.12 : 1 proie.
23.12 : Aucune proie.
24.12 : Aucune proie.
27.12 : 1 proie.
28.12 : 1 proie.
29.12 : Aucune proie.
30.12 : Aucune proie.

02.12

Nepheline ronronna contre son jumeau. Elle était pressée contre son flanc, allongée sur une discrète couche de neige. La poudreuse était tombée péniblement au cours de la nuit. La petite louve noire avait observé les flocons s'écrouler avec une certaine appréhension au début, ne sachant pas s'ils allaient la blesser ou non ; puis, au cours de la matinée, Nepheline s'était décidée à jouer dedans. Finalement épuisée, la voilà à se reposer doucement au milieu de la masse glacée, le pelage recouvert d'une fine pellicule blanche.

03.12

- Je n'ai pas envie de sortir, aujourd'hui. Il fait froid.

Nepheline lança un regard lourd de sens à Anna, sa tante. La grosse vache faisait sa toilette. La plus jeune ne comprenait pas bien l'intérêt de laver une fourrure aussi affreuse que la sienne ; Anna serait toujours moche, quoi qu'il arrive. La femelle n'accorda aucun regard à sa nièce. La bouche pincée en une moue agacée, Nepheline décida d'insister.

- Mais j'ai faim ! Il faudrait que quelqu'un chasse pour nous !

Anna ne cilla pas. Le sang de la petite louve noire bouillait dans ses veines. Elle se redressa d'un coup pour se planter devant la vieille peau, les yeux enragés.

- J'ai faim ! Dépêche-toi, grosse truie ! (Un sourire machiavélique passa furtivement sur ses lèvres.) Ou je le dirai à Mère. Tu seras punie. Encore.

Plus Nepheline y pensait, plus l'adolescente espérait que sa tante se rebelle. Elle avait hâte de voir Amanda rentrer, constater ses larmes de crocodile. Nul doute que le supplice de la jumelle aux poils clairs serait un délice pour elle.

04.12

Nepheline boudait. Elle trouvait l'hiver ennuyeux.

- Quand est-ce que c'est fini ?
- Pas avant des mois.
- Ce n'est pas à toi que je posais la question, mocheté. Ne me parle pas, tu es trop affreuse pour que je t'écoute.

Anna soupira. Les relations entre la nièce et sa tante n'arrêtaient pas de se dégrader. Pour cause, à mesure que Nepheline grandissait, son envie de tuer la louve grise prenait de l'ampleur. C'était difficile pour elle de se contrôler, spécialement quand l'aînée dormait.

05.12

Reviens là. Tu es à moi !

Les cris de Nepheline résonnaient dans la jungle. Elle haïssait que ses proies lui échappent ; or, son deuxième rat venait de se faire la malle sans hésiter. Elle gronda. Son frère restait calme à ses côtés. Comme pour se venger de ces échecs cuisants, l'adolescente arracha rageusement des morceaux d'écorce sur un arbre. Elle avait besoin de détruire des choses.

06.12

Après des jours de calme, sans aucune chasse réussie ni jeux vraiment intéressants, Nepheline se décida à chercher longuement une proie. Elle avait faim mais pas la patience d'attendre que leur mère — ou Anna — se décide à ramener quelque chose. Elle entraîna son jumeau dans une nouvelle aventure, le sommant d'utiliser ses pouvoirs sur un lièvre pour qu'elle commence à manger la créature vivante. Une fois sa bouche pleine de sang, Nepheline sembla heureuse et repue.

07.12

Nepheline bâilla. Ses babines étaient recouvertes de sang coagulé. Il avait coulé sur sa gorge, sur ses épaules, sur son visage. Il avait imbibé ses poils, y laissant son odeur douce-amère au point de filer la nausée. Mais Nepheline adorait ce sentiment de malaise. Ce parfum de fer était excitant, à ses yeux.

Pourtant, au bout d'une heure, son corps réclama à nouveau sa « dose » comme si le héron n'avait pas suffi à étancher sa soif. Elle appela son frère doucement, le supplia de faire quelque chose pour soulager ses tourments. Ils recommencèrent à chasser pour l'occasion, se repliant sur les petites grenouilles qui pullulaient dans les mares. Elle en avala une tout rond, sans même se donner la peine de l'achever avant.

08.12

Une goutte couleur rouille sombra sur les pierres de la caverne, rapidement succédée par une autre. Nepheline dévisageait Anna. Son épaule était marquée d'une morsure peu profonde. Elle poussa un pleur rageur en se jetant une nouvelle fois sur sa tante. Celle-ci l'avait provoquée, si bien que Nepheline avait voulu lui donner une leçon. Malheureusement, l'écart des forces était encore trop important. Anna parvenait à la foutre au tapis à chaque fois. Elle haïssait perdre. Elle se vengerait, pour sûr.

09.12

Nepheline poussa un rire guttural. Sous ses lèvres, les os craquaient. Elle les mâchait violemment alors que l'animal essayait de se débattre. Nargaroth empêchait leur proie de s'échapper. Il s'agissait d'un lièvre. Il avait eu le malheur de passer à proximité du repaire occupé par la famille ; si bien que les jumeaux l'avaient entendu. Le pauvre animal pleurait pendant que l'adolescente le dévorait. Elle ne prenait jamais les organes vitaux. Elle les laissait à son frère. Elle préférait manger ce qui ne causait généralement pas la mort — ou en tout cas provoquait une agonie suffisamment lente pour que Nepheline en profite un maximum.

Pas repue pour un sou, la petite retira son museau du lièvre. Elle était pleine de sang. Elle le lapa goulûment, puis céda la carcasse bruyante à son frère. Une fois celui-ci satisfait, ils abandonnèrent les organes « sales » sur la couche d'Anna pour la souiller avant de retourner à la chasse. Ne trouvant rien, Nepheline se vengea sur une grosse araignée.

10.12

La chasse de la veille ayant été bonne, Nepheline se ménagea ce jour-là. Elle laissa son frère nettoyer sa fourrure, puis se proposa pour faire de même avec lui. Ils demeurèrent très silencieux durant la journée, ne communiquant que par les regards. Ils ne jouèrent pas, ne mangèrent pas. Étrangement, Nepheline ne chercha même pas à provoquer sa tante. Non, la journée se passa simplement. Tranquillement.

11.12

Les jumeaux avaient bien profité de la veille pour se refaire une santé. Bourrée d'énergie — un peu trop, probablement —, Nepheline recommença à harceler la vieille peau. Elle murmura des mots sales à son oreille pendant qu'elle dormait, frustrée par son manque évident de réactions. Elle bouda, avant de se décider à entraîner Narghar pour une nouvelle aventure. Elle avait envie de faire du mal à quelqu'un.

Leur cible du jour était une souris. Le pauvre animal n'avait rien demandé à personne mais l'adolescente n'en avait que faire. Elle la dévora pendant que son jumeau retenait la proie grâce à son pouvoir.

12.12

Nepheline poussa — une fois encore — son jumeau à échapper aux « bons » soins de leur tante. Celle-ci se reposait, imperméable aux jeux dangereux des mômes. Ravie, la petite noire entraîna Narghar plus loin que jamais, laissant de côté leurs limites. Elle voulait voir les marécages. On lui avait murmuré à l'oreille que ce lieu-là était le plus dangereux que le monde connaisse. Anna avait été une source d'informations intéressantes, pour une fois.

Malheureusement, une fois sur place, les jumeaux n'eurent pas le droit au grand frisson. Seul un orvet asthénique. La femelle le chassa pour la forme mais ne sembla pas satisfaite pour un sou.

13.12

Nepheline n'avait jamais supporté les beaux animaux. Ils lui faisaient une concurrence déloyale, ce qui l'énervait prodigieusement. Elle voulait être la plus jolie, la plus désirée. Spécialement aux yeux de son frère. Pas question qu'il éprouve de l'attirance pour une autre femelle, ni pour un spécimen d'une autre espèce. Aussi quand, ce jour-là, la dame noire aperçut une créature à la fourrure sublime — dans des tons clairs —, elle se dépêcha dessus. Elle la blessa sévèrement, lui arracha les poils, la déforma. Elle devait disparaître. Son œuvre achevée, il ne restait plus rien à manger sur la petite hermine. Seulement du sang sur l'herbe, les feuilles, son pelage... Du sang partout. Des bouts de chair, aussi. Réduits à rien.

Mécontente, Nepheline emmena Nargaroth à la chasse pour se satisfaire. Elle avait faim. Une faim dévorante qui lui nouait le ventre. Elle chercha longuement ce qui était suffisamment imposant pour servir de repas ; après tout, l'animal devait survivre à leurs mauvais traitements. Jusqu'à la dernière seconde. Elle se concentra sur un canard auquel il manquait une patte. Bonne pioche !